du Michel Korinman

15 juillet 2023

    Abstract

Résumé de l’affaire Nahel Merzouk : la mort de l’adolescent franco-algéro-marocain de 17 ans est causée par le tir à bout portant d’un policier dénommé Florian M., le 27 juin 2023, lors d’un contrôle routier, à Nanterre, dans les Hauts-de-Seine (Île-de-France). Les deux policiers présents invoquent d’abord le refus d’obtempérer et la légitime défense pour justifier le tir, deux allégations reprises par les médias, mais contredites dans les heures qui suivent par la diffusion de deux vidéos et les témoignages des deux passagers1.

D’une part, le jeune homme qui conduisait sans permis une Mercedes immatriculée avec une plaque polonaise2 avait déjà fait selon des sources concordantes l’objet de douze interpellations3. De l’autre, l’ancien militaire affecté depuis septembre 2022 comme motard de la compagnie territoriale de la circulation et de la Sécurité routière des Hauts-de-Seine à la direction de l’ordre public et de la circulation a reçu huit lettres de félicitation une médaille de la sécurité intérieure ; un brigadier aguerri et décoré de deux médailles de bronze par le préfet de police pour actes de courage et de dévouement.

Interrogé par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN), les investigations devront déterminer si ce policier, âgé de 38 ans, était bien confronté à un refus d’obtempérer et peut arguer de la légitime défense alors que le parquet considère que les conditions d’usage légales de l’arme ne sont pas réunies4. La justice, évidemment devra passer. Mais tant la semaine d’émeutes que le vif débat qui ont suivi vont bien au-delà ; car ils illustrent en profondeur l’état de la France.

    I. FRANCE, L’HOMME MALADE DU CONTINENT, DU CONSEIL DE SÉCURITÉ, DU G7 ET DU G20

Selon Pierre Brochand, ex-directeur général de la DGSE (Direction générale de la sécurité extérieure) de 2002 à 2008, ancien ambassadeur (notamment en Hongrie et en Israël), dès lors qu’a été abandonnée l’assimilation (totem idéologique) et que Paris se refuse à la « voie polonaise » de l’interdiction5 « Le pronostic vital du pays est engagé »6 par l’immigration massive et incontrôlée d’une jeunesse d’origine extra-européenne dont une partie significative récuse l’État national français. Séparation de « diasporas », soit la constitution de noyaux durs, « véritables poches de tiers-monde où se développe une double dynamique de dissidence, sans corde de rappel : pression sociale en faveur de la culture du pays d’ « origine » ; auto-reproduction par accroissement naturel élevé (au moins 5 millions d’admissions supplémentaires depuis 2005, l’année de la première éruption en chaîne7. 100 000 à 200 000 (?) émeutiers. L’auteur qualifie plus précisément l’actuelle catastrophe de « soulèvement ou révolte contre l’État national français d’une partie significative de la jeunesse d’origine extra-europénne présente sur son territoire. Avec, pour enjeu principal, le monopole de la violence légitime sur ce même espace ». Il relève trois changements : le rôle majeur des réseaux sociaux8 ; la contagion des troubles aux très petites villes de province (soit une dissémination de l’immigration sur l’ensemble du territoire)9 ; les razzias dans les centres des métropoles y compris Paris jusqu’aux Champs-Elysées (notre zone verte). Brochand n’envisage pas une « guerre civile », car il n’y a pas en l’occurrence lutte armée et sanglante entre groupes organisés10, et puis les binationaux et ressortissants qui s’attaquent aux représentations de la France s’excluent (d’eux-mêmes) de la communauté nationale ». Qui plus est : l’ultragauche wokiste, toujours en embuscade, a beau attiser la poudrière et rêver d’une convergence des luttes fondée sur la thématique commune des violences policières ; les feux de poubelle et les slogans « Police assassin » à Rennes, Saint-Étienne ou Lille en marge des rassemblements de soutien aux Soulèvements de la terre (organisation récemment dissoute) ne sont pas au cœur du mouvement11. « Mesures essentielles : réduction à leur plus simple expression des flux d’accès au territoire et à la nationalité ; riposte à l’idéologie dominante qui légitime voire glorifie l’immigration de peuplement massif depuis un demi-siècle via le contournement statistique et le discours intimidant antiraciste (verrouillage des affects largement conditionné par le clientélisme et l’engloutissement de milliards dans une pseudo-politique de la ville). Avancées concrètes : refoulement du sentiment d’impunité en matière pénale ; port obligatoire de l’uniforme à l’école et réajustement des allocations familiales12. De toute façon la facture d’un milliard d’euros, soit beaucoup plus que celle des émeutes de 2005 et de la crise des « gilets jaunes », selon l’ex-président du Medef (syndicat patronal), devra être réglée, 77% des sondés réclamant des sanctions financières à l’encontre des parents de délinquants13.

