par Michel Korinman
21 novembre 2024
De Netanyahou à Netanyahou
Le Premier ministre Benyamin Netanyahou, depuis peu 75 ans, a occupé la fonction de 1996-1999, de 2009 à 2021 et de nouveau à partir de 2022 (plus de 17 ans soit plus longtemps que n’importe quel homme politique depuis 1948). Cependant, il est en même temps responsable du 7 octobre 2023, soit de la pire catastrophe sécuritaire après la guerre du Kippour de 1973.Il fait l’objet de manifestations extrêmement hostiles comme lors des deux commémorations du 7 octobre. La coalition qu’il emmène se situe de plus en plus à droite et se trouve séparée d’une bonne partie de la population israélienne. C’est certainement l’homme à la fois le plus haï et le plus révéré du pays.
Et pourtant, plus d’un an après le pogrom et la prise d’otages perpétrés par le Hamas[1] et malgré la polarisation du pays ainsi que l’agression sur sept fronts, Israël se présente comme un ensemble résilient. Mieux : le parti de Netanyahou (dont en gros les deux tiers des Israéliens souhaitent la démission), le Likoud, qui avait perdu la moitié de son électorat durant les six premiers mois suivant le 7 octobre, est repassé en tête des formations. Depuis avril 2024 les sondages remontent. À la suite de trois événements : assassinat d’un général iranien à Damas[2], prévention de l’attaque iranienne qui suit, brillante contre-attaque israélienne sur des cibles considérables en Iran. Nouvel élan en juillet-septembre avec les éliminations du chef du Hamas Ismaël Haniyeh le 31 juillet et du secrétaire général du Hezbollah Hassan Nasrallah le 27 septembre 2024[3] : le Likoud retrouve plus ou moins son niveau d’avant guerre, même si le score se situe nettement plus bas qu’autour de la victoire des droites fin 2022. Gideon Saar[4], ancien rival de Netanyahou, et son parti Nouvel Espoir le rejoignent avec trois autres députés. Inversion de tendance : un sondage publié par le quotidien israélien Maariv place le Likoud en tête des intentions de vote avec 25 sièges (68 à la coalition) sur 120 à la Knesset et traduit un regain de popularité.
Le Premier ministre rebaptise plusieurs fois les conflits militaires en cours : non plus « épées de fer » (dénomination officielle), mais « Guerre de la renaissance » ; comme s’il voulait à travers cette connotation positive gommer le souvenir du 7 octobre. Dans ses discours il traite avant tout de l’attaque sur l’Iran et des avancées d’Israël sur les différents fronts. D’où encore la condamnation souveraine et hautaine de la tentative d’attentat sur sa personne et celle de sa femme Sara dans leur villa de Césarée : une erreur majeure qui n’empêchera pas Jérusalem de poursuivre la guerre[5]. La victoire sur le Hamas sera « totale », affirme-t-il. Sans pour autant mentionner son ministre de la Défense, Yoav Gallant, selon lequel Israël devrait encaisser des « compromis douloureux » afin de récupérer les 101 otages (vivants et morts). Rien d’étonnant à ce que Netayahou annonce le 5 novembre 2024 (pour la deuxième fois après mars 2023) le limogeage de celui-ci parlant de « rupture de confiance » et de «divergences significatives » qui s’étaient creusées les mois précédents dans la gestion du conflit, de désaccords qui avaient fini par être rendus publics ce qui avait même « profité à l’ennemi », ceci alors que le monde entier avait les yeux tournés vers les élections américaines ; il le remplace par Israel Katz, ministre des Affaires étrangères, proposant ce dernier poste à Gideon Saar[6]. Et puis les partenaires radicaux du Premier ministre ont désormais les coudées franches : au moins un tiers du groupe parlementaire du Likoud a appuyé une conférence lors de laquelle des activistes comme Daniella Weiss ont appelé à une colonisation de la bande de Gaza une fois sa population déportée. Au point que selon les médias Netanyahou a dû, lors d’une visite en Israël du secrétaire d’État Antony Blinken, déclarer clairement que les Israéliens n’aspiraient pas au nettoyage ethnique du nord de la bande de Gaza ; et puis son ministre des Finances et chargé de l’administration civile au sein du ministère de la Défense du territoire occupé, Bezalel Smotrich, n’a-t-il pas déclaré que 2025 serait « l’année de la souveraineté sur la Judée et la Samarie »[7]. De même sur le plan international : quand le président français Emmanuel Macron s’en prend sur un ton il est vrai passablement agressif à Israël (créé par l’ONU donc susceptible d’être aboli par la même organisation), le Premier ministre de l’État hébreu lui donne une leçon (méritée) d’histoire[8].
Le ministère israélien de la Défense annonce fin octobre l’attribution d’un « énorme contrat » de quelque 530 millions de dollars à plusieurs sociétés israéliennes pour accélérer le développement du système laser antiaérien Iron Beam qui devrait permettre, ajoutés aux autres moyens de défense déjà utilisés, d’intercepter plus hermétiquement les drones.
Quand la CPI (Cour pénale internationale, procureur en chef Karim Khan accusé d’inconduite sexuelle) émet le 21 novembre 2024 des mandats d’arrêt contre Netanyahou, Gallant (et l’ex-chef militaire du Hamas supposé liquidé Mohammed Deif), c’est toute la classe politique israélienne (ressoudée) qui se révolte avec indignation.
