du Eric Bertrand Lekini

Chargé de cours à l’Université de Dschang, Camerun.

 

Résumé

Depuis une dizaine d’années, de nombreux articles ont tenté d’offrir une explication à l’usage des drones en contexte africain. Tel est l’objectif de cet article qui croise dronisation des armées, intermédiation stratégique et imaginaire géopolitique de la conquête de l’espace. Il examine l’impact de la dronisation sur les ambitions de conquête spatiale des armées africaines et ses implications sur les usages des drones comme support d’équilibrage stratégique. Pour saisir les enjeux de la dronisation, il présente la maîtrise des drones comme la nécessité stratégique et essentielle de la compétition spatiale actuelle et future des armées. Ce faisant, l’analyse s’ancre sur l’intermédiation stratégique pour expliquer les modalités contemporaines de transformations technologiques des armées qui informent sur leurs défis. On entend par là que la dronisation est devenue un champ de compétition entre les armées qui autorise de nouvelles façons de faire la guerre, mais aussi de penser l’espace. Enfin, à la lumière d’une géopolitique comparative, il ressort de cette étude que les drones sont des technologies de projection, préparatoires non seulement à la conquête spatiale, mais aussi au rattrapage technologique des armées africaines. Mots clés : Afrique, Dronisation, Armée, Intermédiation stratégique, Conquête spatiale, Géopolitique.

Abstract

Over the past ten years, numerous articles have attempted to offer an explanation for the use of drones in the African context. The objective of this article will be combines the droneization of armies, strategic intermediation and the geopolitical imagination of the conquest of space. It examines the impact of droneization on the space conquest ambitions of African armies and its implications on the considerations of drones as a strategic balancing support. Also, he presents the control of drones as the strategic and essential necessity of the current and future space competition of armies. In doing so, the analysis is anchored on
strategic intermediation to explain the contemporary modalities of technological transformation of armies which further informs on their challenges. By this we mean that droneization has become a field of competition between armies and which allows new ways of thinking space. Finally, it emerges from this study that drones are projection technologies, preparatory not only to the conquest of space but also to the technological catch-up of African armies.

    Keywords: Africa, Dronization, Army, Strategic intermediation, Space conquest, Geopolitic

 