Pierre Brochand est à cet égard rejoint par une écrasante majorité de Français puisqu’ils sont 84% à dénoncer les violences qui ont suivi la mort du jeune Nahel et 59% à attendre un durcissement du projet de loi sur l’immigration prévu à l’automne14.

Et par le tabloïd allemand Bild, le plus lu en Europe occidentale (1,1 million d’exemplaires) qui s’alarme des slogans Allahu akbar et des incidents antisémites signalés en marge des violences urbaines15.

    II. À BAS L’ÉTAT, LE CAPITAL ET LEURS SYMBOLES

Les Français sont respectivement 43% et 14% à ressentir confiance ou sympathie envers les forces de l’ordre, soit un total de 57% d’avis positifs ; la police inspirant inquiétude ou hostilité à seulement 32% d’entre eux (11 sans opinions)16. La droite dénonce la responsabilité du gouvernement et défend les agents de la force publique17. Et les chiffres sont éloquents, les syndicats Alliance et Unsa Police qui se considèrent eux comme « en guerre » (indignation de la gauche) ont appelé au combat contre les « nuisibles »18. Dernier bilan diffusé le vendredi 30 juin par le ministère de l’Intérieur sur les agents victimes de voyous sur le territoire français : 515 blessés les trois premiers soirs, dont 467 policiers, 31 gendarmes, 17 membres de la Sécurité civile et de la Gestion des crises. Au total 24 blessés la nuit du 27 au 28 juin, 174 la nuit suivante, 317 la nuit du 29 au 30 juin. Alors que durant les émeutes de 2005 le nombre de membres des forces de l’ordre blessés était de 224 au bout de trois semaines d’affrontement. Depuis le 27 juin ont été interpellées 1 113 personnes en trois jours. Évolution très nette : 31 arrestations (dont 7 en province) la nuit du 27 au 28 juin, 207 (120 en province) le soir suivant et 875 (467 en province) la nuit du 29 au 30 juin. Comparaison globale avec les émeutes de 2005 : 2 921 arrestations (pic à 395 la nuit du 7 novembre avec 1 408 véhicules incendiés et une propagation à 274 communes). À Meudon et à Villeneuve-la-Garenne (la veille) le siège de la police municipale a été ciblé ; à Mons-en-Barœul (Nord) une poste de sécurité – mais aussi une école – incendiés. Sans oublier les autobus volés et transformés en torches (plusieurs lignes de tramways en Île-de-France sont partiellement interrompues). La police est plus généralement et spécifiquement objet de haine19 : jets de projectiles et d’engins incendiaires, passages à tabac de deux policiers hors service et en civil à Marseille, attaque d’une voiture de patrouille à Strasbourg, pillage d’un poste de police à Reims. Dans ce cadre, les casseurs sont mieux organisés : ils ont tous constitué des stocks de cocktails Molotov pour mener une guérilla de forte intensité et omniprésente. Dans la cité phocéenne on évoque des actions coordonnées qui visent directement les policiers, détruisent le mobilier urbain et mettent le feu aux poubelles de façon à permettre aux groupes de pillards de s’attaquer à des magasins20. Dans pareille situation de « chaos », les unités de la police étaient débordées et la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) a été déployée dès le jeudi 29 au soir avec son camion blindé d’abord à Nanterre puis avec les tireurs d’élite du RAID (comme en 2007 à Villiers-le-Bel contre les casseurs qui ouvraient le feu sur les CRS). En même temps, le GIGN (Groupe d’intervention de la Gendarmerie nationale) a été dépêché à Évry, Savigny-le-Temple, Toulouse, Avignon, Nantes ou encore Reims. Dès la première nuit, 799 « moyens de défense » : grenades, balles en caoutchouc ont été utilisés partout en France. La police, considérée non plus en tant que garant de l’ordre républicain mais comme une bande rivale à abattre21, œuvre en permanence sur une « ligne de crête » puisqu’il lui faut à la fois riposter pour ramener le calme, mais sans prendre le risque de provoquer un drame (des émeutiers ayant en effet été filmés équipés de fusils à pompe et des armureries cambriolées)22. Fabien Vanhemelryck, secrétaire général du syndicat Alliance (majoritaire chez les gradés et les gardiens) dénonce logiquement un « mal français » : « dès que les troubles prennent de l’ampleur, on nous demande de nous faire discrets, de ne quasiment plus intervenir. Le gouvernement achète une pseudo-paix sociale en attendant que la situation se calme »23. Rien d’étonnant à la cascade de démissions ces dernières années selon la Cour des comptes : 10 840 départs en 2022 (soit +33% de plus en quatre ans) pour la police ; 15 078 (+25% sur la même période) dans la gendarmerie24.