1 Bons baisers de Beyrouth.
Rares sont les pays du monde aussi hypocrites que le Liban où tous trahissent tous. Démographie religieuse complexe en 2024 : chrétiens de toutes dénominations 1 642 548 ; chiites 1 039 487 ; sunnites 1 053 373 ; druzes 206 707. Un pays économiquement dévasté, alors qu’il vient d’intégrer la « liste grise » du Groupe d’action financière international (Gafi) des pays « sous surveillance renforcée du fait de leurs insuffisances structurelles contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme », à un moment où une étude préliminaire de l’ONU prévoit une chute du PIB de 9,2% pour 2024 et alors que certains Libanais pensaient que le contexte de la guerre depuis octobre 2023 leur accorderait un nouveau sursis[9]. Palais présidentiel vacant depuis octobre 2022, toutes les tentatives de médiation ayant échoué jusqu’à présent ; une présentation relayée par Zohad Palti, ancien directeur au ministère israélien de la Défense et ex-directeur du renseignement du Mossad ; ce qui est demandé – au moment où Hassan Nasrallah vient d’être liquidé et vu que l’autre leader chiite du Mouvement Amal avec qui le premier faisait en quelque sorte tandem, Nabih Berri, président du Parlement depuis 1992, ne peut combler le vide –c’est la nomination d’un président, l’affirmation de la souveraineté du Liban et le déploiement de l’armée libanaise le long de la frontière avec Israël[10]. Situation catastrophique qui s’avère clairement avec l’affaiblissement (décapitation) du Hezbollah (80% des missiles et roquettes à portée de jusqu’à 40 km en moins) alors que ce dernier se bat pour sa survie[11] : il n’avait pas pensé (non plus que le Hamas quant à Gaza) que les Israéliens interviendraient au Sud-Liban et au sein du secteur méridional de Dahieh dans la capitale, de même que l’explosion des batteries des « bipeurs » d’environ 2 800 agents du Hezbollah (cyberattaque inédite) l’a complètement ébranlé[12]. C’est évidemment l’État hébreu qui dicte maintenant le rythme du conflit. Même si certains veulent reproduire l’invasion du Liban que nombre d’Israéliens considèrent comme leur Viêt-nam national de 1982 à 2000[13], Jérusalem ne voudrait pas se lancer dans une expédition (guérilla permanente) au Liban, mais tend à un cessez-le-feu à ses conditions : mise en œuvre de la résolution 1701 du Conseil de sécurité de l’ONU (approuvée à la fin des 34 jours de bataille à l’été 2006), soit le retrait du Hezbollah derrière le fleuve Litani et déploiement de l’armée libanaise (très démunie) comme des Casques bleus de la Finul au sud de celui-ci, de façon à ce que les quelque 63 000 réfugiés du Nord d’Israël puissent rentrer chez eux[14]. Au contraire, les Libanais redoutent l’amputation du sud du pays : 1,2 million le nombre de déplacés (lesquels s’ajoutent à plus d’un million et demi de réfugiés syriens) et 25% du territoire menacé selon l’ONU : Israël rasant comme à Gaza toute une bande frontalière et négociant une « zone tampon » sous surveillance internationale plus au nord. Un élu affirme une indéniable solidarité intercommunautaire[15], mais il met en garde quant à un délitement de la « cohésion sociale » au fur et à mesure que se prolonge la guerre. Nombre d’acteurs craignant une détérioration progressive des relations entre les déplacés et les personnes ou instances qui les accueillent « dans un contexte d’extrême polarisation confessionnelle ». Le raisonnement va dans le sens d’une faute des chiites (eux-mêmes les plus affectés par le conflit) qui ont renoncé à la légitimité d’une logique de la dissuasion face à Israël en bombardant en permanence l’État hébreu à partir du 8 octobre par solidarité avec le Hamas et Gaza[16]. Déjà les réflexes historiques recommencent à se manifester dans les quartiers chrétiens de l’est et du nord de Beyrouth : Achrafié ou Gemmayzé avec la multiplication des fanions des Forces libanaises (FL), mouvement chrétien et principal opposant au Hezbollah ; tandis que dans le quartier de Hamra au nord-ouest les volontaires du Mouvement Amal de Nabih Berri et le Parti nationaliste socialiste syrien (PNSS) alliés du Hezbollah sécurisent les rues intérieures, l’armée gérant les axes principaux[17]. D’ailleurs, si Foreign Affairs relevait en juillet que 85% des chiites faisaient confiance au Hezbollah, les opposants chiites déclarent qu’au moins un bon tiers de la communauté serait en réalité coincé dans une relation de dépendance ; nombreux sont ceux pour lesquels le Hezbollah qui a ramené le pays quarante ans en arrière doit « revenir dans le giron de l’État » ; selon certains, l’organisation aurait très peur que sa base militante se rende compte qu’elle a tout offert à l’Iran lequel n’a en revanche rien fait pour les protéger ; et puis il y a l’endoctrinement sunnites vs. chiites (diaboliques) : les uns étant accusés d’avoir tué l’imam Hussein, fils d’Ali et petit-fils de Mahomet ; les autres d’avoir pactisé avec les croisés[18]. Sans compter l’extrême corruption d’un pays ruiné par le Hezbollah qui l’a pris en main dès lors que ce dernier refusait (tout comme) l’Armée du Liban Sud, ALS, aux ordres d’Israël) de désarmer à l’instar des autres factions belligérantes, mais qui peine lui-même à gérer ses 100 000 membres avec le fresh money (valises) ; Israël visant plusieurs agences de l’institution financière Al-Qard al-Hassan qu’elle accuse de financer le Hezbollah au Liban, une activité renforcée depuis la faillite des banques libanaises (couvertes par la milice) en 2019[19]. Plus généralement, Jérusalem disposait d’un véritable réseau de surveillance (et de contact) au Liban : « personne ne se doutait d’un tel maillage »[20]. Qui plus est : Israël a largement recruté chez les opposants syriens réfugiés dans le sud du Liban et totalement hostiles au Hezbollah qui se battait contre eux pour sauver la mise à Bachar al-Assad.
Cependant, ce serait une erreur que d’imaginer un retournement de la population en faveur d’Israël et de l’injonction de Netanyahou en direction des Libanais, leur demandant de « libérer (leur) pays du Hezbollah pour que cette guerre puisse se terminer » ; les observateurs s’accordent à penser qu’aucune force du pays du Cèdre n’est aujourd’hui capable de soumettre le Hezbollah, « aussi affaibli qu’il soit » et que ce serait « la guerre civile » dont une large majorité ne veut pas ; alors que du point de vue israélien l’acceptation par les miliciens d’un cessez-le-feu n’est plus suffisante même si ceux-ci ne persistent plus à lier semblable arrêt des combats au « front du soutien » à Gaza ; c’est maintenant une « reddition » totale qui est exigée[21]. On note par ailleurs que parmi les espions envisagés dans le cadre de la liquidation de Nasrallah figurent aussi bien l’Iran (!) qui aurait choisi de sacrifier le chef du Hezbollah en échange de concessions diplomatiques et économiques (sans compter l’hypothèse d’un officier iranien de haut rang collaborant avec le Mossad) qu’un réseau libanais désireux de transformer le cadre politique du pays (chiites hostiles à la ligne dure du Hezbollah ou bien appartenant aux milieux du renseignement)[22]. Et puis nombre de communautés arabes exultent : à Tyr et dans le Nord du pays, mais aussi dans certains villages du Sud où l’on reproche au Hezbollah d’avoir provoqué les bombardements[23]. De même pour les sunnites irakiens qui supportent avec amertume ce qu’ils considèrent comme un traitement punitif et répressif que leur inflige le gouvernement majoritairement chiite soutenu par l’Iran et la montée en puissance des milices chiites dans le pays. Le Maroc – rétablissement des relations diplomatiques avec l’État hébreu le 10 décembre 2020 dans le cadre d’un accord trilatéral impliquant les États-Unis qui reconnaissent (tout comme officiellement Israël deux ans et demi plus tard) la souveraineté du royaume sur le Sahara occidental et coopération économico-militaire israélo-marocaine – a interdit le deuil national[24].