Les années récentes ont vu l’intérêt pour la conquête spatiale s’accroître de manière inédite en Afrique. Bien que la maîtrise de l’espace ne soit plus un énorme défi pour l’ensemble des Etats africains, c’est son arrimage aux technologies nouvelles qui fait particulièrement débat. Il faut croire que grâce aux prouesses technologiques, elle donne aux Etats africains, le pouvoir de concrétiser des ambitions de maîtrise de l’espace. L’acquisition de plus 4316 drones depuis les années 2000 par les armées africaines, dessine les nouveaux contours de l’imaginaire géopolitique africain. Dans ce contexte, l’espace aéroterrestre c’est-à-dire « le domaine d’action de l’armée de terre qui s’étend du sol à la couche inférieure de l’espace aérien » (Michel Grintchenko, 2019), acquiert une importance stratégique majeure comme arène intermédiaire à la conquête spatiale. Aux yeux de Christophe Fontaine, (Fontaine, 2013) et de Patrick Godart (Godar, 2020) tous les pays du monde en dépendent y compris les Etats africains. La dronisation des armées africaines selon Eric Sourna (Sourna, 2019) et Eric Bertrand Lekini (Lekini, 2021) ouvre résolument l’accès à la conquête de l’espace. Elle démontre également qu’il émerge une nouvelle génération d’Etats africains qui actualise de belles manières, les perspectives technologiques de la conquête spatiale. Il y a quelques années à peine, très peu d’Etats africains disposaient de ressources spatiales. Depuis lors, nombreux sont les Etats africains qui en possèdent. L’intensité de la dronisation des armées africaines a littéralement ouvert la place à la conquête spatiale. Jusqu’à une période récente, il n’était pas possible de considérer l’Afrique comme un acteur capable de maitrise technologique et de conquête spatiale (Lespinois, 2013). Ce qui n’est pas sans fondement, car sur le plan capacitaire, l’espace est le domaine d’affirmation des grandes puissances qui en ont fait un milieu sanctuarisé ou un club très fermé depuis les années 1960. La conséquence stratégique de ce déterminisme technologique est qu’il contraint l’Afrique par impuissance, à développer un intérêt pour les technologies spatiales d’intermédiation stratégique (Weber, 2019). Celles-ci ne contribuent pas seulement au renforcement de la puissance de feu des armées et à la percée des champs de bataille, mais elles permettent également d’expérimenter la conquête de nouvelles dimensions spatiales (Olivier De France, Hughe, 2018). Il est clair qu’à l’heure de la contraction de l’espace et de
l’extension planétaire des technologies numériques, la dronisation confère à l’art de la guerre africaine, l’accès à de nouvelles dimensions spatiales. Loin d’avoir des capacités d’égalisation stratégique des puissances spatiales, les Etats africains raisonnent en termes d’intermédiation stratégique. D’où l’intérêt, du facteur drone qui représente ipso facto la technologie la plus adaptée aux ambitions spatiales d’intermédiation stratégique des Etats africains (Ghamayou, 2013). La présente étude analysera la manière dont les drones en tant que technologie d’intermédiation stratégique contribuent à l’imaginaire de la conquête de l’espace par les armées africaines. Les transformations technologiques récentes ont ouvert la voie à la relativisation des avantages stratégiques et technologiques des puissances spatiales traditionnelles. Depuis une dizaine d’années, les recherches réalisées par Eric Sourna (Sourna, 2019), Eric Bertrand Lekini (Lekini, 2021), sur la dronisation, ont enrichi la problématique de la capacité des Etats à exploiter l’espace ou à l’interdire à d’autres adversaires. Du reste, leurs analyses ont démontré que les drones sont une technologie transitionnelle et perméable à la conquête de l’espace aéroterrestre. Sur fond de course aux armements, ce sont ces éléments qui vont pousser les armées africaines à trouver dans les drones, des arguments de conquête et de domination spatiale. Cette thèse est privilégiée par Ghamayou (Ghamayou, 2013) qui met en avant l’influence des drones dans la fertilisation des nouvelles formes de rivalités qui se sont considérablement diversifiées grâce aux technologies d’intermédiation spatiale. Restituée dans le contexte spatial, l’intermédiation est le théâtre des dynamiques qui font émerger les drones comme des technologies d’interface ou de relais de la conquête spatiale. Derrière cette définition, il émerge un questionnement : quel est l’apport des drones à la construction des ambitions d’intermédiation spatiale des armées africaines ? L’approche géopolitique sera utile pour illustrer le poids de la dronisation comme outil de conquête spatiale et vectrice de puissance (Clervoy, 2020). La préoccupation essentielle de la géopolitique est de comprendre les drones, comme des technologies d’intermédiation stratégique (Raffestin, 1995). Du point de vue méthodologique, cette approche prête le flanc à des données empiriques qui proviennent en grande partie d’une collecte documentaire menée de 2021 à 2022 et qui a contribué à la publication de l’ouvrage intitulé « l’Intelligence artificielle : le nouvel art de la guerre hybride au Cameroun » (Lekini, 2022). Les données comparatives mobilisées dans le cadre de cette étude proviennent d’Internet, qui a largement contribué à mener des enquêtes à distance et a ouvert la voie vers un immense champ d’informations quantitatives et qualitatives. Le terrain d’enquête se trouve ainsi dématérialisé, car il rend accessible les informations sans exiger d’être physiquement dans tous les Etats (Giblin, 2022). L’article s’est aussi appuyé sur des informations issues des réseaux sociaux, des médias presses et télévisés. Pour davantage renforcer la consubstantialité entre ces données et l’approche géopolitique, les informations collectées ont été converties en données stratégiques capables de décrire et d’analyser l’impact de la dronisation militaire sur les
transformations de la conquête spatiale en contexte africain (Limonier, Audinet, 2022).

La dronisation militaire : de l’intermédiation à l’engagement spatial des Etats africains

La conquête de l’espace revisite grâce à la dronisation de nouveaux jeux, de nouvelles règles, de nouveaux rapports de forces et de nouvelles dimensions. Elle a pour objectif d’assurer la pérennité des Etats. En conséquence, elle joue un rôle de premier plan à la revigoration de la compétition technologique entre Etats africains. Cependant, elle suscite l’apparition d’une étape préparatoire, celle de la technologisation des armées structurées par des forces en mouvement telles que les drones, considérés comme le chaînon manquant de la conquête spatiale pour les Etats africains.

