du Eric Bertrand Lekini, Chargé de cours à l’Université de Dschang, Camerun
Résumé
Au fil de l’accroissement du processus de régionalisation en Afrique, les aspects significatifs
de l’implication des Etats de l’océan indien sont devenus plus nombreux et plus complexes.
La géopolitisation est la contribution théorique mobilisée pour étudier la montée en puissance
de ces acteurs à l’analyse de la régionalisation de la façade africaine de l’océan indien.
L’objectif de cet article est de proposer une synthèse de l’impact de la géopolitique des pays
insulaires sur le processus de régionalisation des Etats africains. Grâce à une approche
géopolitique, il met à jour deux aspects : il fait le point des ressorts de l’intégration des pays
insulaires dans le processus de régionalisation des Etats africains ; ensuite il fournit les clés
pour comprendre les enjeux de l’implication des pays africains dans le régionalisme de
l’océan indien.
Mots clés : géopolitisation, océan Indien, façade africaine, pays insulaires, régionalisme,
puissance
The geopoliticization of the African islands of the Indian Ocean: between inventive
regional balance and strategic repositioning of States in the Afro-ocean space
Abstract
As the process of regional integration in Africa is on growing, significant aspects of the
involvement of states in the Indian Ocean have become more numerous and complex.
Geopoliticization is the theoretical approach used to study the rise of these actors in the
analysis of regionalism on the African coast of the Indian Ocean. The objective of this article
is to provide a sum up of the impact of the geopolitics of island countries on African regional
integration. Through geopolitic approach, it updates two aspects: it takes stock of the springs
of the regional integration of the island countries by the African States; then it provides the
keys to understand the challenges of the involvement of African countries in Indian Ocean
regionalism.
Keywords: geopoliticization, Indian Ocean, African coast, island countries, regionalism, power
L’un des défis majeurs auquel l’océan Indien fait face est celui de sa configuration
géopolitique et de son dimensionnement géographique qui est de l’ordre de 6 855 6000km.
Troisième océan de la scène internationale, il est limité au Nord par l’Inde, le Pakistan et
l’Iran ; à l’Ouest par l’Afrique et la péninsule arabique ; à l’Est par la Birmanie, la Thaïlande,
la Malaisie, L’Indonésie et l’Australie ; et au Sud par les 60 degrés de latitude Sud qui
constitue sa limite. Il n’est nul besoin de souligner que depuis 1945, les îles africaines de
l’océan Indien constituent un aspect significatif des relations internationales africaines
(Petiteville 1997 : 511-533). Leur intérêt croissant résulte de ce qu’Isabelle Saint-Mézard
appelle le « processus de décloisonnement des catégories régionales » (Saint-Mézard 2022 :
285-299). Ces îles ont été parties prenantes de la construction de l’imaginaire géopolitique des
Etats africains. Géopolitiquement, l’océan Indien a longtemps été un espace stratégique ou
« océan négligé » (Grare 2012), par les Etats africains comparativement aux autres océans
Atlantique et Pacifique et « aux grands centres de pouvoir et de conflit » (Grare 2012) du
continent. Mais depuis quelques années en raison de l’intensité des interactions entre les Etats
et des nouvelles interdépendances insécuritaires à l’instar de la piraterie, le terrorisme, la
criminalité et les rivalités interétatiques, océan Indien est devenu un espace de très grande
importance géopolitique, géostratégique et géoéconomique (Balzacq 2018 : 7-24). Selon les
analyses les plus courantes de la mondialisation, la montée en puissance de ces
interdépendances a accru la géopolitisation des îles de l’océan Indien à l’œuvre dans le
processus d’intégration régionale (Orain 2017 : 7-8). Sur fond de cet intérêt, qu’est-ce qu’une
intégration des îles africaines de l’océan Indien ? Comment se manifeste-t-elle ?
Spécifiquement, ce processus d’intégration est le régionalisme par la volonté politique et au
travers duquel « s’accroissent la régularité et l’intensité des interactions entre les Etats »
(Defay 2012 : 79-96). Par ce biais, il permet la constitution d’une communauté de sécurité qui
est le résultat de la singularité géographique particulière des îles de l’océan Indien et qui va
les pousser à déplacer et à connecter leurs efforts de sécurité vers ceux du continent africain
(Defay 2012 : 79-96). En raison du flou ambiant de sa conceptualisation et de son instabilité
théorique, l’autre nom de l’intégration régionale est celui de la régionalisation, qui « ne
désigne pas un découpage a priori, éventuellement de nature institutionnelle, du territoire des
États ou même de l’espace mondial. Dans un sens anglo-saxon, il désigne plutôt une
augmentation des relations et des interactions entre des pays qui se trouvent dans la même
partie du monde (Baldwin, 1997 ; Siroën, 2000). La régionalisation procède plus par
regroupement ou par une agrégation d’entités géographiques que par découpage. Cela
aboutit à former non pas des régions, mais des macro-régions » (Alian et Yann 2014 : 1-3).
Par régionalisme, nous entendons donc une forme d’intégration régionale spontanée liée à
l’intensification des échanges et d’autre part, une régionalisation résultant de la volonté
politique traduite par les relations internationales et le multilatéralisme en particulier. Les
indices de cet agrégat géographique auront pour effet de pousser à la réflexion sur
l’intégration des îles les plus proches dans les espaces de coopérations régionales du continent
africain. Si la géographie et les enjeux de puissance sont le point de départ de cette dynamique
d’intégration régionale, on peut légitimement penser qu’elle produit des effets qui façonnent
les représentations d’une géopolitisation des îles africaines de l’océan Indien (Balzacq 2013).
La géopolitisation peut être définie comme l’ensemble des interactions entre Etats, groupes
d’Etats ou organisations qui visent à transformer un territoire en enjeu de puissance ou de
rivalités politiques (Levy 2022 : 47-49). Rapportée aux îles africaines de l’océan Indien, la
géopolitisation est le changement qualitatif de la régionalisation des îles africaines de l’océan
Indien en enjeu géopolitique. À partir de cette définition, nous pouvons également la
considérer comme le processus d’autorégulation de l’océan Indien en fondement d’action de
la puissance (Buzan 2007). Dans ce cas, parler de régionalisation revient à mettre l’accent sur
les marqueurs de changement qualitatif qui influencent la manière de se représenter l’océan
Indien comme un espace géopolitique. Le croisement géopolitisation et régionalisation a sa
logique : la géopolitique impulse la régionalisation et elle est à l’œuvre dans la redéfinition
des rapports de puissance entre les îles africaines de l’océan Indien et les Etats africains. Les
deux concepts se renforcent mutuellement et ont le mérite d’alimenter le débat autour de
l’intégration régionale (Lebaron 2015).