Conséquence paradoxale du conflit entre le Hezbollah et Israël, les Libanais, s’ils soutiennent (au moins en paroles) la cause palestinienne, refusent catégoriquement une « implantation » permanente dans le pays des réfugiés palestiniens (500 000 ou 250 000 selon les analyses) à 93% sous le seuil de pauvreté alors que le Liban accueille parallèlement plus d’1,5 million de déplacés syriens et sunnites comme ces derniers, ce qui mettrait en péril le fragile équilibre communautaire[25].
2 Téhéran: le piège dans le piège
Les menaces de l’Iran à l’égard d’Israël (et des États-Unis !) sont constantes : après l’attaque de Jérusalem sur l’Iran dans la nuit du 25 au 26 octobre 2024, Téhéran s’était d’abord cantonné dans une certaine réserve, le guide suprême Ali Khamenei déclarant : « “le mal fait par le régime sioniste ne doit être ni exagéré ni minimisé” » ; l’Iran étant « ouvert » à une collaboration avec l’Occident[26]. Mais il n’allait pas tarder à parler d’une réaction « dévastatrice », « féroce et énergique » ; le commandant des gardiens de la révolution, Hossein Salami, d’une réponse « dure et inimaginable », son numéro 2 Ali Fadavi d’une réaction « définitive et inéluctable »[27]. Faire la peau à Netanyahou comme y pense Naïm Qassem le successeur (faute de mieux) de Nasrallah ?[28] En général la direction iranienne, pasdarans inclus, est divisée entre les ultraconservateurs et les « modérés » sur la question de la riposte[29].
Georges Malbrunot distinguait en avril 2024 trois hypothèses[30].
- a) L’option « maximaliste » d’une frappe inédite, lancée depuis le territoire iranien et visant Israël. Comme l’État hébreu répondrait, on serait au bord de l’embrasement général redouté depuis le 7 octobre et cela répondrait aux vœux du Hamas. Ce qui marquerait une rupture de la politique iranienne traditionnelle, Téhéran n’ayant jamais répondu directement à Israël ou aux États-Unis après la liquidation de très hauts cadres de son appareil militaire. Mais comme le pays fait face à la contestation populaire et reste confronté à une grave crise économique, il supporterait difficilement une contre-attaque extrêmement dure d’Israël. D’autant qu’aux premières heures du 26 octobre 2024, Tsahal commence à mener des frappes aériennes sur des cibles aériennes en Iran : opération « Jours de repentance »[31]. Ce sont plus de 100 avions dont des chasseurs furtifs F-35 Lightning II Adir de la base aérienne de Nevatim qui parcourent quelque 2 000 km pour l’attaque, une opération précédente sur des sites radar en Syrie empêchant Téhéran d’obtenir des informations sur les plans de Jérusalem. Selon le quotidien Yediot Aharonot Israël a pris pour cible une usine iranienne de drones ainsi qu’une base secrète à Téhéran ; de même que des batteries S-300 iraniennes de fabrication russe et des sites de missiles balistiques ont été ciblés. D’après deux responsables iraniens dont un membre du Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI), les frappes israéliennes dans la province de Téhéran ont visé des sites de défense clés, notamment le système de défense aérienne S-300 de l’aéroport international Imam Khomeyni qui contribue à protéger la capitale. Plusieurs bases du CGRI auraient été touchées en province, suivies d’une deuxième vague de frappes de drone sur le complexe militaire de Partchine (Parchin), dans la banlieue de Téhéran, un site depuis longtemps cité par Israël et l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) comme lié aux armes nucléaires : trois bâtiments sont endommagés, dont deux impliqués dans le mélange de combustible solide pour les moteurs de missiles balistiques ; 12 mélangeurs planétaires essentiels à la production de missiles à propergol solide ont été détruits, ce qui paralyse la capacité de l’Iran à reconstituer son stock de missiles et il faudrait au moins un an à Téhéran pour reprendre sa production d’engins. Deux soldats appartenant à la Force de défense aérienne ont été tués, ce qui suggère que des systèmes SAM (missiles antiaériens) étaient ciblés, la vulnérabilité de l’Iran à de futures attaques s’en trouvant le cas échéant augmentée[32]. Si l’on ajoute que la Force aérienne de la république islamique d’Iran (IRIAF) est vieillissante, une frappe directe de Téhéran en territoire israélien semble risquée[33].
- b) Une riposte via les proxys pour sauver la face mais « ne pas tomber dans le piège » tendu par Israël en se lançant dans une guerre. Or la situation se présente pour le moment sous de mauvais augures. La question concernant le Hamas est de savoir ce qu’il en reste : il s’est transformé en simple guérilla de groupes camouflés (bien que toujours dangereux) qui a perdu une bonne partie de ses 30 000 hommes et dont les 24 bataillons ont été pour une bonne part démantelés, de même que la division de la bande en deux tronçons rend difficile la coordination ; des centaines des principaux dirigeants et cadres ont été éliminés parmi lesquels les dirigeants des Brigades Izz-al-Din al-Qassam, sa branche armée, difficiles à remplacer par les nouvelles recrues capables à l’inverse de mener un conflit d’usure. Problème majeur, le retrait du Qatar ; de même qu’il a suspendu son rôle de médiateur, ce financier de l’organisation aurait qui plus est exigé qu’elle quitte le pays (coup de communication ?)[34]. Voilà sans doute pourquoi le Hamas serait allé selon une télévision israélienne jusqu’à demander à son rival du Fatah de le remplacer à la tête de Gaza[35].
Quant au Hezbollah qui était censé opérer à la place de l’Iran contre Israël évitant à Téhéran les risques d’une guerre régionale ouverte, comme l’explique le spécialiste israélien du Liban Jacques Neriah il n’est plus en mesure de jouer ce rôle dès lors que Tsahal détruit systématiquement ses entrepôts d’armes et ses tunnels. Le Sud-Liban est devenu une zone morte où les forces spéciales al-Hajj Radwan dont la mission est l’infiltration du territoire israélien avec une attention particulière à la Galilée et au Nord de l’État hébreu ne peuvent plus s’ installer[36]. Au 10 novembre, le Hezbollah avait perdu plus de 2 550 hommes et comptait 5 000 blessés ; l’organisation qui disposait initialement de 5 000 roquettes de moyenne portée en a désormais moins de 1 000. Et en dessous de 100 missiles à guidage de précision (engins côtiers inclus) par rapport aux centaines précédemment[37]. Il est intéressant que la milice ait tout récemment accepté de ne pas installer de nouveau ses moyens militaires au Sud-Liban, mais attention à la taqiya (dissimulation)![38]. Il faudrait que le Hezbollah soit ravitaillé par l’Iran à travers la Syrie, mais les Israéliens frappent la plaine de la Bekaa, base arrière et corridor stratégique du Hezbollah (avec des zones entières désertées par la population) entre les massifs montagneux du mont Liban et de l’Anti-Liban, surveillée par les miliciens et non plus par l’armée (laquelle s’est en grande partie retirée) et reliée à la Syrie voisine au nord et à l’est par où transite le soutien financier et militaire de l’Iran[39]. Évidemment, même si elle ne peut tenir la ligne de front le long de la frontière de l’État hébreu, la milice dispose encore d’une capacité d’action considérable avec notamment des missiles « non encore utilisés, cachés dans les montagnes » de la plaine de la Bekaa, capables d’atteindre Israël en profondeur, par exemple les Fadi 3 (de plus longue portée que les Fadi 1 et 2) utilisés fin septembre pour frapper une base militaire près de Haïfa[40]. Et puis l’Iran pourrait (comme entre 1982 et 1987) combler les vides dans la branche militaire du Hezbollah, dispensant des conseils aux jeunes remplaçants des dirigeants liquidés.