    La dronisation des armées africaines : un prérequis d’intermédiation stratégique

Les conflits africains du nouveau siècle siècle sont considérés comme une manifestation éclatante de la prise de conscience géopolitique de la dronisation, tant les effets produits par ce phénomène l’imposent comme le facteur décisif pour les armées (Durieux, 2017). On ne saurait manquer de rappeler qu’il n’y a pas de dronisation militaire sans « Etat technologisé » et sans armée technologisée. En théorisant le concept « d’Etat technologisé », Pierre Musso ouvre une perspective d’analyse vers la technologisation entendue comme le processus d’inscription des armées africaines dans une ère de transition technologique ou
d’intermédiarité technologique (Musso, 2018). Ce contexte d’intermédiarité technologique sera à l’origine de l’acquisition de plus de 30 000 drones militaires dans 80 pays (GRIP, 2021) au rang desquels quelques pays africains. C’est à ce titre que le marché mondial des drones civils et militaires qui était de 4 milliards de Dollars en 2015 a été évalué à 14 milliards de dollars en 2018 (Issaafrica, 2022). Du reste, ces chiffres suggèrent que la dronisation des armées africaines est un phénomène qui s’incarne dans des rivalités politiques ainsi que dans la maîtrise de l’espace. En termes spatiaux, cela signifie que la technologisation des armées a pour fonction le marquage réel, symbolique et imaginaire de l’espace. La fonction réelle est de marquer les limites spatiales de l’exercice de la souveraineté des Etats. La projection des drones ne borne pas seulement un territoire matériel, mais un territoire idéel qui s’imprègne de la vision de l’Etat. La fonction symbolique est d’exprimer la cohérence qui existe entre les armées, les territoires et la projection des drones. La fonction imaginaire est de signifier l’altérité que représentent les drones. Ces modalités d’application spatiales et de ruptures technologiques des drones les érigent en tournant stratégique majeur de l’intermédiation stratégique. On comprend mieux que, pour les armées africaines, l’intermédiation stratégique est un processus et la dronisation, un laboratoire d’expérimentation des frontières modernes de projection des Etats (Nadou, Talandier, 2020). Maitriser la technologique est un véritable multiplicateur de puissance (Norlain, 2020). Le XXI siècle a vu l’activité militaire des drones s’accroître de manière inédite. À toutes les
échelles spatiales, les drones constituent des ressources technologiques d’intermédiation, d’interface et de redimensionnement des armées. La réalité est que, la course aux drones stratégiques et tactiques observés depuis 2010 en Afrique n’est que la résurgence de l’intensité de l’activité spatiale. Elle a les apparences d’une régurgitation de l’histoire, car les premiers drones militaires africains appelés « champion » sont fabriqués par l’armée sud-africaine en 1978 (ils serviront au-dessus du Mozambique et en Angola de 1980 à 1987). Dit autrement, la dronisation ramène l’Afrique à un passé qu’elle pensait dépassé. Elle va s’imposer cinquante ans plus tard comme la nouvelle grammaire militaro-spatiale des armées africaines et la clef de la lutte contre le terrorisme. De manière évidente, ces circonstances vont favoriser l’escalade de l’acquisition des drones par les Etats africains. Selon Colin Gray, « Si les années 1990 ont été témoins de la réalité stratégique de l’emploi de plus en plus efficace de la puissance aérienne en tant qu’élément soutenu (par la puissance terrestre et la puissance maritime) plutôt que comme élément de soutien dans des opérations interarmées, les années 2000 ont été largement considérées, selon le récit courant, comme enregistrant un recul notable