Les recherches réalisées depuis 20 ans sur « le grand puzzle » (Combeau 2019 : 3-10) que
constitue l’océan Indien dressent une complémentarité autour de trois tendances assez proches
et nées de l’étude des relations internationales africaines. Reflétant à la fois les oppositions
disciplinaires entre historiens, sociologues, anthropologues, et internationalistes, mais aussi
les débats épistémologiques entre culturalistes et intégrationnistes, les études sur les îles de
l’océan Indien souffrent encore d’un accès restreint à certaines problématiques et pourtant
elles sont loin d’avoir livré toutes leurs connaissances en matière de régionalisation (Bach
2009). La thèse d’inspiration culturaliste est souvent privilégiée par ceux qui mettent en avant
le rôle du poids des imaginaires identitaires dans la construction des convergences entre
l’Afrique et les Etats insulaires de l’océan Indien. Les appellations comme celle d’« océan
indien occidental » cher à Huguette Ly Tio Fane-Pineo et Laude Allibert, dans leurs livres
respectifs Chinese dans son livre Diaspora in Western Indian Ocean et Mayotte, plaque
tournante et microcosme de l’océan Indien occidental : son histoire avant 1841 mettent en
relief le rôle du facteur culturel (Combeau 2019 : 3-10). Marc Michel et Yvan G. Paillard
(Combeau 2019 : 3-10) tout comme l’influence déterminante de la pensée de Faranirina
Rajaonah (Sedet 2011) seraient à l’origine de cette thèse. On retrouve ce discours dans le
corpus scientifique d’Alain Gili avec lequel la thèse culturaliste connait une renaissance (Gili
2015). On parlera d’une causalité de la régionalisation au moyen d’une géopolitisation
(Lebaron 2015) des îles de l’océan Indien.
En contrepoint, après un solennel dépôt de bilan, la thèse intégrationniste offre une grande
place à l’impact de la régionalisation sur la circulation et les contextes socio-politiques des
Etats insulaires de l’océan Indien. On retrouve cette exigence théorique dans les travaux de
Serge Bouchet (Bouchet 2019 : 11-40) et de Michel Mollat (Mollat 1993 : 24-58), mais aussi
dans les analyses d’Emmanuelle Vagnon et Éric Vallet qui insistent sur les processus
d’apprentissage de la régionalisation, pour ne pas dire l’« augmentation des échanges entre
des unités territoriales situées dans la même partie du monde » (Yann 2014 : 21-43) à l’instar
des Etats insulaires africains de l’océan Indien. Les pareilles préoccupations apparaissent dans
les analyses d’Yvan Combeau (Combeau 2009 : 145-159) et de Gilles Gauvin (Gilles 2019 :
87-106) sur les études relatives à la politique étrangère des Etats de l’océan Indien. Ils
expliquent l’intégration des îles africaines de l’océan Indien par les enjeux politiques (échec
des intégrations dans d’autres sous-régions, héritage colonial), économiques (frustrations
sociales, modernité déstabilisatrice d’une partie de la jeunesse), sécuritaires (flux des menaces
sécuritaires et du terrorisme) et culturels qui vont conduire les Etat insulaires à s’investir dans
le champ de la régionalisation africaine. Ils sont rejoints par Pierre Eric Fageol qui insiste sur
la dimension instrumentale de la régionalisation des pays africains de l’océan Indien (Fageol
219 : 61-86). Cette tendance met également en avant, l’importance d’un phénomène, celui de
la socialisation à la régionalisation des Etats africains qui passe par l’influence de certains
acteurs.
Enfin une ultime thèse valide l’importance de la construction du processus de régionalisation
des Etats africains de l’océan Indien à partir de l’impact des niveaux de développement des
îles. Les études de Bénoit J (Benoist 1986 : 37-43) jusqu’à celles d’Alexandre Magnan
(Magnan 2009 : 529-548) sur la soutenabilité du développement des îles mettent l’accent sur
la nécessaire maîtrise du processus de développement et du régionalisme des Etats de l’océan
Indien. On retrouve l’influence de cette thèse dans les travaux de Cazes-Duvat V (Cazes-
Duvat 2001 : 3-26) et de Magnan (Cazes-Duvat et Magnan 2004 : 75-100). Ces derniers
donnent deux lignes explicatives à cette thèse. La première lie l’intégration des pays africains
de l’océan Indien aux enjeux de développement et aux fragilités sociopolitiques perceptibles à
travers le marasme économique, le sous-emploi, la pauvreté et bien d’autres. La seconde
insiste sur l’introduction de la variable de la puissance dans les réflexions sur l’intégration des
Etats de l’océan Indien dans les processus d’intégration africains (Magnan 2009).
L’intégration par ce régionalisme acquiert ainsi un statut de nécessité et de valorisation de
l’affirmation des Etats africains. Ces différentes tendances obtenues des différentes
contributions des chercheurs nous offrent la possibilité d’étudier les processus de
géopolitisation (Perret et Burgess 2022 : 117-131) en cours de la régionalisation, des îles de
l’océan Indien en Afrique. C’est ce leitmotiv qui va animer l’objectif de ce travail de
recherche qui s’inscrit à contre-courant des autres tendances qui essaient d’éclairer sur les
dynamiques des relations internationales africaines à l’échelle de l’océan Indien.