PS André Goretti, président de la Fédération autonome des sapeurs-pompiers professionnels et des personnels administratifs et techniques des Sdis (FA/SPP-Pats), estime lui aussi que « La STRATÉGIE mise en place par les émeutiers est digne d’une organisation de guerre ». Régulièrement attaqués lors de leurs interventions dans les cités, les pompiers sont épaulés (sauf quand c’est impossible vu la multiplication des incendies) par les policiers. À Paris, comme lors des incendies de forêt, des équipes provenant de différents départements, prêtent main-forte ; et depuis 2020 les militaires ont créé à l’instar des brigades de répression de l’action violente motorisée (Brav-M) de la police des unités mobiles avec des motos d’intervention rapide (MIR)25.

Révélation en janvier 2022 : 1 186 élus ont été pris pour cibles durant les onze premiers mois de l’année précédente. De janvier à novembre, 162 parlementaires et 605 maires et adjoints avaient subi des agressions physiques ; soit une explosion de 47% des violences. « Symptôme d’une vraie crise démocratique », l’attaque à la voiture-bélier et aux tirs de mortier du pavillon du maire de l’Haÿ-les-Roses », Vincent Jeanbrun, dont la femme et les deux enfants étaient à l’intérieur. Les Français sont pour une écrasante majorité de 86% (un bond de 4% par rapport à janvier 2022) convaincus que « les acteurs de la vie politique sont plus menacés qu’auparavant » et 34% à estimer que la sécurité des élus locaux est correctement assurée, soit –9%, (au contraire de celle des ministres, députés et sénateurs.Ils sont à 80% favorables à un alignement des sanctions pour violences contre les élus sur celles touchant le personnel en uniforme et plaident pour le doublement des peines pouvant aller jusqu’à sept ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amendes ; 78% préconisent des peines plus élevées pour les plateformes et les auteurs d’appels à la haine sur les réseaux sociaux ; 59% préconisent d’« éloigner de la commune les personnes condamnées pour violence contre une élu » et 58% « de mettre en place une protection rapprochée ». Lors des dernières élections municipales de 2020, 106 communes n’avaient pas ouvert de bureau de vote faute de candidat26.