de l’importance relative de la puissance aérienne » (lespinois, 2020) en faveur de la dronisation. Quels que soient ses usages, la dronisation consacre l’importance de la dimension aéroterrestre. Dans la succession des dimensions spatiales, c’est l’échelle aéroterrestre qui sert de méso, pour ne pas dire de voie préparatoire à la conquête spatiale. L’effet d’entraînement de cet emboîtement permet aux armées africaines de penser et d’agir sur l’espace à partir de leurs territoires. La conquête de l’espace est restée durant de nombreuses années très sanctuarisée et liée à la dissuasion nucléaire ou au développement des satellites (Lafaye, Sainjon, 2020). Aujourd’hui, grâce à la dronisation, la puissance aérienne revêt de nouvelles figures et la conquête spatiale s’accoutre de nouvelles formes. L’une des manifestations tangibles de cette hypothèse stratégique est par exemple « le programme spatial militaire égyptien » qui a valeur de test et de crédibilité de la dronisation (areion24news, 2020). Il est clair que la dronisation déchire le voile d’une sanctuarisation de la maîtrise de l’espace établie depuis plus de 50 ans. La conclusion qui se dégage, c’est qu’elle agit comme un révélateur spatial des armées africaines restées trop longtemps spectatrices. Au fond, en raison de leurs caractéristiques, les drones servent de banc d’essai au savoir-faire spatial des armées africaines (Sandoz, 2019). Les transformations de leurs caractéristiques prouvent assez qu’ils servent cette cause. Les premières générations de drones africains étaient équipées essentiellement de technologies d’observation et de renseignement à l’instar des « Champion » testés en Rhodésie en 1978. Depuis 2010, les nouvelles générations de drones sont équipées d’atouts qui révèlent leurs capacités de projections spatiales : autonomie de vol, liaison satellitaire, transmission d’informations vidéo, surveillance étendue… (Legai, 2013). En d’autres termes, les drones consolident la pertinence d’un nouveau modèle d’armée fondé sur les atouts que confère la technologie pour le contrôle de l’espace. C’est au début du XX siècle que « Clément Ader prédisait le rôle essentiel de l’aviation comme instrument de puissance dans les rapports de force internationaux » en ces termes : « Sera maître du monde qui sera maître de l’air » (Steineiger, 2013). Si la dronisation n’est pas un exemple probant de conquête spatiale, elle déplace néanmoins les lignes pour la grande majorité des armées africaines. La difficulté des armées africaines à accéder aux orbites a suscité un intérêt pour l’aéroterrestre qui fait entrevoir l’ouverture vers la conquête spatiale. L’aéroterrestre, est cette capacité à intégrer les drones dans les manœuvres terrestres en les adaptant aux modes d’action des armées et aux exigences de leurs milieux et espaces. Aujourd’hui grâce aux drones, elle libère les armées de la « tyrannie du terrain ». Dans cette approche nouvelle, les altitudes des drones font de l’espace le lieu des nouvelles ambitions. Leurs rayons d’action d’une dizaine de kilomètres d’altitude pour les drones miniatures et légers, des centaines de kilomètres pour les drones tactiques et des milliers de kilomètres pour les drones stratégiques et stratosphériques accentuent l’effet de médiation, mais aussi l’impression d’une transformation profonde de l’espace en nouveau champ des relations internationales. De même, ces altitudes de médiation qui dépassent les limites spatiales d’expression de la souveraineté des Etats qui sont de « 12 nautiques », font craindre les risques d’une attaque-surprise de la part des Etats (Opex, 360.com, 2023). Pour terminer, elles sonnent comme un sérieux avertissement stratégique pour les Etats (Boulanger, 2021).