Même si le processus de régionalisation a connu des transformations depuis 1950, son regain
d’intérêt nous permettra de réaliser que les Etats de l’océan Indien préfigurés dans la mise en
place de la Zone de libre-échange continentale (ZLEC) apparaissent d’emblée comme ceux
qui enregistrent un grand déficit d’intégration (Berger et Blanchy 2014). Il faut dire qu’à
l’échelle de l’Afrique, les effets paradoxaux des échecs de la régionalisation ont fortement
contribué à la sous-estimation des îles africaines de l’océan Indien. C’est cette sous-estimation
qui va pousser les Etats africains insulaires de l’océan Indien, portés par les idéaux de réforme
des bases régionales de l’Union Africaine à vouloir construire, des formes plus efficaces de
régionalisation par le régionalisme. La géographie restée longtemps discrète dans l’analyse du
processus de régionalisation, pourrait également contribuer à enrichir utilement cette
problématique. Les îles africaines de l’océan Indien intéressent que ce soit « comme maillon
faible de l’intégration en Afrique » (Ropivia, 2020 : 130-145), mais aussi en raison de leurs
situations géographiques. Les 07 Etats insulaires de la façade africaine sont des membres de
l’Union Africaine (UA) et des voix diplomatiques non négligeables sur la continentale. Ce qui
les impose de manière inévitable comme des acteurs indispensables de la régionalisation et
comme des variables de la géopolitisation des îles de l’océan Indien dans les processus
régionaux africains (Balzacq 2011). Cette attention géographique nouvelle des Etats insulaires
démontre que la régionalisation est le fait des Etats aux situations géographiques multiples, ce
qui complexifie davantage l’approche classique des échelles de l’intégration régionale (Royer,
2012). Autrement dit, les Etats insulaires représentent une alternative réaliste de bascule dans
les dynamiques de coopération des Etats africains (Tellenne 2019).
Le contexte géopolitique africain est marqué par une régionalisation complexe et parfois
tumultueuse. Avec le recul, c’est l’insatisfaction de la régionalisation qui pousse certains Etats
de l’océan Indien comme Maurice qualifié de « tigre de l’océan Indien » (Grégoire 2005 :
529-543), Madagascar et bien d’autres à participer aux processus régionaux en Afrique, mais
aussi dans d’autres continents. Dans tous ces ensembles régionaux, les Etats insulaires
africains sont confrontés à des rivalités de leadership (Redon 2019). Cette posture
géopolitique de bascule ou de quête de l’équilibre est aujourd’hui une préoccupation majeure
surtout pour l’Union Africaine dont l’objectif est de renforcer l’intégration régionale dans
l’océan Indien (Charles-Philippe 1997 : 227-254). La régionalisation des îles africaines de
l’océan indien souffre donc de deux problèmes : l’incapacité des Etats insulaires à jouer un
rôle géopolitique majeur de pôle intégrateur régional (en raison de leurs marasmes
économiques, leurs enclavements insulaires, leurs extraversions politique et économique) et
les forces centrifuges qui travaillent à utiliser les pays de l’océan Indien comme contrepoids à
la régionalisation (Battistella 2015). Ainsi donc, la régionalisation et le régionalisme sont les
prismes pertinents pour saisir les concurrences de leadership, mais aussi les rapports de
puissance à l’œuvre entre les Etats africains de la Façade continentale et les Etats de l’océan
Indien (Pastoureau 1990). Elle suggère que l’océan Indien est le laboratoire d’un processus de
géopolitisation (Papon 1996).
Cet essai se propose donc de répondre à la question de savoir comment la régionalisation des
îles africaines de l’océan Indien, contribue à la géoplitisation de l’océan Indien? En examinant
les conditions de succès de la géopolitisation des îles africaines de l’océan Indien sur fond de
régionalisation à partir d’une approche géopolitique, l’article examine le processus qui a
abouti à la transformation de l’intégration régionale des Etats africains insulaires en enjeu
géopolitique (Grare 2012 : 6-20). L’approche géopolitique nous permet de partir des variables
de la régionalisation, de la puissance et de la géographie pour comprendre les raisons
stratégiques profondes qui aboutissent à la géopolitisation des îles africaines de l’océan Indien
(Gauchon et Huissoud 2010 :7-28). Notre contribution à l’étude de la géopolitisation a deux
ambitions : l’une empirique et l’autre théorique. D’une part, nous mettrons en évidence
l’existence d’un double processus de géopolitisation : à travers la centralité régionale
introuvable des Etats insulaires et leurs représentations afro-océaniques. Nous analyserons
ensuite l’aboutissement de ce processus de géopolitisation dans l’intention de montrer comment se forme et se cristallise la redistribution de la puissance à l’issue de la
régionalisation des îles africaines insulaires.
I-La géopolitisation des îles africaines de l’océan Indien
La Centralité régionale introuvable des Etats africains insulaires (A) et leurs perceptions afro-
océaniques (B) sont les grammaires du processus de géopolitisation des îles insulaires. Ces
grammaires servent de cadres d’analyses de la complexité des relations entre les Etats
insulaires et les pays littoraux. Elles permettent de porter l’attention sur des réalités régionales
jusqu’alors sous-estimées : la contribution des Etats littoraux au processus de régionalisation
des pays insulaires et la traduction des représentations géopolitiques sur les terrains de la
régionalisation.