Faut-il dans pareil contexte recourir (en Conseil des ministres) comme l’envisagent nombre d’élus à droite avec à leur tête Éric Ciotti, député des Alpes-Maritimes et patron du parti Les Républicains, à l’état d’urgence déclenché seulement six fois depuis 1955 dont trois fois pendant la guerre d’Algérie et en 1984 lors de la révolte des Kanaks en Nouvelle-Calédonie ? Les préfets seraient alors en mesure d’instaurer un couvre-feu ou bien de fermer les lieux publics. Même si la quatrième journée de heurts s’est soldée par un premier mort (balle perdue tirée par un émeutier en Guyane), « le gouvernement s’en tient à une riposte graduée ».

    III. DÉGRADATION DE L’IMAGE DE LA FRANCE À L’ÉTRANGER

« Consternés, les Européens regardent notre pays qu’ils qualifiaient jadis de “belle France”. Voici un État qui a les impôts les plus élevés du continent, mais qui n’arrive plus à assurer à ses citoyens le minimum qu’on attend d’un État, à savoir la sécurité dans les rues. Voici un État où on brûle impunément des écoles et où on attaque le domicile d’un maire à la voiture-bélier. Voici un État qui a accumulé 3 000 milliards d’euros de dette en quarante ans, alors qu’il n’a subi ni guerre, ni tsunami géant, ni Allemagne de l’Est à absorber. Voici un État où le service de la dette est devenu supérieur à ses dépenses militaires. Voici un État qui tremble tous les jours de peur face aux dealers de drogue, comme face aux agences de notation américaines. Le fondateur de la Ve République doit se retourner dans sa tombe »27. Or cette même France, celle de Charles de Gaulle, de Georges Pompidou, de Raymond Barre, des années 1960-1970 faisait l’admiration de ses partenaires pour l’efficacité de son unité nationale (alternance de gauche sans heurts en 1981), la solidité de son administration publique et ses grands projets industriels : nucléaire, TGV ou minitel. Surtout : « Notre pays était le seul de l’Europe à maîtriser sa propre dissuasion nucléaire et à déployer une politique étrangère indépendante. Nous étions les alliés des Américains, mais nous ne leur étions pas soumis »28.

Aujourd’hui, le chef de l’État français qui avait déjà dû demander fin mars au roi d’Angleterre, Charles III, de renoncer à une visite d’État dans un pays qui s’embrasait sur la réforme des retraites, a annoncé le 1er juillet qu’il reportait un voyage destiné à sceller l’amitié franco-allemande29.

Pire la même France, souvent arrogante, fait l’objet d’une rare et croquignolesque malveillance de la part d’institutions internationales et de pays étrangers parfois inattendus dans le contexte30. Pour la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH), Ravina Shamdasani, « c’est le moment pour le pays de s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination parmi les forces de l’ordre ». Selon le New York Times les banlieues françaises, en proie à un sentiment d’abandon, éprouvent un « profond ressentiment » envers la police31. Deux types de réaction en Allemagne : il y a d’une part ceux qui, tout en évacuant la comparaison entre les bagarres de mafias criminelles et l’incendie d’une capitale – Duisburg-Marxloh n’est pas Paris –, attribuent les débordements « français » à une « robustesse » de la police française et surtout à l’absence en France d’un véritable double parcours éducatif – circuit général et apprentissage combiné avec l’industrie – : chômage des jeunes à hauteur de 16,9% contre 6,1% ; en revanche l’extrême droite d’Alternative für Deutschland (sondages nationaux à 20/21% début juillet 202332) estime que le voisin français a seulement pris quelques années d’avance sur l’Allemagne33. L’Algérie (rente mémorielle !) invite la terre d’accueil à protéger ses ressortissants (?). L’Iran (!!!) exige de la retenue dans le traitement violent de sa population. Sans compter les réalités : le consulat de Chine à Marseille proteste contre l’attaque d’un autobus transportant des touristes chinois ; les États-Unis et la Grande-Bretagne appellent leurs compatriotes à éviter les zones de rassemblement. Qu’en sera-t-il de la Coupe du monde de rugby en septembre et des Jeux Olympiques en 2024 ?