La dronisation, le chaînon manquant des ambitions spatiales africaines 

Les drones offrent aux armées africaines une plus-value stratégique qu’elles ne possédaient pas avant leurs acquisitions. Depuis le XX siècle, nombreuses sont les technologies restées longtemps réservées à un club d’Etat et qui ont précédé les drones, mais aussi ont bouleversé l’histoire de la stratégie militaire : avions de combat, missiles intercontinentaux, nucléaire arme aérienne et bien d’autres. Grâce aux drones, de nouvelles possibilités de redimensionnement s’offrent aux armées dans l’espace. L’ingénierie des drones leur permet aujourd’hui d’atteindre des distances et altitudes supérieures (près de 30 000 mètres altitudes) à celles de la grande majorité des avions de combat. La force de cette ingénierie technologique provient du fait que sa conjugaison aux différentes dimensions stratégiques est facilitatrice des interactions entre les différentes échelles de l’espace. Bien plus, les drones obligent les armées africaines à aller plus loin et à voir dans la maîtrise de l’espace un impératif de sécurité et de défense du territoire. Pourtant dès leurs indépendances en 1960, les Etats africains vont miser sur l’aviation qui est utilisée essentiellement pour les missions aériennes qui constituent durant cette époque le socle de la puissance aérienne : reconnaissance, renseignement, chasse bombardement, transport, etc. Si l’aviation a révolutionné l’art de la percée militaire après les blindés, les drones vont révolutionner l’art de la conquête de l’espace. Il faut croire que selon Mickaël Aubout, « Il se dégage dans la pensée stratégique deux visions de la stratégie aérienne, deux appréciations de ce que doit être l’emploi » des drones (Aubout, 2013). La première vision prend forme chez certaines « puissances-drones » du continent africain qui ont une approche de la dronisation marquée par la prédominance du renseignement et du bombardement (Algérie, Maroc, Nigéria, etc). Quant à la deuxième vision, elle concerne les pays africains plus avancés technologiquement en matière spatiale à l’instar de l’Afrique du Sud et qui conçoivent les drones comme des technologies aérospatiales de haute valeur stratégique pour les manœuvres spatiales. Cette conception transparaît très clairement dans l’articulation du triptyque, drone, satellite, cyberespace. L’Afrique du Sud est la terre d’accueil de télescopes SALT (South African Large Telescope) et d’observatoires astronomiques fréquentés par des scientifiques du monde entier : Royal Observatory dans la région du cap de Bonne-Espérance, South Africa Astronomical Observatory dans la province du Cap Nord, le groupe industriel Denel constitue l’un banc d’essai africain de la recherche de l’équilibre entre drones armés et ambitions spatiale (Klen, 2016). Ce prisme est la preuve que la conquête spatiale est désormais décentrée entre satellites et drones. En avril 2023, le Kenya déploiera un satellite dans l’espace qui portera à 46 le nombre total d’engins africains en orbite (TV5Monde, 2023). Ces
« luttes de volonté de puissance » existantes entre prédominance d’une conception de bombardement des drones et approche d’une conception spatiale sont « l’une des premières briques à la construction d’une réflexion » spatiale sur les drones. Strictement parlant, ces deux tendances génèrent un processus d’intermédiation technologique qui prend en considération les drones comme la troisième voie entre les limites de l’aviation de combat et le dispositif technologique spatial (Lafaye, 2020). Le fort nombre de programmes militaires d’investissement en matière de recherche et d’achats des drones en Afrique depuis le XXI siècle renforce cette hypothèse théorique. Les programmes de drones développés dans les pays comme le Nigéria, le Maroc, le Cameroun, le Rwanda sont considérés comme des programmes structurants d’une nouvelle manière de d’envisager la conquête spatiale. Au Cameroun, la société Algo Drone en partenariat avec l’entreprise française Thales spécialisée dans le numérique et les hautes technologies spatiales s’engage en 2021 à la fabrication des drones militaires (ActuCameroun, 2021). C’est aussi le cas du Maroc qui s’engage à la suite d’un accord militaire avec Israël en juillet 2022 à la fabrication des drones (Rfi, 2022). En 2015, l’Air Force Institute of Technology (Afit) du Nigéria « a dévoilé son drone tactique de surveillance Tsaigumi, mis au point en partenariat avec l’industriel portugais UAVision » (Jeueafrique, 2019). Cette dynamique de programmes de drones (partenariat entre l’entreprise Zipline et le Rwanda en 2016, le projet marocain Atlan space crée en 2016, etc) est inédite sur le continent africain, car elle est le catalyseur d’un processus d’intermédiation technologique et spatial en phase d’émergence. L’une des raisons de ce choix d’équipements est celle du facteur économique. Acheter un avion coûte plus cher que l’achat d’un drone : un avion militaire tel que le Rafale coûte près de 120 millions de dollars, un F-35 coute près de 135 millions de dollars (voleaviondechasse, 2023) alors que le prix d’un drone varie entre 4 et 20 millions de dollars (Passionsmilitaire, 2023). Ce qui rend les armées plus susceptibles d’acheter les drones qui repoussent les limites des capacités de projection des armées dans l’espace. La principale conséquence c’est la diminution du pouvoir d’achat des avions de combat ainsi que la taille des flottes de certains Etats. En 1982, un pays comme le Cameroun possédait 07 avions de combat précisément d’appui au sol. Aujourd’hui le chiffre s’esquisse à près de 04 opérationnel en 2023. La diminution de ce nombre d’avions sera un véritable argumentaire en faveur de la nécessité des technologies d’intermédiation stratégique tels que les drones. La baisse n’est pas linéaire puisque l’abandon des avions de combat n’est pas total. Elle suggère un ralentissement qui permet aux armées de préserver un socle sécuritaire arien. Pour les armées, les drones compensent les faiblesses des avions de combat par l’utilisation de leurs polyvalences aériennes, terrestres, maritimes et spatiales. Depuis le déclin du marché des avions de combat dans certains pays africains, les préférences en matière d’équipement spatial vont évoluer vers celles des drones même si la dimension aérienne reste essentiellement appuyée sur les aéronefs de combats. Par ailleurs, l’âge des flottes entraîne un besoin accru de renouvellement. L’âge moyen des avions se calcule à partir de leur date d’entrée en service et non pas de leur date d’achat. Pour ce qui est du Cameroun par exemple, l’indicateur d’âge moyen des avions de combat Alpha jet qui ont connu leur première mise en service en 1979 est de 44 ans. Pourtant la durée de vie d’un Alpha jet est 6000 heures de vol, soit 30 années d’exploitations ou de vieillissement. Ce qui jaillit de fécond de cette analyse qui esquisse le caractère vieillissant des avions de combat, c’est l’intérêt pour la dronisation et le saut qualitatif que souhaitent faire les armées africaines. La conquête spatiale et la supériorité aérienne sont une question de tactique, de stratégie, d’expérience opérationnelle, mais avant tout de ressources technologiques.

    Les drones militaires : technologie de rupture ou d’imaginaire géopolitique d’autonomie
    stratégique ?