A-La centralité régionale introuvable des Etats africains insulaires de l’océan Indien
La façade africaine de l’océan Indien réunit dans son espace géopolitique en construction près
de 18 Etats dont 07 pays insulaires, c’est-à-dire des pays dont les territoires sont constitués en
îles (Comores, Madagascar, Maurice, Mayotte, contestés par les Comores et Réunion,
territoires ultramarins français ; Seychelles ; et l’archipel des Chagos, territoire ultramarin
britannique de l’océan Indien contesté par Maurice) qui ont pour vocation de réunir deux
sous-ensembles géographiquement indépendants dans un ensemble cohérent qui est l’Union
Africaine (Ropivia 2020). L’un des atouts de cette partie du continent africain, c’est sa
population estimée à près de 15% de la population du continent et qui a su réaliser la
croissance d’échanges intra-africaine la plus dynamique, de 9% en 2010-2019 à 11,3% en
2019-2021 (Afrique de l’Est et océan Indien (AEOI 2021 : 1-40) et qui fait de l’océan Indien
un pôle d’impulsion de la régionalisation et du régionalisme. Manifestement, si la conjugaison
de ces données donne les premières composantes d’une identité géopolitique afro-océanique
en construction (Le Gouriellec 2018), elle permet également aux Etats insulaires de
revendiquer un rôle d’Etat pivot qui n’est pas encore pleinement exercé par un pays. L’une
des conséquences les plus immédiates est celle de la géopolitisation de l’océan Indien ou la
transformation de l’océan en fondement d’action et de la puissance. Au XX ème siècle, le
procédé inventé après la colonisation, pour fédérer ces revendications, sera celui du
régionalisme, voire de l’intégration régionale. Selon Mamoudou Gazibo, les premiers débats
sur le rôle des pays insulaires dans la régionalisation en Afrique « remontent en effet à la fin
du XIX e et au début du XX e siècle à l’initiative des élites de la diaspora noire des Antilles et
des États-Unis qui militaient alors pour l’indépendance des pays africains, l’adoption de
politiques panafricanistes et, dans certains cas, pour le retour des Afro-Américains en
Afrique. Parmi les précurseurs de cette idée panafricaine, figuraient notamment Henry
Sylvester Williams (1869-1911) et William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963) »
(Gazibo 2010). Ces idées trouvent un écho favorable auprès des Etats insulaires de l’océan
Indien à l’instar de Madagascar (pays faisant partie des trente premiers signataires de la
Charte créant l’OUA) qui participera avec succès dès 1963 à la création de l’Organisation de
l’Unité Africaine (OUA) (Faujas 2003), mais qui s’avère encore trop petit pour impacter sur
l’ensemble du continent. Cette quête de statut régional et sous-régional a suscité un besoin
d’intégration de nombreuses autres îles à l’instar des îles Maurice en 1963 (qui accueilleront
aussi le Sommet de l’OUA en 1976), des Comores en 1975, des Seychelles en 1976. Les
principales exceptions sont Mayotte, la Réunion et bien d’autres en raison de leur statut de
territoire outre-mer français ou britannique.
La question de la régionalisation des pays africains insulaires de l’océan Indien est donc
complexe en raison également de leurs multiples appartenances à des aires linguistiquesn(Langue créole, française, anglaise, indonésienne, etc.), culturelles (circulation de l’islam et
de la chrétienté), géographiques (les différents espaces d’intégration africains à l’instar de la
Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC) et coloniales (héritage
colonial institutionnel, des modes de gouvernance…). À cause de cette complexité, deux
approches du régionalisme seront mobilisées par les pays insulaires. La première est celle de
l’implication des Etats de l’océan Indien dans la formation et la gouvernance des institutions
permanentes destinées à encadrer la coopération interétatique. La deuxième est leur
implication dans la création d’organisations régionales de la finance, de l’industrie, du
commerce, de transports ou de gestion des crises qui ont un caractère permanent et qui sont
applicables aux Etats africains. Cette implication a pour objectif de déboucher vers un
imaginaire collectif de considération de la région comme unité d’action centrale aussi bien
pour les pays de l’océan Indien que pour les Etats riverains. Depuis l’apparition de la
régionalisation, ces deux approches ou processus de géopolitisation coexistent. De facto, Ils
s’appuient d’abord sur les pôles étatiques de convergence à l’instar de Madagascar (Ropivia
2020). Comme de nombreux autres pôles, et en raison de leurs positions géographiques, de
leurs poids démographiques et politiques dans l’océan Indien, les pôles insulaires occupent
une place prépondérante grâce à leur capacité à jouer un rôle géopolitique de pôle intégrateur
de leurs voisins (Gazibo 2010).
La géopolitisation de l’océan Indien, ne tient pas seulement à ce rôle intégrateur des pôles,
mais surtout à son encerclement par les terres émergées des continents africain, asiatique,
européen et américain. C’est l’océan le plus fermé, excepté vers le sud, où il se fond
largement dans l’océan Antarctique (Royer 2012 : 13-24). Dit autrement « il est limité au
nord par l’Inde, le Pakistan et l’Iran, à l’ouest par l’Afrique et la péninsule Arabique, à l’est
par la Birmanie, la Thaïlande, la Malaisie, l’Indonésie et l’Australie, et au sud par les 60° de
latitude sud qui définissent la limite nord de la zone couverte par le traité de l’Antarctique
de 1959. Ses rives abritaient, en 2009, 2,65 milliards d’habitants, soit 39,1 % de la
population totale de la planète » (Grare 2012 : 6-20). Avec une nappe d’eau de 73,5 km 2 , sa
position géographique donne clairement une valeur stratégique à ses îles, dont les postures
géopolitiques peuvent être comparables à la continuité de l’Eurasie qu’elle borde au nord.
Troisième océan majeur de la planète après le Pacifique et l’Atlantique, l’océan Indien
s’apparente au prolongement des littoraux des continents dont l’un des plus importants est
« assimilable à un large détroit (le canal du Mozambique, entre Madagascar et l’Afrique,
dont la largeur minimale est d’environ 450 km) » (Grare 2012 6-20). Nombreux sont les
spécialistes comme Laurent Sermet (Sermet 2002 : 149-16) qui s’accordent à dire que ces îles
péricontinentales sont d’une grande complexité géopolitique pour la régionalisation du fait de
leurs positions géographiques (l’océan Indien comprend 48 États côtiers et insulaires, dont 18
en Afrique, 11 au Moyen-Orient, 07 en Asie du Sud, 06 en Asie du Sud-Est, 05 États
insulaires et l’Australie), de leur importance comme voie d’accès ou passage maritime, de
leurs richesses naturelles avérées ou potentielles, du grand nombre d’Etats littoraux rivalisant
pour le contrôle de l’océan Indien. Interface maritime traversée par de nombreuses
projections de régionalisation et de puissance, ces îles « dont la double vocation est, d’une
part, de réunir des sous-ensembles géopolitiques qui autrement seraient indépendants et,
d’autre part, de les articuler et de les coordonner en un mouvement d’ensemble cohérent et
contrôlé » sont confrontées à des forces centrifuges qui peuvent compromettre leurs ambitions
de leadership, mais aussi d’intégration régionale (Ropivia 2020 : 130-145). Dans la
perspective de la régionalisation, elles peuvent jouer un rôle « de convergence, d’impulsion et
de coordination de nombreuses initiatives et dynamiques d’organisation de l’ensemble de
l’espace régional » (Ropivia 2020 : 130-145), mais elles peuvent aussi apparaitre comme des
aires capables de désorganiser la régionalisation. Comparativement aux autres ensembles
géopolitiques du continent africain, l’océan Indien apparait encore comme un « non-man land » qui a la particularité que « la fonction d’État-pivot n’y est encore exercée par aucun
État » (Ropivia 2020 : 130-145). Celle exercée par Madagascar en raison de sa proximité
géographique avec l’Afrique et de ses facteurs naturels de puissance régionale de l’océan
Indien est contestée par les autres îles qui occupent le cœur géographique de l’océan Indien.