En outre les Israéliens s’emploient à élargir leur présence sur le front syrien pour bloquer précisément les transferts d’armements : des sources ont signalé à Reuters des « travaux » dans la zone démilitarisée qui sépare l’État hébreu de la Syrie sur le plateau du Golan ; Tsahal souhaite « flanquer » la frontière libanaise et à terme établir une bande territoriale d’observation des passages ; ceci avec l’accord des Russes, en principe adversaires, mais pas en Syrie où Poutine et Netanyahou ont établi un modus vivendi : les Russes ont abandonné leur base de renseignement de Harra en face du Golan ; les Israéliens pouvant frapper n’importe quelle cible iranienne ou du Hezbollah[41]. Ce dont ils ne se privent pas[42]. Mieux : Jérusalem n’a pas hésité à placer le président syrien Bachar al-Assad devant un choix décisif : maintenir son alliance au sein de l’axe iranien au risque de perdre le pouvoir, la réception d’armements et de financements via le territoire syrien contraignant Israël à envisager de le (faire) renverser, ou bien améliorer ses relations avec les États arabes, en particulier l’Arabie saoudite, et retirer son soutien à l’Iran ; d’où l’évacuation forcée des militants du Hezbollah de deux positions à Al-Zabadani au nord-ouest de Damas près de la frontière libanaise, liée à des sites de stockage d’armes destinées au Hezbollah ; ce retournement a provoqué une grave dissension entre le président Assad et son frère Maher, commandant la quatrième division de l’armée syrienne (lui-même déjà averti par les Israéliens)[43].
Jérusalem a aussi envoyé des messages d’avertissement au gouvernement irakien, « lui demandant de contrôler les milices (chiites fidèles à l’Iran) et d’empêcher l’Iran d’utiliser le territoire irakien comme théâtre de guerre contre Israël ». Les sources irakiennes soulignant que Téhéran n’avait pas informé Bagdad de quelconques attaques à partir de son territoire et que les autorités ne permettraient pas qu’il serve de base à un conflit qui pourrait nuire à l’Irak[44]. Réponse positive du Premier ministre Mohammed Shia al-Soudani qui a demandé à plusieurs parties de faire pression sur les Israéliens : si Israël n’attaque pas l’Irak, l’Iran n’utilisera pas le territoire irakien pour riposter contre l’État hébreu. Les Irakiens n’ont cependant pas réussi à convaincre les groupes armés proiraniens d’arrêter leurs activités militaires contre Israël ! (rien d’étonnant en vérité)[45].
Pour ce qui est des Houthis du Yémen appuyés et armés par l’Iran, le front de la mer Rouge s’est ouvert avec des menaces pro-Hamas le 10 octobre 2023, une attaque sur Eilat se produisant le 31 octobre au matin (interception des missiles et des drones par des chasseurs F-15 grâce au système Arrow) ; un gigantesque pont aérien ayant été mis en place par les États-Unis qui frapperont en janvier (avec leurs alliés), en octobre (avec ou sans les Britanniques) et en novembre 2024 : transfert de Patriot (missiles sol-air à moyenne portée) et de batteries Thaad (Terminal High Altitude Area Defense) + 100 soldats américains atterris le lundi 14 octobre sur la base aéronautique de Nevatim[46] ; grand déploiement aéronaval qui va de la Méditerranée au golfe Persique et inclut la mer Rouge[47]. Mais les Israéliens ne sont pas en reste : au lendemain d’une attaque au drone meurtrière des Houthis soi-disant solidaires des Palestiniens de Gaza contre Tel-Aviv (attaques contre des navires présentés comme liés à Israël en mer Rouge et dans le golfe d’Aden), ils frappent le samedi 20 juillet 2024 le port d’Hodeida, au Yémen, y déclenchant un énorme incendie (installations de stockage de carburant). Le 21, l’armée israélienne déclare au demeurant avoir intercepté un missile venant du Yémen. Les Houthis déclarent vouloir répondre à l’escalade par l’escalade, mais Netanyahou les prévient : « Nous nous défendrons par tous les moyens »[48]. Problème majeur pour les Iraniens, un double jeu avéré puisqu’ils mènent des discussions « secrètes » sur d’éventuelles livraisons de missiles russes aux Houthis tout en lançant une offensive de débat international quant à son programme nucléaire[49].
Et pourquoi pas tant qu’à faire les shebab somaliens ?
Après l’attaque échouée de Téhéran le 1er octobre 2024 avec 181 vecteurs balistiques (« Promesse honnête 2 »)[50], on voit bien photos à Beyrouth à l’appui que le Premier ministre par intérim libanais Najib Mikati prend ses distances par rapport au ministre des Affaires étrangères iranien Abbas Araghchi[51]. Dans le même sens : lors d’un sermon tenu très largement en arabe (!) en tant que commémoration de l’élimination de Nasrallah à la mosquée Imam Khomeini Grand Mosalla, le guide devra s’évertuer à convaincre les « musulmans du Moyen-Orient », en particulier le Hezbollah et le Hamas « épuisés, en colère et déçus », et qui surtout l’accusent de les avoir abandonnés au profit d’arrangements clandestins sur les sanctions avec les États-Unis en échange d’une désescalade (de-escalation)[52].