PS Est-ce la force de frappe des 45 000 forces de l’ordre mobilisées les 30 juin, 1er et 2 juillet qui a relativement calmé les émeutiers des violences urbaines en France ? Certains analystes risquent une hypothèse tout à fait différente : l’« apaisement » dans les « quartiers populaires » serait dû à une intervention des trafiquants de drogue que gêne « professionnellement » une trop grande présence mobile des forces de l’ordre34.

Bibliographie

Bourguignon François, La Mondialisation de l’inégalité, Paris, Seuil, 2012.

Collier Paul, Exodus : How Migration is Changing Our World, Oxford University Press, 2013.

Michailof Serge, L’Africanistan. L’Afrique en crise va-t-elle se retrouver dans nos banlieues ?, Paris, Fayard, 2015.

Robin Alexander, Die Getriebenen, Merkel und die Flüchtlingsppolitik Report aus dem Innern der Macht, Siedler, 2017.

Smith Stephen, La ruée vers l’Europe La jeune Afrique en route pour le Vieux Continent, Paris, Grasset, 2018.

1Cf. Stefano Montefiori, « L’ultimo viaggio di Nahel Il servizio d’ordine degli amici “Fratello, qui niente foto” », Corriere della Sera, 2 juillet 2023.

2 Pour la sous-location délictueuse des berlines immatriculées en Pologne, Ambre Lepoivre, Adam Hsakou, « Derrière la Mercedes conduite par Nahel, un trafic bien rodé », Le Figaro, 12 juillet 2023.

3 Cf. Ambre Lepoivre, « Nahel, “un jeune sans histoires” dans son quartier, mais interpellé à douze reprises », Le Figaro, 30 juin 2023.

4 Cf. Ambre Lepoivre, « Un policier “très professionnel” qui avait des “valeurs” et “toujours respecté les règles” », Le Figaro, 30 juin 2023.

5 Cf. Elisabeth Pierson, «  Vu de l’étranger, un président “submergé” », Le Figaro, 3 juillet 2023 pour la critique incisive du premier ministre Mateusz Morawiecki à travers un montage vidéo sur son compte Twitter ; une France « ruinée » par les immigrés selon le média en ligne d’économie wGospodarce : les Polonais ne veulent pas de pareilles scènes dans les rues de leurs villes.

6 Propos recueillis par Eugénie Bastié, Le Figaro Magazine, 7 juillet 2023.

7 Cf. Dinah Cohen, Célestine Gentilhomme, « Le spectre des émeutes de 2005 ressurgit et fait craindre un embrasement », Le Figaro, 30 juin 2023 ; François-Xavier Bourmaud, « Macron tente de reprendre le fil d’un récit qui lui échappe », Le Figaro, 5 juillet 2023 : le président de la République note lui-même que l’âge des émeutiers interpellés correspond plus ou moins à la génération née après 2005 : la France paie aujourd’hui le bilan de son absence d’action, en particulier à l’école, face à un phénomène qu’il a qualifié de « décivilisation ».

8 Cf. Aude Bariéty, « Prisés des jeunes émeutiers, les réseaux sociaux dans le viseur de l’exécutif », Le Figaro, 3 juillet 2023 : simple localisation des zones d’émeutes sur la SnapMap interactive – halos de couleurs plus ou moins intenses – de Snapchat ; de même sur TikTok avec des mots-clés sans équivoque comme « émeutes france », « un policier s’effondre » ou « video nahel avant le drame ». Partout, de Twitter à Instagram en passant par les boucles Telegram, sous les hashtags #emeutes, #GuerreCivile, #Nanterre, « La diffusion d’images tourne parfois à la concurrence entre différentes villes, cités ou bandes, qui affichent fièrement leur appartenance territoriale sur leurs contenus ».

9 Même préoccupation au gouvernement, cf. Tristan Quinault-Maupoil, « À Marseille, l’exécutif joue l’apaisement pour éviter l’embrasement », Le Figaro, 29 juin 2023.