Etat insulaire emblématique de l’océan Indien, Madagascar réunit les atouts géographiques
pour s’affirmer comme le pôle intégrateur de l’océan Indien. Le pays réunit « deux facteurs
basiques de la puissance des Etats » (Ropivia 2020 : 130-145) : sa superficie de 586 884 km 2
(Maurice 2040 km 2 , Seychelles 455 km 2 ) et sa population de plus de 26 millions d’habitants
font de lui la plus grande île de l’océan Indien. Sur le plan géopolitique, ces atouts confèrent
au pays une centralité dans le processus de régionalisation et de géopolitisation de l’océan
Indien car ils lui confèrent un rayonnement en direction de l’Afrique. Toutefois, cette
centralité reste limitée à la périphérie immédiate de Madagascar en raison de son instabilité
chronique depuis 1960 et ses vulnérabilités sur le plan politico-sécuritaire (le pays connaît une
crise politique depuis janvier 2009) qui contrecarrent ses performances en matière
d’intégration régionale.
Dans le contexte de l’océan Indien, la multi-appartenance à plusieurs ensembles régionaux est
donc une source d’antagonisme et un facteur d’instabilité permanente qui fragilise les
performances des processus d’intégration préalablement entamés dans d’autres régions. Ce
contexte fait valoir que « la région de l’océan Indien est par conséquent caractérisée par
l’absence d’organisation de réflexion collective et d’actions sur des sujets d’intérêt commun
politique, économique, et de sécurité, dit Kanwal Sibal, ancien secrétaire aux Affaires
étrangères de l’Inde » (Royer 2012 : 118-128). C’est à ce titre que cette configuration
centrifuge compromet l’émergence d’une posture de leadership dans l’océan Indien. À ce jour
en dépit des progrès faits, tous les Etats insulaires de l’océan Indien sont encore en quête
d’intégration soit parce qu’ils sont éloignés de certaines aires géopolitiques soit parce qu’ils
sont satellisés par les puissances internationales (les Etats-Unis, la France). À l’évidence, ces
aires d’intégration régionale multiples que sont par exemple l’Association des Nations de
l’Asie du Sud-Est (ASEAN), l’Union Africaine (UA), la Commission de l’Océan Indien, la
Communauté de Développement de l’Afrique Australe (SADC), l’Indian Ocean Naval
Symposium (IONS), Indian Ocean Rim for Regional Cooperation (IOR-ARC) et bien
d’autres, transforment l’océan Indien en espace décentré, déconnecté, ou les deux à la fois
confrontés à des forces centrifuges. Les obstacles au processus de régionalisation des Etats de
l’océan Indien sont nombreux : excentricité géographique, multi-appartenance à des processus
régionaux, éloignement des politiques africaines d’intégration, valorisation des marges
frontalières océaniques à des fins d’intégration et relents séparatistes et identitaires du fait de
l’éloignement et de la marginalisation géographique. Pour échapper à ces obstacles, certains
acteurs explorent la pertinence d’une géopolitisation de l’océan Indien qui prend la forme
immédiate de ruées vers les littoraux africains.
B-De la perception afro-océanique des Etats littoraux à la ruée géopolitique des Etats
insulaires
Selon Jean-Loup Samaan « longtemps, l’océan Indien fut considéré (…), comme un espace
géographique secondaire, à la différence des océans Atlantique et Pacifique. Or, depuis le
milieu des années 2000, cette perception a substantiellement changé » en raison de la montée
exponentielle des relations afro-océaniques. Les pays insulaires ont compris comme le
relevait W. Raleigh (1552-1618) que « Quiconque contrôle la mer contrôle le commerce ;
quiconque contrôle le commerce mondial contrôle les richesses du monde, et conséquemment
le monde en soi » (Royer 2012 : 73-92). C’est sur la base de ces représentations géopolitiques
que les Etats littoraux seront l’objet de nombreux enjeux de la part des pays insulaires.
L’expansion de la piraterie maritime des littoraux vers les îles rend un peu plus compréhensible cette hypothèse. Devant la persistance de la piraterie maritime qui a causé
depuis 2008, 518 attaques, et 12 prises d’otages (Robinet 2012 : 48-68), les réponses
coordonnées des Etats riverains, internationaux et insulaires inspirées en grande partie de ces
représentations tissent un contenu à la voie de la régionalisation. Les perceptions motivent la
volonté de construction d’un axe de rapprochement. En tant que repères de mesure des vertus
de la régionalisation, elles vont pousser ces Etats à s’impliquer dans les réponses telles que
l’opération Atalante, lancée le 12 décembre 2008, (qui associe les pays de l’UE disposant de
marines (Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne, Suède, Grèce, Pays-Bas) ainsi que des
États non membres de l’Union (notamment Suisse, Croatie, Monténégro, Norvège, Ukraine)
et les pays de l’océan Indien) et bien d’autres (Roger-Lacan 2012 : 118-128) qui démontrent
que la géopolitisation îles africaines de l’océan Indien produit des effets politiques.
Toutes ces représentations se juxtaposent à l’intensité d’une diplomatie des Etats insulaires
déployée ces vingt dernières années sur le continent africain et qui va servir à l’intégration des
îles dans les processus régionaux. Le poids économique régional récent des Etats insulaires
tels que Madagascar (3 eime place de l’économie agricole de thé/café en Afrique de l’Est)
(Gervais-Lambony 2013 : 13-32) permet de mettre un doigt sur la puissance des convictions
que les acteurs accordent à leurs représentations géopolitiques. Revendiquer un statut régional
va pousser Madagascar à occuper la 3 e place de l’économie agricole de thé en Afrique de
l’Est. Dit autrement, la régionalisation des pays insulaires n’est pas seulement le fait de leur
dynamique d’intégration, mais elle est aussi le résultat de leurs représentations des processus
régionaux africains. Les représentations ouvrent la voie à d’autres déterminants consciemment
construits. On pense ici à la perspective économique qui compte dans le processus
d’appropriation de la régionalisation et qui participe avec succès à la géopolitisation des îles.