- L’attaque des intérêts israéliens (et juifs) ou occidentaux en général dans d’autres régions que le Moyen-Orient. Selon Abbas Araghchi, le monde doit savoir qu’une propagation de « l’insécurité et l’instabilité » peuvent gagner des régions très lointaines[53]. l’Iran n’a-t-il pas appelé tous les musulmans du monde à réagir ?[54] D’où la présomption d’assassinat de Donald Trump avant les élections du 5 novembre par les gardiens de la révolution via un Afghan, reporté dans la mesure où ces derniers n’ont pas cru à une victoire du candidat républicain[55]. Certains observateurs pointent l’Iran du doigt quant à la chasse aux Israéliens et aux Juifs à la suite du match de Ligue Europa entre l’AFC Ajax (une équipe historiquement très proche de la communauté juive) et le Maccabi Tel-Aviv, les policiers (souvent musulmans ?) se gardant d’intervenir et faisant largement valoir l’objection de conscience alors que le public reste impuissant (inerte ?) ; Benyamin Netanyahou (de même que le procureur René de Beukelaer parle clairement d’une agression antisémite) évoque la nuit de Cristal du 9-10 novembre 1938 et exige une sécurité accrue pour la communauté juive des Pays-Bas[56]. La presse fait remarquer que les agresseurs étaient majoritairement des jeunes Néerlandais portant des noms arabes (une communauté constituant 10% des habitants d’Amsterdam) issus de quartiers « difficiles » comme Bos et Lommer, coordonnés sur Telegram, par échanges de SMS sur les téléphones et avec l’appui de beaucoup de chauffeurs de taxi de même origine. Même si l’indignation nationale et internationale apparaît comme générale : Ursula von der Leyen, le souverain des Pays-Bas Willem-Alexander qui condamne fermement, le Premier ministre Dick Schoof qui souligne le rôle des jeunes issus de l’immigration[57] et en particulier comme dans plusieurs pays d’Europe le chef populiste de droite du Partij voor de Vrijheid (PVV, Parti pour la liberté), première formation aux élections anticipées de novembre 2023), Geert Wilders demande sur X l’expulsion des auteurs de la « chasse aux Juifs » à Amsterdam »[58]. Bien que cette dernière ait immédiatement clamé sa honte, le journaliste Maarten van Aalderen reproche à la maire (de gauche) d’Amsterdam, Femke Halsema, une sous-évaluation criante de la situation[59]. De fait il s’est agi d’une grande embuscade extrêmement organisée et préparée depuis des journées entières ; fait intriguant, les services secrets israéliens avaient mis en garde leurs homologues néerlandais quant aux activités du mouvement propalestinien sur les réseaux sociaux[60]. Les observateurs nord-européens ont signalé des contacts possibles entre les appareils iraniens et des gangs en vue de frappes sur les opposants et des objectifs juifs, les trafiquants de drogue servant d’intermédiaires[61]. Rien d’étonnant à ce que certains soupçonnent la présence active d’un État, l’Iran ?, derrière un mouvement aussi structuré que celui d’Amsterdam.
La chercheuse Mahnaz Shirali le montre précisément à propos du conflit Iran-Irak de 1980-1988 sous Khomeyni : « Politiquement, la guerre accélère la nécessité de faire appel à la légitimation religieuse…Religieusement, la guerre opère un prodigieux travail de désacralisation, autant au niveau individuel que social, au titre de la contrainte et de la légitimation ». Tout se justifie par la religion : « Désormais, l’ensemble du plérôme[62] des “Quatorze immaculés” » devient l’instrument privilégié de légitimation de la violence, contre les ennemis extérieurs et particulièrement contre les opposants à l’intérieur du pays ». Le Prophète n’a-t-il pas conquis le monde par la force du glaive ? Les douze Imams du chiisme ont-ils jamais eu pitié des ennemis de l’islam ? C’est d’un véritable « basculement du religieux en politique » qu’il s’agit : c’est « parce que le régime a le “devoir sacré” de mettre en œuvre
la volonté de Dieu Tout-Puissant » qu’il exerce la violence[63]. Plus question de transcendance. Et au fond, même s’il accepte le cessez-le-feu exigé par la Résolution 598 du Conseil de sécurité de l’ONU, Khomeyni continue à jouir dogmatiquement du droit de vie et de mort sur ses ennemis comme sur ses concitoyens. Aide-toi, le ciel, de toute façon, t’aidera.
Mais le ciel n’empêche pas l’Iran de se trouver désormais dans une impasse. Les ayatollahs ont sous-évalué la détermination des Israéliens après le pogrom du 7 octobre et se sont aussi bien trompés en misant sur une stratégie des « mille percées » à partir des proxys : l’arsenal du Hezbollah devant interdire à Israël de lancer une offensive de grand style contre leur propre territoire. De la même manière, les missiles balistiques de longue portée de l’Iran ont démontré une incapacité contre un pays militairement supérieur (sans parler de l’appui des États-Unis). Enfin, la menace nucléaire ne semble pas non plus très efficace : selon le gouvernement américain,Téhéran peut se doter en une ou deux semaines du matériau nécessaire à la production d’une bombe, mais il lui faudrait plus d’un an pour développer une ogive opérationnelle quant au déclenchement d’une guerre dont au fond il ne veut pas, sachant qu’il la perdrait. D’où l’intérêt subitement affiché pour de nouvelles négociations sur le nucléaire de façon à récupérer un peu d’oxygène en politique intérieure ; mais Ali Khamenei réussira-t-il à stabiliser la République islamique avec son idéologie fondamentaliste au-delà de sa propre disparition ? Rien n’est moins sûr[64].
3 Embrouillements sunnnites
À la fin du sommet de Riyad du 11 novembre 2024, les dirigeants de pays arabes et musulmans (Ligue arabe et Organisation de la coopération islamique) ont appelé Israël à se retirer totalement des territoires arabes « occupés » afin de parvenir à une paix régionale globale et plaidé pour la création d’un État palestinien avec Jérusalem-Est comme capitale.
Et pourtant : le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane n’a-t-il pas déclaré lors d’un entretien avec Antony Blinken le 8 janvier 2024 à Al-Ula (malgré des dénégations ultérieures d’un fonctionnaire et du prince Turki al-Fayçal) qu’il ne se sentait pas « personnellement » concerné par la question palestinienne, mais que la population de son pays s’impliquait au contraire dans le sens d’un soutien total aux Palestiniens et qu’elle était favorable à plus de 90% (70% plus jeunes que lui et découvrant le problème à l’occasion du conflit) à une rupture des relations entre les pays arabes et Israël ; mieux : il rappelle au secrétaire d’État américain le destin du président égyptien Anouar el-Sadate assassiné en 1981 soit peu de temps après la signature d’un accord de paix avec Israël et signale que la moitié de ses conseillers sont contraires à une pareille prise de risque ; des mesures énergiques de répression ont été toutefois adoptées contre des personnes ayant exprimé des positions à propos du conflit sur les réseaux sociaux ou porté le keffieh palestinien à La Mecque ; les Israéliens pouvaient rentrer à Gaza « dans six mois, dans un an » mais pas en fonction d’un quelconque accord de sa part[65]. Il y a plus : durant le conflit Iran-Israël de 2024, l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont apporté un soutien en renseignement. Et puis : les pays du Golfe, en particulier les deux derniers, se confinent dans l’attentisme quand il s’agit d’investir au Liban avant qu’un accord régional au Moyen-Orient ait été trouvé qui entraînerait un affaiblissement de l’Iran (même si l’Arabie saoudite s’est pour la forme réconciliée avec celui-ci en 2023) et du Hezbollah, soit une « recomposition de la scène libanaise » favorable à leurs intérêts[66]. Au demeurant, Téhéran ne se gêne pas pour menacer ostensiblement ses voisins : il peut pour sa part fermer le détroit d’Ormuz et par là l’artère du transport maritime de pétrole (un tiers de la production mondiale), ce qui ferait monter le prix du pétrole à 100-130 dollars/baril[67] ; ainsi qu’opérer par Houthis et Kataeb Hezbollah irakiens interposés : au cas où Riyad soutiendrait Jérusalem dans une attaque contre les raffineries ou les terminaux iraniens, une « guerre énergétique » serait lancée contre les infrastructures saoudiennes et émiraties, le message allant également à la Jordanie et au Qatar (!)[68]. Fait particulièrement intéressant : les Saoudiens font partie des « traîtres » supposés dans les spéculations sur la mort de Nasrallah[69].