La dronisation représente un puissant vecteur de révolution des affaires militaires dans lequel  a s’engager la grande majorité des Etats africains. Elle symbolise à la fois une opportunité de maîtrise et de conquête de l’espace, mais également un vecteur de rupture stratégique. Pour mieux apprécier l’impact de cette rupture, il est vital d’interroger les grandes transformations que les drones provoquent dans le domaine de la conquête de l’espace et l’écho favorable qu’elles apportent à la quête de l’autonomie stratégique.

    Ce que changent les drones : vers une transformation de la conquête de l’espace africain ?

Depuis une dizaine d’année, la conquête et la maîtrise de l’espace se sont profondément transformées avec l’arrivée de la dronisation. En plus de l’élargissement du périmètre de projection des Etats, les instruments technologiques se sont résolument tournés vers l’innovation. L’une des grandes innovations est celle de la reconnaissance des drones comme levier de puissance et de supériorité spatiale. La dronisation des armées est sans doute l’un des enjeux de puissance qui rend le mieux compte de cette reconnaissance (Lafaye, 2020). Parmi les grandes technologies émergentes (Intelligence Artificielle, numérique, technologies quantiques) utilisées par les armées africaines, très peu ont la capacité d’apporter un ascendant à toutes les échelles spatiales (Hoez,2021). Les drones possèdent tous les éléments caractéristiques pour être des multiplicateurs de puissance : maîtrise du milieu, dissuasion, conquête de l’espace, armement etc. C’est cette vision spatiale d’exercice de la puissance en terrain africain que l’on peut apprécier à travers le tableau suivant qui montre comment certains Etats se démarquent comme modèles de la maîtrise des drones (Atlasocio, 2023). A partir des données issues du tableau, on peut faire le constat que le fantasme de la dronisation a investi toute l’Afrique. Les Etats qui ont su anticiper sur cette technologie émergente se livrent à une course effrénée pour le monopole de la maîtrise spatiale de ses avantages comparatifs (Ropivia, 2020). La prolifération des usages des drones militaires contre le terrorisme laisse penser qu’ils procurent une supériorité tactique, stratégique et opérationnelle décisive. Il semble indéniable que la dronisation apporte des changements dans les représentations des moyens de puissance des armées africaines. Nous assistons sans conteste à la montée en puissance d’un nouveau déterminant de la puissance. Tout retard à la dronisation se paye donc chèrement. Les armées africaines qui se montrent incapables de s’adapter à ce saut technologique sont irrémédiablement distancées.

    Tableau : Classement des puissances drones par sous-région africaine

Source : compilé par l’auteur à partir des données de l’Atlas Atlasocio

La dissémination rapide des drones en Afrique inspire clairement un changement de paradigme et une révolution technologique. De plus, le rétrécissement vertical et horizontal de l’espace de projection qu’ils permettent va accroître leur intérêt pour les armées. Le défi pour les armées africaines à l’instar de celle du Maroc, qui a acquis en 2021 plus de 150 drones auprès d’Israël (RFI, 2022), c’est de s’adapter aux mutations technologiques et de faire face à la multiplicité des menaces sécuritaires. L’arrivée de la dronisation « fait faire à l’efficacité militaire un bond en avant suffisamment significatif » (Dorange, panel, piaton, 2002) qui leur impose de la compétition spatiale. Les drones sont les parfaits exemples de technologies d’intermédiation stratégique qui accélèrent la conquête de l’espace. Théorisés en Afrique au lendemain des indépendances, les drones sont aujourd’hui le symbole de l’évolution technologique et la brique technologique de l’accélération de la conquête de l’espace. Comme toute technologie, les drones ont des limites. Ce sont des instruments technologiques qui « naissent, culminent et déclinent » (Lespinois, 2013). Leurs missions dans le cadre de la lutte contre le terrorisme donnent une illustration de l’horizon spatial de leur projection. On comprend que la dronisation est un moyen de se construire des ambitions spatiales adaptées aux défis des Etats. En raison de leurs capacités à pénétrer les espaces et de leurs caractéristiques qui accélèrent simultanément et de manière séquencée la maîtrise spatiale, les drones génèrent une prise de conscience géopolitique encore incomplète de la conquête spatiale. En choisissant la dronisation, les armées africaines font le choix de la conquête spatiale de deuxième génération qui intègre la robotisation et la dronisation comme plus-value stratégique. La diversité des drones c’est-à-dire de contact de 20 à 100 km de rayon d’action à l’instar des Scan Eagle utilisés au Cameroun ; tactiques à l’instar du Bayraktar TB2 utilisé en Éthiopie, au Togo, au Niger, au Maroc ou en Tunisie qui ont un rayon d’action de 150 km et pèse entre 150 et 600kg ; stratégiques et d‘attaques comme les drones MALE (Moyenne altitude) et HALE (Haute altitude), formalise le constat d’un milieu spatial vital (Polytechniqueinsights, 2022). Dans la pratique, les conquêtes spatiales de deuxième génération reposent sur les technologies intelligentes, tandis que celles de première génération engagent l’homme autant que possible. Le constat résolument partagé est que les
espaces exo-atmosphérique et extra-atmosphérique sont désormais des milieux de manœuvre et de confrontation pour les Etats africains (Chamayou, 2013). L’apparition des drones crée donc une rupture stratégique, au sens où elle modifie la manière de se représenter la conquête spatiale. Les premières ambitions spatiales africaines datent de 1970 avec la République Démocratique du Congo (RDC) qui essayera les lancements de satellites avec l’aide de l’Allemagne (TV5Monde, 2023), ensuite en 1978 avec l’acquisition des premiers drones africains par l’Afrique du Sud (areion24news, 2020). Les Etats africains ont très tôt fait l’expérience des avantages des moyens spatiaux comme multiplicateur de la puissance. Dès les années 2000, grâce une prise de conscience géopolitique, la dronisation est très vite érigée en élément vital de sécurité et maîtrise de la souveraineté spatiale des Etats (Chamayou, 2013). Cette prise de conscience géopolitique va ouvrir la voie à une croissance exponentielle des industries de fabrication des drones : Algo Drone au Cameroun en 2014, Drone Afica Service au Niger, Zipline au Rwanda en 2016, Zenvus Drone au Nigéria, Atlan Space au Maroc en 2016 et bien d’autres. La place croissante de ces bases industrielles sur les drones illustre bien la volonté des Etats africains à agir sur l’espace.