Après avoir été longtemps à la traîne devant Madagascar dans le commerce intra-régional,
Maurice inverse ce processus en 2019 : ses exportations représentent les 2/3 de l’océan Indien
suivi de Madagascar (23%) et des Seychelles (8%). Ces chiffres préfigurent que le littoral
africain est un laboratoire de la géopolitisation des pays insulaires et qu’elle utilise les
échanges économiques comme argumentaires des représentations géopolitiques. Ces
représentations sont véhiculées par une intensification des stratégies de coopération
économique avec le voisinage géopolitique.
L’océan Indien est un espace aux représentations géopolitiques multiples et très complexes.
La migration est l’une des formes de représentation socialement construite et collectivement
partagée. Voilà pourquoi Amélie Barbey pense que la migration en direction des pays
africains littoraux et des pays insulaires a d’abord « des buts commerçants », mais aussi de
géopolitisation de l’océan Indien (Barbey 2009 : 154-164). C’est grâce à des commerçants
que le thé et le café (qui a rapporté 3,7 milliards de dollars en 2021) feront de Madagascar, le
3 eime plus grand exportateur agricole en Afrique de l’Est et de l’océan Indien (après le Kenya
(34,5%), l’Ethiopie (22,7%)) et de l’île Maurice, le premier exportateur de produits textiles de
l’océan Indien en 2019 (soit 80% d’exportation et 132 millions de dollars, devant les
Seychelles (17% et 28 millions de dollars) et les Comores (3% et 5 millions de dollars). Ce
qui peut expliquer pourquoi en plus des commerçants malais, arabes, indiens, chinois, la
présence d’investisseurs issus des pays de l’océan Indien dans les pays littoraux africains est
également très remarquable. De ce point de vue, il est clair que le commerce en raison de son
rapport avec la géographie des pays insulaires impacte sur la régionalisation et la
géopolitisation de l’océan Indien (Barbey 2009 : 154-164). En outre, c’est également cet
argument qui justifie que les pays africains représentent pour les pays insulaires, une source
d’approvisionnement en matières premières (pétrole, métaux précieux, etc.).
Sur le plan culturel, la géopolitisation sur fond de régionalisation n’est donc pas sans
avantages. Ceux-ci prennent de l’importance avec par exemple, l’obtention par les pays insulaires de l’océan Indien, de nombreuses bourses d’études destinées aux Etats africains
(bourses de formation, bourse de perfectionnement pour diplomates et militaires, etc.).
Autrement dit, la régionalisation des pays insulaires, c’est bien plus qu’un dispositif, mais
c’est une construction mentale collective. C’est ce motif qui va permettre à des dizaines de
jeunes issus de l’océan Indien de jouir annuellement d’une bourse de l’Université panafricaine
(cycle master/doctorat) depuis sa création en 2008. Par ailleurs, nombreux sont les jeunes de
l’océan Indien qui choisissent certains pays africains pour destinations d’étude ou
touristiques. Selon les chiffres du Ministère des Affaires Etrangères de Madagascar, les
étudiants représentent 43% de la diaspora Malgache en Afrique du Sud (Ministère des
Affaires Etrangères de Madagscar 2022). En prenant ces chiffres dans un ensemble plus vaste,
on se rend compte que les représentations sont l’une des idées-forces de la géopolitisation de
l’océan Indien. Elles vont influencer la prise de conscience que certains Etats accordent aux
intérêts culturels et que d’autres étendent depuis peu aux Opérations de Maintien de la Paix
(OMP) à l’instar de Mission de l’Union africaine en Somalie (AMISOM). Dans la pratique, la
signature par Madagascar, Maurice et les Comores de la déclaration d’engagements aux OMP
en septembre 2008 tient lieu de résultat de ces représentations géopolitiques (Nations Unies
2022). C’est la force de ces sentiments géopolitiques qui poussera André Lewis à dire que,
« l’Afrique a également fourni d’éminents juristes comme juges à la Cour internationale de
justice (CIJ), tels que (…) le Malgache Raymond Ranjeva » (Lewis 2006 : 55-78).
II-Les émanations régionales de la géopolitisation des îles africaines de l’océan Indien
Après avoir analysé les ressorts qui participent à la géopolitisation des îles africaines de
l’océan Indien sur fond de régionalisation, nous souhaitons ici rendre compte des
conséquences de cette géopolitisation. Les Etats littoraux pèsent d’un grand poids sur la
géopolitique de l’océan Indien. En témoigne leur implication dans le processus de
régionalisation des pays insulaires et leur poussée économique ou activisme diplomatique à
l’échelle de cette partie du continent. Si la géopolitisation des pays insulaires est
l’aboutissement de la régionalisation des Etats littoraux (A), alors il convient de démontrer
que le repositionnement des pays insulaires (B) est un processus continu.
A-La régionalisation des Etats littoraux : condition à la géopolitisation des pays insulaires
« Dompter la mer, l’intégrer non comme une frontière, mais comme une composante à part
entière de la prospérité et de la puissance » (Royer 2012 : 73-92) est le premier réflexe de la
géopolitique des Etats insulaires de l’océan Indien face aux Etats continentaux. Vu des Etats
insulaires, la façade africaine de l’océan Indien est un espace privilégié pour le contrôle
stratégique de l’océan Indien et la confrontation des intérêts étatiques (Buzan et Ole 2009).