Certes la reine d’une Jordanie liée à l’État hébreu par un traité de paix depuis le 26 octobre 1994, Rania al-Yassin, fille de Palestiniens originaires de Tulkarem (Cisjordanie) et née au Koweït, en appelle à Israël : « Sans la paix, pas de sécurité » et elle demande à la communauté internationale d’« arrêter le bain de sang »[70]. Mais elle et le roi n’ignorent rien du danger encouru par le royaume (la rue), comme lors de l’attentat (trois Israéliens assassinés par un camionneur jordanien) au point de passage Allenby[71]. D’où leur assistance d’abord lors de l’attaque sur Israël le 13 avril 2024 au soir (opération « Promesse honnête ») avec nombre de drones Shahed 136 et plus tard dans la nuit de missiles balistiques et de croisière emportant des charges conventionnelles (soit environ 330 engins) tirés depuis le territoire iranien et par les Houthis dont la plupart sont interceptés en vol par les défenses antiaériennes israéliennes, américaines, britanniques, françaises et jordaniennes ; ensuite le 1er octobre : là encore le royaume fait partie d’une coalition qui coopère de manière ouverte ou couverte sous la direction de Washington à un bouclier destiné à contenir l’Iran sur le plan des missiles, un pacte perfectible mais qui a souvent fonctionné[72].
On notera que la nébuleuse Égypte, elle aussi pourtant liée à Israël par le traité de paix (désormais extrêmement froide) du 26 mars 1979, a autorisé des transferts massifs de financements et d’armements au Hamas à travers le corridor de Philadephie qui la sépare de Gaza. Les rapports sont largement détériorés, mais Le Caire panique à l’idée d’un afflux massif de Palestiniens dans le Sinaï ; il reste donc timide lors d’incidents avec Israël et désamorce les conflits par exemple lors de la mort d’un soldat égyptien fin mai 2024, évitant de jeter de l’huile sur le feu ; le maréchal-président Abdel Fattah al-Sissi redoute des affrontements ultérieurs à la frontière et craint que l’opinion publique, extraordinairement propalestinienne, ne se radicalise encore[73].
4 Washington-Jérusalem : le retour de Donald Trump
On comprend que les Iraniens se fassent du souci après l’élection triomphale de Donald Trump le 5 novembre 2024. Le président élu n’est-il pas celui qui ordonna en janvier 2020 la liquidation à Bagdad de Qassem Soleimani, « le tout-puissant général » qui avait permis à l’Iran de développer son réseau de mandataires au Moyen-Orient que Benyamin Netanyahou veut aujourd’hui soumettre. Et puis il y a les deux décisions de 2018 : le retrait de l’accord international sur le nucléaire laborieusement destiné à brider les ambitions nucléaires de Téhéran et l’imposition de sanctions contre ses exportations de pétrole (réduction du pouvoir d’achat en raison d’une dépréciation de sa monnaie) alors que l’Iran se méfie de la Chine qui le considère comme une « variable d’ajustement ». Ainsi que sa déclaration à l’automne : « Israël devait mener une attaque préventive contre les installations nucléaires iraniennes » après les frappes iraniennes aux missiles contre des sites militaires israéliens le 1er octobre (ou bien poursuivre des assassinats ciblés sur le territoire iranien), tout en maintenant que les États-Unis n’étaient pas prêts à entrer en guerre contre ce pays[74]. Deux hypothèses à cet égard. 1)L’annulation des négociations conduites par Joe Biden et Antony Blinken avec le Hamas et le Hezbollah, mais l’acceptation par l’État hébreu d’un cessez-le-feu à Gaza et au Liban, Tsahal demeurant dans la bande et au Sud-Liban afin de garantir militairement la sécurité d’Israël, donc plus de retrait des soldats israéliens, plus de force panarabe d’interposition, plus de restitution de souveraineté aux Palestiniens. 2) C’en est fini de la stratégie d’endiguement de l’Iran, source première de terrorisme et d’instabilité dans la région, qui ne suffit plus, le Premier ministre israélien étant prêt à bombarder les implantations iraniennes d’enrichissement d’uranium et à empêcher du même coup Téhéran d’achever le cycle menant à l’obtention de la bombe atomique[75] ; Netanyahou restant convaincu (avec 80% des Iraniens ?[76]) de la nécessité d’un regime change, soit de la nécessité d’une chute du pouvoir des ayatollahs à Téhéran. D’autant qu’Israël est un peuple historien. Les Israéliens ont appris l’histoire de l’immense Empire perse (achéménide), premier véritable empire mondial, cette « addition » prodigieuse de pays, de peuples, de langues et de cultures entre Asie centrale et Haute-Égypte, Indus et Danube à partir de l’Iran méridional sous la direction de Cyrus le Grand autour de 550 avant J.-C., ainsi que de leur libération par le roi des rois[77]. Ils n’ont rien oublié de la reine Esther (Livre d’Esther) épouse du roi Assuérus généralement identifié à Xerxès 1er ou à Artaxerxès 1er, commémorée traditionnellement lors de la fête de Pourim[78]. Ils se souviennent que l’Iran fut le deuxième pays à majorité musulmane (après la Turquie – 1949 et de jure l’année suivante) à reconnaître de facto l’État hébreu en 1950 (annonce officielle par le chah dix ans plus tard), alors qu’environ150 000 juifs irakiens étaient arrivés dès 1948 et surtout à partir de 1958 en Israël en passant par l’Iran[79] ; même s’il vota la Résolution 3379 de l’ONU qui assimilait le sionisme au racisme en 1975, l’État Pahlavi allait entretenir des relations cordiales et tous azimuts avec Israël, le Projet Fleur soit une tentative irano-israélienne de créer un nouveau missile balistique (1977-1979) étant un exemple de développement de projets militaires en coentreprise des deux pays[80]. Cette relation allait paradoxalement se poursuivre secrètement dans les années 1980 (livraisons de missiles par Israël à Téhéran pendant la guerre Iran-Irak de 1980-1988) sous la révolution islamique cependant que se produisait un retournement via le « réveil des minorités » (chiites) après l’invasion du Liban par Israël en 1982. Les Israéliens souhaitent à l’évidence un renversement positif de l’histoire.