Les drones militaires : nouveau champ d’expérimentation de l’imaginaire géopolitique 

La dronisation est un outil indispensable pour l’affirmation des souverainetés des Etats. Une armée qui n’a pas la pleine maîtrise de son milieu spatial a nécessairement une faible marge de manœuvre. L’internalisation et l’externalisation des drones pour des raisons stratégiques diverses (renseignement, bombardement des profondeurs des territoires ou des cibles de haute valeur stratégique) mettent clairement en évidence la volonté de générer des effets géopolitiques d’autonomisation stratégique. Bien plus, les drones sont des technologies indispensables pour produire des effets stratégiques de liberté d’expression, d’appréciation, d’accès et d’action dans l’espace. Ils peuvent donner à des petits pays des compétences de leader ou alors des capacités à jouer à armes égales dans les espaces d’intermédiation stratégiques avec les Grandes puissances. Sur une vingtaine d’Etats dans le monde qui possèdent des drones armés, l’Afrique en compte trois : l’Egypte, Algérie, Nigéria. La capacité d’acquisition des drones armés par un cercle restreint d‘Etats africains autorise à penser que les nouvelles technologies sont des outils militaires à vocation résolument stratégique et qui sont dotés d’attributs d’autonomie stratégique (Henrotin, 2013). À l’inverse
des drones non armés, acquérir des drones armés coûte énormément cher et leur achat s’accompagne de nombreuses restrictions. Les Grandes puissances imposent un droit de regard sur leurs achats et les limites géographiques de leur déploiement. L’exemple du drone CH-4 Chinois de type combat acheté par exemple par l’Egypte en 2010 et ses effets sur la lutte contre le terrorisme montre que le coût élevé des nouvelles technologies est en fait le prix de l’autonomie stratégique. De manière synthétique, les drones apportent du poids aux armées dans le monde en fonction des contextes et une forte aptitude à l’action stratégique. La
meilleure dividende opérationnelle des technologies de la troisième dimension (extraatmosphérique et aérienne) est qu’elles sont des technologies de substitution à fort potentiel de projection. L’engagement des drones est adossé sur des buts. En utilisant des technologies d’intermédiation stratégique, les armées africaines peuvent livrer simultanément des guerres sur plusieurs dimensions, mieux contrôler l’évolution des conflits, ou affaiblir leurs adversaires sans avoir à franchir leurs limites spatiales ou s’exposer aux pressions d’autres acteurs (Hugon, 2013). En tant que tel, la finalité stratégique des drones n’est pas seulement de détruire, mais aussi d’avoir la maitrise de son espace de souveraineté. Les programmes de création des bases de drones étrangers en Afrique sont également des boussoles stratégiques qui peuvent expliquer la stratégie d’autonomisation stratégique de certains Etats africains. Dans la course à la maitrise de l’espace d’intermédiation stratégique, l’importation des bases logistiques des drones s’impose comme une nécessité pour les pays africains qui ne réunissent pas les compétences technologiques nécessaires à l’acquisition des drones. On dénombre actuellement plus d’une dizaine de bases militaires de drones américains installés dans de nombreux pays Africains (Niger en 2013, Tunisie en 2016, Cameroun en 2015, Tchad en 2014, Éthiopie en 2013, Sychelles en 2009, Djibouti en 2013, Burkina Faso en 2007, Somalie et Mauritanie) (Cf. Carte suivante).