Cependant, tous les pays insulaires partagent le malaise de la présence grandissante de
certains Etats africains à l’instar de l’Afrique du Sud qui souhaitent jouer un rôle actif dans la
sphère régionale. En un mot, l’océan Indien « n’a aucune personnalité globale commune,
mais des personnalités sous-régionales bien distinctes et définies. Chacune de ces
personnalités sous-régionales s’exprime dans les forums régionaux adéquats. Mais aucun de
ces forums régionaux ne traite de questions maritimes, ni n’est équipé de capacités maritimes
lui permettant de traiter des sujets touchant à la gestion de l’océan. Quant à la sécurité
maritime, l’Inde, l’Australie et l’Afrique du Sud sont les seuls États de la région » (Roger-
Lacan 2012 : 118-128) y compris ceux du Golfe persique qui ont des engagements
géopolitiques dans l’océan Indien, à avoir des capacités maritimes les rendant capables de
coopérer avec les pays insulaires. La géopolitisation implique que les pays insulaires soient
soumis aux enjeux de pouvoir, de défense, de sécurité et de puissance. Dès lors, en tant
qu’instrument de configuration des rapports de domination, l’hégémonisme impose une
destinée inextricablement coopérative entre les îles de l’océan Indien et les Etats littoraux d’Afrique. C’est cette manière de lire le monde qui va pousser Hery Rajaonarimampianina, en
2014, alors Président de la République de Madagascar à présenter en termes géopolitiques
l’océan Indien en ces propos « l’indianocéanie, un avenir à bâtir ensemble » (…) aussi bien
sur le plan national, régional qu’international » (Rajaonarimampianina, 2014). Cette
exhortation régionale à définir les relations entre pays littoraux et insulaires en termes
géopolitiques va se décliner à travers l’intégration des pays littoraux dans les processus
régionaux insulaires de l’océan Indien. Cette régionalisation des Etats littoraux par le
régionalisme résonne comme une variable indispensable à la géopolitisation des îles
insulaires. Elle sert également les objectifs de rayonnement insulaire des plateformes
régionales comme la Commission de l’Océan Indien (COI) mise en place en 1982 et qui
réunit Madagascar, Maurice, Comores, Les Seychelles et La Réunion (Cf. tableau suivant).
Tableau : Quelques organisations régionales liées à l’océan Indien qui intègrent les Etats
littoraux africains
Source: compilé par l’auteur
Ces cadres de régionalisation visent à permettre aux Etats insulaires de jouer au niveau
régional, un rôle central, qui peut être appuyé par leur situation géographique illustrée à
travers la carte suivante. Grâce à leurs situations géographiques, les Etats comme Madagascar
qui représentent 47% des exportations et 37% des importations de la partie Ouest de l’océan
Indien (la partie Nord étant limitée par l’Inde, le Pakistan et l’Iran ; la partie Est étant limitée
par la Birmanie, Thaïlande, Malaisie, Indonésie, Australie et au Sud par l’Antarctique) ont
modestement vu les horizons de leur rayonnement s’élargir.
Source: Atlas géographique informatisé régional
La puissance est également l’une des variables clefs qui rend le mieux compte de l’intérêt que
les Etats riverains ont pour la régionalisation des îles de l’océan Indien (Buzan 1991). De
nombreuses analyses de la régionalisation reconnaissent que la notion de puissance est
compatible avec celle de régionalisme. La régionalisation des Etats insulaires fait l’expérience
du postulat de l’asymétrie de la puissance avec l’Afrique du Sud qui domine toutes les
organisations politiques économiques régionales africaines auxquelles ils participent (l’Union
douanière d’Afrique australe (SACU), la Zone monétaire commune (CMA), la Communauté
de développement de l’Afrique australe (SADC) et bien d’autres. Les indicateurs d’asymétrie
que nous retenons concernant l’Afrique du Sud sont : la croissance économique (4,9% depuis
2021), le poids économique régional (3 e puissance économique en Afrique avec un PIB de
406 milliards de dollars en 2022), la taille de sa population (59,3 millions d’habitants), la
taille de son territoire (1,22 millions km), les ressources naturelles, la puissance militaire (3 e
puissance militaire africaine), ses flux avec l’océan Indien et sa stabilité politique (Colin
2021 : 1-45). On découvre à la lecture de ces indicateurs, qu’ils affectent non seulement la
distribution de la puissance, les choix de régionalisme des Etats mais aussi la géopolitisation
des pays insulaires. Le rôle de l’Afrique du Sud dans l’élargissement de la SADC à l’île
Maurice en 1995, la République Démocratique du Congo – RDC – et les Seychelles en 1997,
plus tard Madagascar et le Rwanda s’inscrit incontestablement dans cette perspective
d’hégémonisme, d’intégration et de géopolitisation de l’océan Indien (Onana 2005 : 437-449).
L’océan Indien compte plus d’une dizaine de processus régionaux, mais en raison des
ambitions de puissance des Etats riverains, certains pays feront le choix d’un processus de
régionalisation et de régionalisme propice à la valorisation de leur capacité de puissance et
incompatible aux rivalités hégémoniques déstabilisatrices. Tel que l’illustre le tableau
précédent, c’est ce qui explique l’implication marginale de certains Etats africains littoraux
dans certains processus régionaux insulaires au détriment d’autres. Néanmoins, certaines
conditions telles que la distribution des capacités des Etats (attributs de puissance, distribution
des capacités d’influence à l’échelle sous-régionale et régionale) imposent « une intégration de facto » de ces Etats. Au total, le réalisme insulaire pousse les îles préoccupées par leur
survie, l’érosion de leurs capacités et leurs vulnérabilités à penser d’abord en termes d’inégale
distribution de la puissance dans leur implication avec les Etats africains.
B-La régionalisation : un vecteur de repositionnement des Etats insulaires
Depuis la fin de la guerre froide, le contexte géopolitique et stratégique de l’océan Indien a
grandement évolué. Parmi les grandes évolutions, notons celle de l’intensité de la
régionalisation. Les positions insulaires avantageuses et désavantageuses ne manquent pas
dans l’océan Indien, mais elles dépendent essentiellement de la proximité géographique que
les îles ont avec les continents (Buzan 1997). Le nombre d’îles qui tire avantage de la façade
africaine de l’océan est très limité. Un premier coup d’œil sur la carte précédente permet
d’identifier rapidement les Maldives, Sri Lanka, les Seychelles, Maurice, Madagascar, La
Réunion, le Territoire britannique de l’océan Indien (archipel des Chagos) et les îles
Andaman-et-Nicobar, voire Socotra comme celles qui tirent rondement un avantage
stratégique de la proximité avec le continent africain (Balzacq 2007). Mais il y a encore les
Comores, le Lakshadweep, les îles Cocos (anc. Keeling), l’île Christmas, Mayotte et les îles
Éparses pour ne tenir compte que des entités insulaires à bonne distance des littoraux africains
ou du continent africain. Enfin, il y aurait les îles du Prince-Édouard, Crozet, Saint-Paul et
Amsterdam, Kerguelen ainsi que les îles Heard-et-McDonald dans l’océan Indien austral, qui
élargissent un peu plus, les enjeux de la géopolitisation de l’océan Indien. Sans compter les
îles côtières des littoraux continentaux, on trouve une dizaine d’États le long de la façade
principale de l’océan Indien. Tous ces territoires littoraux ont une certaine valeur
géostratégique et géopolitique intrinsèque, pour les pays de l’océan Indien (Balzacq 2003).