Deux inconnues dans pareil cadre de relance de « grande alliance » entre l’Amérique et Israël. Jusqu’où irait Trump dans le soutien aux desseins de Netanyahou ? On n’en sait rien[81]. Et il y a le problème russe puisque les usines iraniennes fournissent Moscou en drones et autres engins dans le contexte de la guerre en Ukraine[82]. Préalable alors une médiation américaine qui assure une paix acceptable pour les deux parties russe et ukrainienne (maintien des Russes rapprochés de l’Occident sur les territoires occupés en échange d’un ralentissement voire d’une interruption des fournitures militaires US) ; il conviendrait surtout d’éviter la transformation d’une Ukraine sans Volodymyr Zelensky, démissionnaire ou démissionné[83] en une sorte d’Afghanistan ou de Libye ; l’idéal serait probablement d’en revenir aux propositions anciennes de neutralisation du pays. Mais qui assumerait dès lors la tutelle de l’Ukraine et la garantie de non-agresssion par les Russes ? Difficile de faire admettre aux opinions publiques européennes que l’UE devrait se substituer à l’Amérique[84].
Rassurons-nous. Heureusement pour l’Occident, le « Sud global », comme s’en explique avec pertinence Gilles Kepel, cela n’existe pas[85]. C’est un mot-valise qui regroupe tant l’ancien tiers-monde que la Chine de Xi et la Russie de Poutine ; même si cette dernière se proclame champion des BRICS+ (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud ainsi que depuis 2024 l’Égypte, les Émirats arabes unis, l’Éthiopie et l’Iran[86]) et bien qu’elle ait tenté en vain de réunir Hamas et Fatah tout en déroulant le tapis rouge à Ali Khamenei, guide suprême de la Révolution islamique depuis 1989 (turban noir qui indique une descendance du prophète Mahomet), Moscou fait aussi bien face à une menace djihadiste sur son territoire, comme l’a illustré l’attentat au Crocus City Hall à Krasnogorsk dans la banlieue de Moscou le 22 mars 2024 perpétré par l’État islamique au Khorassan (EI-K) ; d’autant que la démographie russe reste extrêmement faible alors que celle des populations musulmanes, du Caucase à l’Asie centrale, représente 20% de la Fédération (30% dans dix ans). Par ailleurs, l’Argentine refuse finalement de rejoindre les BRICS après la victoire de Javier Milei à l’élection présidentielle de novembre 2023 et se rapproche des États-Unis. En février 2024, l’Arabie saoudite bien qu’invitée en tant que nouveau membre n’a toujours pas confirmé son acceptation. En octobre 2024, l’Algérie dont la demande d’adhésion a été rejetée en août 2023 renonce définitivement à son entrée dans les BRICS+. Au moment du sommet de Kazan (22-24 octobre 2024) le Brésil maintient son veto à l’intégration du Venezuela, tout en cultivant de bonnes relations avec plusieurs États occidentaux[87]. Le rapport à l’Arabie saoudite demeure flou : le drapeau du pays était tout à fait visible durant cette même réunion, mais en l’absence du prince héritier Mohammed ben Salmane (MBS) remplacé par son ministre des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhan Al Saoud, qui ne siégeait d’ailleurs pas aux côtés des neuf représentants réunis autour de Vladimir Poutine.
D’autre part, certains pays souvent désignés comme des « ambassadeurs » au sein des BRICS+ comme l’Inde, l’Égypte ou l’Éthiopie ne considèrent pas cette organisation comme un front antioccidental.Ils ne seraient pas antioccidentaux, mais plutôt en désaccord avec le G7 qui exclut des superpuissances économiques telle l’Inde et la Chine[88].
PS Début novembre, les commentateurs vont dans le sens d’un gel par l’Iran de l’attaque contre Israël dès lors que Donald Trump arrive au pouvoir et du fait que la marge de manœuvre de Jérusalem tend du même coup à s’élargir. Téhéran aurait demandé au Hezbollah de faire le travail à sa place en intensifiant les attaques de roquettes sur le territoire israélien. De fait, les Iraniens « reportent » leur riposte à l’investiture de Donald Trump le 20 janvier 2025.
[1] Cf. Christian Meier, « Fest im Sattel », Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), 29 octobre 2024. La division s’oriente en fonction de la question des otages, « totalement politisée » : plus on se situe à gauche, plus large apparaît la volonté d’accord avec le Hamas ; plus on est à droite, plus on opte pour l’offensive militaire.
[2] Cf. Andrea Nicastro, « Siria, raid sull’ambasciata iraniana Teheran : Israele paghera », Corriere della Sera, 2 avril 2024 : frappe israélienne sur l’enceinte diplomatique iranienne ; sept gardiens de la révolution islamique (pasdarans) éliminés parmi lesquels un général de haut rang.
[3] Cf. Amaury Coutansais-Pervinquière, « Liban : que sont les bombes “anti-bunker”, soupçonnées d’avoir éliminé l’ancien chef du Hezbollah ? », Le Figaro, 30 septembre-1er octobre 2024 : huit avions étaient équipés d’au moins quinze bombes de 900 kg ; les Israéliens auraient également utilisé des bombes guidées MK-84 américaines, munies d’un système Joint Direct Attack Munition (JDAM) permettant un guidage par satellite ; de même pour la présence de bombes BLU-109 elles aussi pourvue d’un kit JDAM ; deux munitions extrêmement destructrices avec 400 et 200 kg d’explosifs respectivement. Voir plus généralement l’intéressant ouvrage de Sven Lindqvist, A History Of Bombing, Londres, Granta Publications, (2001) 2002 = Nu Dog Du, Stockholm, Albert Bonniers Förlag, 1999.
[4] i24NEWS, 11 novembre 2024, « “Créer un État palestinien aujourd’hui reviendrait à créer un État du Hamas” (nouveau ministre israélien des Affaires étrangères) ».
[5] Cf. Majid Sattar, « Netajahu : Wenn ihr uns angreift, greifen wir euch an », FAZ, 28 septembre 2024 : devant l’Assemblée générale de l’ONU le Premier ministre se dit prêt à la guerre totale au risque d’irriter les États-Unis qui perdent patience en la personne de John Kirby, chargé de la communication stratégique au Conseil de sécurité nationale, alors que ceux-ci avaient proposé une trêve de 21 jours entre Israël et le Hezbollah ; « Israel greift Geheimdienst der Hizbullah an », FAZ, 21 octobre 2024 : attaque de l’État hébreu sur une centrale de renseignement du Hezbollah dans une banlieue de Beyrouth ainsi que d’une usine souterraine d’armements en réaction à la tentative d’assassinat du couple Netanyahou.