10 Ibid. Sans gommer toutefois les déviations et les signaux précurseurs, cf. Amaury Coutansais-Pervinquière, « Émeutes : une enquête lancée après la participation supposée de militaires au maintien de l’ordre », Le Figaro, 6 juillet 2023 : il se serait agi d’une dizaine de fusiliers marins ou de commandos marine à Lorient ; ceci alors que 70% des Français plébiscitent le recours à l’armée dans un sondage CSA pour CNews du 30 juin.

11 Cf. Loris Boichot, « Valls : “Les gauches irréconciliables sont désormais séparées par des abîmes” », Le Figaro, 29 juin 2023 : Sophie de Ravinel, « À gauche, Jean-Luc Mélenchon s’isole en relativisant les émeutes », Le Figaro, 1er juillet 2023 ; Pierre Lepelletier, « La gauche se divise sur les réactions aux émeutes », Le Figaro, 3 juillet 2023 car les amis de Jean-Luc Mélenchon comme ceux de Sandrine Rousseau et de Marine Tondelier (secrétaire nationale d’Europe Écologie Les Verts) craignent qu’une condamnation trop articulée des violences finisse par leur être reprochée au sein de leur clientèle ; Olivier Faure, premier secrétaire du PS estimant cependant qu’il ne faut « pas donner l’impression d’encourager et d’accepter la violence » et le communiste Fabien Roussel allant jusqu’à proposer de couper les réseaux sociaux « quand c’est chaud dans le pays ». Et Dinah Cohen, « Après l’émoi, nouvelle bataille politique autour de la police », Le Figaro, 29 juin 2023 ; Ambre Lepoivre, Sophie de Ravinel, « À Nanterre, heurts et colère lors de la marche blanche », Le Figaro, 30 juin 2023.

12 Cf. Paule Gonzalès, « Éric Dupond-Moretti donne un tour de vis à la justice pénale des mineurs », Le Figaro, 6 juillet 2023 : alors que 30% des émeutiers ont moins de 18 ans le ministre de la Justice rappelle des dispositions du code de la justice pénale des mineurs tombées en désuétude : défèrement pour les atteintes aux personnes, placement sous contrôle judiciaire pour éviter la réitération des faits, responsabilité des moins de 13 ans (inversion de la présomption de non-discernement) ; il rappelle dans un « flyer » aux parents les lourdes responsabilités civile et pénale vis-à-vis de la délinquance de leurs enfants. Incarcération pour les individus âgés de 16 à 18 ans pour une durée ne pouvant excéder un mois dans des quartiers réservés aux mineurs ; quant aux moins de 16 ans, mesure éducative judiciaire provisoire et/ou contrôle judiciaire dans des conditions très restrictives, cf. Stéphane Durand-Souffland, « La justice cherche la parade face aux très jeunes émeutiers », Le Figaro, 3 juillet 2023.

13 Cf. Keren Lentschner, Danièle Guinot, Olivia Détroyat, Jean-Yves Guérin, « La France panse ses plaies et fait ses comptes », Le Figaro, 5 juillet 2023 ; Charles Plantade, « L’épineux problème financier des dégradations et des pillages », Le Figaro, 3 juillet 2023.

14 Cf. Célestine Gentilhomme, « Les Français attribuent les violences à l’immigration », Le Figaro, 7 juillet 2023. Dans le même sens cf. Loris Boichot, Claire Conruyt, « Immigration : l’exécutif sous pression de la droite », Le Figaro, 6 juillet 2023 alors que le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, avance que « Moins de 10% des 4 000 interpellés étaient étrangers » et « 90% français ». 