Leur cartographie suggère deux remarques principales. Primo, que les pays de l’océan Indien
y trouvent un intérêt géopolitique à élargir leur champ d’action dans l’océan Indien. Deuxio,
l’objectif d’intégrer les Etats africains dans les processus régionaux de l’océan Indien est
d’impliquer les îles dans les enjeux de pouvoir, de défense, de sécurité, de puissance et de
géopolitisation des pays insulaires (Bach 1992).
L’un des enjeux majeurs de géopolitisation des pays insulaires est le déficit d’intégration sans
nul doute sécuritaire, économique et politique de toutes les îles de l’océan Indien dans un seul
ensemble géopolitique. Le constat ne se pose plus, la géopolitique générale des pays insulaires
va consister « depuis les années 2000, à renforcer et élargir leur réseau d’alliances et de
partenariats stratégiques » (Saint-Mézard 2022 : 285-299). L’adoption des qualificatifs
comme ceux « d’afro-océanique », « sud-ouest de l’océan Indien » (Combeau 2019 : 3-10),
« indianocéanie » (Combeau 2019 : 3-10) s’inscrit dans cette démarche de géopolitisation des
îles africaines de l’océan Indien. Il est clair que pour les îles de l’océan Indien, la façade
africaine de l’océan Indien représente une opportunité d’approfondissement des alliances,
dont l’ancrage géographique est suffisamment dense pour un réseau de sécurité dans l’océan
Indien (Baldwin 1997). Cette démarche n’est pas sans contreparties. L’une des contreparties
à ce redimensionnement des pays insulaires le long de la façade africaine, c’est l’implication
des Etats littoraux africains dans les processus régionaux et multilatéraux de l’océan Indien.
À côté des systèmes d’alliances multilatéraux et régionaux, les pays insulaires vont aussi se
lancer dans la construction des coalitions minilatérales. Au-delà du cadre multilatéral et
bilatéral, ils vont également expérimenter le format minilatéral c’est-à-dire la coopération
entre groupe restreint de trois ou quatre membres. C’est par exemple le cas des task forces
multinationales et trilatérales à l’instar du dialogue trilatéral entre l’Afrique du Sud, l’Inde et
l’Australie concernant le lancement de l’Indian Ocean Rim Association for Regional Cooperation
(IOR-ARC) en 1997 déployées dans le cadre de la lutte contre la piraterie. De niveau modeste
avant les années 2000, ce minilatéralisme a gagné en ampleur. Le minilatéralisme offre une enceinte pour échanger sur les questions qui peuvent rencontrer un obstacle dans les processus
régionaux. Il permet aux Etats de se coordonner de manière ad hoc pour apporter des réponses
d’urgence à un problème. Par ailleurs, certains Etats y voient des possibilités d’explorer de
nouvelles possibilités de coalitions sans abîmer les anciennes. Toutes ces alliances démontrent
que les frontières qui semblent diviser l’Afrique de l’océan Indien demeurent en fait
relativement superficielles. Les alliances se construisent faisant fi des frontières entre les
ensembles géopolitiques. Au fond, elles mettent en lumière des circulations qui prouvent que
la géopolitisation des pays insulaires ne se limite pas à l’océan Indien, mais s’étend à la
totalité de la façade africaine de l’océan Indien. Même si cette géopolitisation se joue des
frontières, elle concourt au renforcement de la régionalisation. La meilleure possibilité qu’elle
offre aux pays insulaires, c’est de jouer un rôle non négligeable dans l’océan Indien et de se
positionner de manière permanente comme des acteurs de la géopolitique continentale.
Conclusion
L’objectif du cadre conceptuel de la géopolitisation des îles africaines de l’océan Indien était
de comprendre comment la régionalisation et le régionalisme contribuent à l’autoréalisation
de l’océan Indien en fondement d’action et de la puissance. Les pays insulaires se présentent
comme un cas empirique idéal pour saisir cette transformation de l’océan Indien en enjeu
géopolitique. La géopolitisation a fait surgir un cadre d’analyse qui place la régionalisation et
le régionalisme des pays africains insulaires de l’océan Indien au cœur des enjeux de
puissance du continent. Il en ressort que, malgré le fait que l’océan Indien et l’Afrique se
recoupent géographiquement, la centralité introuvable des pays insulaires va jouer un grand
rôle dans la régionalisation des pays insulaires. Cette régionalisation est renforcée par les
perceptions que les pays insulaires se font de l’intégration régionale. Or pour les pays
littoraux, le rapprochement avec les pays insulaires est une opportunité de géopolitisation de
l’océan Indien ou de transformation l’océan Indien en espace d’action de la puissance. Ce
rapprochement qui va générer un processus de géopolitisation va aboutir à des conséquences
géopolitiques majeures. Le rôle de la régionalisation et du régionalisme des pays de la façade
africaine de l’océan Indien et des pays insulaires n’est pas étranger à ces conséquences
géopolitiques. En effet, les enjeux de la régionalisation, d’affirmation de la puissance
auxquels se greffent les représentations de l’océan Indien comme espace de projection vont
pousser les pays insulaires à revendiquer une redistribution des cartes ou à redéfinir les
intérêts qu’ils ont de l’intégration régionale. Participer à la régionalisation par le régionalisme
à la fois pour les Etats littoraux et les pays insulaires est devenu un moyen pertinent pour
participer à la géopolitisation de l’océan Indien. À côté de la volonté de capter les avantages
et ressources de la régionalisation, pour consolider leur développement ou promouvoir leur
rayonnement, les vulnérabilités des pays insulaires les confrontent à de nouvelles contraintes liées
aux enjeux géopolitiques de l’océan Indien.
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