    Carte : implantation des bases de drones des puissances étrangères

Source : compilé par l’auteur

Si pour certains auteurs, « La multiplication des bases de drones en terrain africain rend compte d’une volonté des nations occidentales d’externaliser leurs politiques de défense », il faut garder en tête que les créations de ces bases logistiques sont des actes politiques issus de partenariats stratégiques. Ils visent à court terme le renforcement capacités des armées africaines et à moyen terme un transfert des technologies (Sourna, 2019). La dronisation tire les armées africaines vers le haut en offrant la possibilité à certains Etats d’entrer dans le cercle très fermé des Etats disposant des bases de drone. Les drones militaires sont des
technologies de haute technicité qui disposent d’une intelligence artificielle et opèrent dans des milieux permissifs qui nécessitent des performances de haut niveau pour leur contrôle et la maîtrise de leurs effets. En somme, il s’agit des technologies qui ne sont pas à la portée de tous les Etats. Les drones d’intermédiation stratégique constituent plus que jamais un outil essentiel d’autonomie stratégique par la stabilité, la visibilité et la souveraineté opérationnelle qu’ils apportent aux armées. La maitrise des technologies est un impératif en raison l’amélioration des capacités de l’adversaire, mais aussi de l’évolution rapide des technologies de rupture stratégique. Grâce à la dronisation et à ses effets stratégiques sur son environnement sécuritaire, certaines armées africaines vont bénéficier d’un reclassement géopolitique. Grâce à sa coopération militaire, le Cameroun a su tirer parti des effets d’interdépendance de la base de drones américains en se construisant une capacité de drone pour des scénarios d’emploi futurs contre les menaces sécuritaires. C’est ce concentré de capacités technologiques qui va permettre selon Global Fire Power 2023, au pays d’occuper le rang de 100 e puissance militaire mondiale et de 17 puissance militaire africaine au lieu de 19 e en 2020 (et 108 e au niveau mondial). Il est clair que La dronisation agit sur la redistribution des cartes s’agissant du positionnement stratégique des Etats (Gouriellec, 2022). Si elle contribue au réveil géopolitique des Etats et à un nouveau partage des rôles, on peut en déduire qu’elle est une boussole stratégique nécessaire aux ambitions de conquête spatiale.

Conclusion

Au fil de ce développement sur l’impact de la dronisation des armées sur le processus de construction d’un imaginaire géopolitique de la conquête spatiale, il est apparu que la maitrise de l’espace n’est plus concevable sans les drones. L’une des premières visées a été d’analyser les drones comme une technologie d’intermédiation stratégique, c’est-à-dire préparatoire à la conquête spatiale. Ce point a enrichi notre compréhension de la relation entre la projection des drones et la maîtrise du milieu spatial, en majorité aéroterrestre. L’analyse a également permis de montrer que les drones sont le chaînon manquant de la conquête spatiale. Parce qu’ils contribuent à la démocratisation de l’accès à l’espace, les drones représentent une nécessité stratégique et opérationnelle pour les armées africaines. À l’image des technologies spatiales, les drones vont permettre aux armées africaines de repousser les limites spatiales autrefois infranchissables. Les drones génèrent une rupture stratégique que les armées doivent maîtriser pour conserver un avantage stratégique. Sans aucun doute, la dronisation est un projet géopolitique ambitieux qui s’inscrit dans la continuité des stratégies d’autonomisation des Etats. Gage de la démocratisation de l’accès à l’espace, de l’économie des forces et de la sobriété stratégique, les drones sont devenus l’un des enjeux majeurs de souveraineté des Etats au XXI siècle. En démultipliant la puissance technologique des armées et en s’imposant comme un facteur de supériorité opérationnelle, les drones plaident pour une quête d’autonomie stratégique. Pour les armées, cette quête de l’autonomie stratégique passe par la capacité à agir sur l’espace. Les industries de drones donnent une première impulsion à cette ambition. La création des bases de drones vient traduire cette ambition d’autonomie stratégique en composante géopolitique de surveillance du continent africain. La dronisation des armées africaines n’est plus une hypothèse, mais état de fait.

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