15 Cf. Elisabeth Pierson, « Vu de l’étranger, un président “submergé”, op. cit.

16 Cf. Dina Cohen, « La confiance dans la police reste bonne », Le Figaro, 1er juillet 2023.

17 Cf. Marylou Magal, « Nanterre : la droite, Reconquête ! et le RN montent au créneau », Le Figaro, 30 juin 2023.

18 Cf. Tristan Quinault-Maupoil, « Émeutes : l’exécutif sous pression maximale », Le Figaro, 1er juillet 2023.

19 Cf. Christophe Cornevin, Angélique Négroni, « Des cibles, jusque dans leur vie personnelle », Le Figaro, 6 juillet 2023 : plusieurs policiers hors service sur 647 blessés depuis le début des émeutes ; d’où une volonté d’anonymisation de ces fonctionnaires.

20 Cf. Olivier Martocq, « À Marseille, la guérilla urbaine fait le jeu des voleurs », Le Figaro, 3 juillet 2023 ; Stéphane Kovacs, Sandy Plas, Raphaël Lardeur, Philippe Bohlinger, Thibault Dumas, Emmanuel Magdelaine, « Devant leurs quartiers dévastés, les Français en colère », Le Figaro, 1er juillet 2023 : pharmacies, mairies, bus, centre commerciaux…Face aux nombreuses destructions, le sentiment d’injustice domine.

21 Cf. Christophe Cornevin, « Face à un tsunami de violences, les forces de l’ordre serrent les rangs », Le Figaro, 3 juillet 2023 : près de 700 blessés au cinquième jour des émeutes chez les policiers et les gendarmes.

22 Cf. Christophe Cornevin, Jean-Marc Leclerc, « Face à l’ultra violence, la police peine à encaisser le choc », Le Figaro, 1er juillet 2023.

23 Cf. Christophe Cornevin, Jean-Marc Leclerc, « Entre chaos et haine, la police tente de reprendre le contrôle », Le Figaro, 30 juin 2023.

24 Cf. Christophe Cornevin, Jean-Marc Leclerc, « Émeutes dans les cités : la police au défi de la contagion », Le Figaro, 29 juin 2023.

25 Cf. Angélique Négroni, « Plus mobiles, mieux équipés…les pompiers adaptent leur action aux émeutes », Le Figaro, 4 juillet 2023.

26 Cf. Christophe Cornevin, « Les agressions d’élus découragent les Français de se présenter à une élection », Le Figaro, 4 juillet 2023 ; Dinah Cohen, « Sur le terrain, les édiles à nouveau en première ligne », Le Figaro, 3 juillet 2023 ; Emmanuel Galiero, « L’Haÿ-les-Roses : le maire LR et sa famille sous le choc d’une nuit d’horreur », Le Figaro, 3 juillet 2023.

27 Cf. Renaud Girard, « La France n’est plus un exemple en Europe », Le Figaro, 4 juillet 2023.

28 Ibid.

29 Cf. François-Xavier Bourmaud, « Macron confronté à la dégradation de l’image de la France », Le Figaro, 3 juillet 2023.

30 On note qui plus est l’émergence d’affrontements en zone francophone à Lausanne et à Bruxelles, cf. Elisabetta Rosaspina, « Macron, vertice d’emergenza La nonna di Nahel : “Fermatevi”, Corriere della Sera, 3 juillet 2023.

31 Cf. Emma Bubola, Aurelien Breeden, « What’s behind the unrest in France », The New York Times, https://www.nytimes.com/2023/6/29/world/europe/france– riots-nahel-shooting.html, 29 juin 2023/3 juillet 2023.

32 Cf. Paolo Valentino, « Xenofobi, antisemiti e vincenti Il boom dell’AfD spaventa la Germania », Corriere della Sera, 7 juillet 2023.

33 Cf. Andreas Nefzger, « Aus den Krawallen der anderen lernen », Frankfurter Allgemeine Zeitung, 7 juillet 2023 qui insiste malicieusement sur l’orgueil français d’une tradition révolutionnaire.

34 Cf. Tom Kerkour, « La fin des émeutes liée aux trafiquants de drogue ? Christophe Béchu a d’autres explications », yahoo/actualités, 5 juillet 2023 : tel est au moins l’avis de Rudy Manna ,porte-parole du syndicat Alliance Sud ; le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires ne peut évidemment pas le partager.