[6] Cf. Jenni Frazer, « Netanyahu sacks defence minister Yoav Gallant », Jewish News, 5 novembre 2024, https://www.jewishnews.co.uk [5 novembre 2024] ; Tamar Michaelis, Tara John, Mick Krever, « Netanyahu fires Israeli Defense Minister Yoav Gallant, after months of clashes over war and politics », CNN World, 5 novembre 2024, https://edition.cnn.com/2024/11/05/middleeast/netanyahu-yoav-gallant-inti-Iatam/index.html
[5 novembre 2024] ; Francesco Battistini, « Netanyahu licenzia Gallant Scontri fuori dalla casa del premier », Corriere della Sera, 6 novembre 2024. En mars 2023 il s’agissait d’une opposition sur la réforme judiciaire visant à limiter les prérogatives de la Cour suprême ; Netanyahou avait renoncé cette première fois devant les protestations massives. La grande popularité et les rapports étroits de Gallant avec Lloyd Austin, secrétaire à la Défense des États-Unis, faisaient évidemment obstacle à une collaboration durable. Les religieux lui reprochaient d’avoir rappelé 10 000 juifs ultraorthodoxes sous les drapeaux. On avait inévitablement voulu l’impliquer dans le scandale du « BibiLeaks », soit la fuite présumée de documents classifiés, gênante pour Netanyahou. Le public s’enflamme avec des milliers de manifestants devant le ministère de la Défense à Tel-Aviv ; points de barrage en face de la résidence du Premier ministre ; affrontements dans tout le pays malgré le péril des roquettes lancées à partir du Liban et à la veille d’une possible attaque iranienne. Les familles des otages voient dans pareille action un moyen d’enterrer définitivement les négociations avec le Hamas. Les amateurs d’« Israël contre Israël », pour un temps, se délecteront.
[7] Cf. Alexander Haneke, « Israel und der “Plan der Generäle », FAZ, 16 novembre 2024 qui s’interroge sur le droit des militaires à verrouiller le Nord de la bande de Gaza comme le préconisent l’ex-chef du Conseil national de sécurité Giora Eiland et un certain nombre de généraux à la retraite en arrêtant les livraisons humanitaires pour forcer les habitants au départ, un projet apparemment contesté par plusieurs de leurs collègues ; le problème est que des dizaines de milliers de Palestiniens qui sont restés au Sud ne croient pas qu’Israël leur permettra de retourner au Nord une fois les combats menés à terme ; sans compter le débat juridique très compliqué. Voir aussi Guillaume de Dieuleveult, « Le nord de la bande de Gaza plonge dans l’enfer », Le Figaro, 16 novembre 2024 : le « corridor de Netzarim », du nom d’une ancienne colonie israélienne évacuée en 2005, coupe la bande de Gaza en deux parties ; le gouvernement de Gaza-Nord est lui aussi séparé du reste du territoire par une route créée et contrôlée par l’armée israélienne. Id., « Ces colons qui veulent s’installer au Goush Katif », ibid. : le mouvement que véhicule la frange du mouvement Nachala qui prône le retour des colonies dans la bande de Gaza bénéficie du soutien d’une partie non négligeable de la population, 33% des juifs israéliens s’identifiant à droite selon un sondage de l’Israeli Democracy Institute d’avril ; six « groupes de colonisation » regroupant 700 familles affirment que les Palestiniens vivant dans la bande de Gaza ont « perdu leur droit à être là » mais peuvent le cas échéant demeurer « pourvu qu’ils se soumettent à la loi israélienne ». Et Guillaume de Dieuleveult, « L’ombre de l’annexion plane sur la Cisjordanie », Le Figaro, 21 novembre 2024 : annexion totale ou partielle réduisant les territoires palestiniens à des bantoustans ?
[8] C’est aussi après la liquidation du chef du Hamas Yahya Sinwar le 16 octobre 2024 l’opposition entre Joe Biden et Benyamin Netanyahou, le Président américain plaidant en faveur d’un cessez-le-feu en échange de la libération des otages puisque le principal obstacle, soit l’architecte du 7 octobre, n’est plus, cf. Christian Meier, Majid Sattar, « Ob es zur Waffenruhe kommt, hängt vor allem von Israel ab », FAZ, 19 octobre 2024. Sur l’ambiguïté du Premier ministre israélien quant au « jour d’après », cf. Davide Frattini, « Israele, che cosa succede adesso Netanyahu : è l’inizio della fine », Corriere della Sera, 18 octobre 2024.
[9] « Blanchiment : le Liban pointé du doigt par le gendarme international Le pays intègre la liste grise du Gafi au moment où il est soumis à une guerre destructrice », Le Figaro, 28 octobre 2024 ; Sybille Rizk, « La guerre aggrave l’effondrement économique du Liban », Le Figaro, 18 novembre 2024 : le coût du conflit dépasse déjà les 8,5 milliards de dollars, selon le premier chiffrage de la Banque mondiale, soit plus de 40% du PIB ; 3 386 tués et 14 417 blessés, près de 1,3 million de personnes déplacées depuis l’ouverture par le Hezbollah d’un front de soutien à Gaza le 8 octobre ; dommages matériels estimés à 3,4 milliards de dollars (82% dus aux dégâts sur les bâtiments résidentiels et 99 209 unités d’habitations touchées) ; la consommation est en berne ; perte de 15 ans de croissance.
[10] Cf. Sybille Rizk, « La mort de Hassan Nasrallah ébranle la scène politique libanaise », Le Figaro, 9 octobre 2024.
[11] Cf. Entretien avec Jacques Neriah, « Die Hizbullah kämpft um ihr Überleben », FAZ, 6 novembre 2024 ; Amir Bohbot, « IDF reveals Hezbollah missile arsenal severely depleted since beginning of operations », Jerusalem Post / Middle East, 10 novembre 2024, https://www.jpost.com/middle-east/article-828349 [11 novembre 2024].
[12] Cf. Marta Serafini, « Raid sulla riunione dei capi : attaco al cuore di Hezbollah », Corriere della Sera, 21 septembre 2024 ; M. Ser. « I dodici comandanti uccisi nel blitz su Beirut Così la leadership è stata “smantellata” », Corriere della Sera, 22 septembre 2024 ; Guillaume de Dieuleveult, « L’explosion des “bipeurs” du Hezbollah survient en pleine montée des tensions avec Israël », Le Figaro, 17 septembre 2024 ; i24NEWS, 21 septembre 2024, « Tensions croissantes entre le Hezbollah et l’Iran : un changement de stratégie se profile dès lors que Téhéran ne fait plus confiance aux enquêtes de la milice concernant l’explosion des bipeurs et a envoyé sa propre délégation. Et Andrea Nicastro, « Da Teheran arriva un “reggente” per il Parti di Dio, il pasdaran Baqir », Corriere della Sera, 14 octobre 2024.
[13] Cf. Davide Frattini, « Lo Choc delle radio, i raid, l’imboscata Israele detta il ritmo dell’”altra” guerra », Corriere della Sera, 21 septembre 2024 ; id., « Lo Stato ebraico alza il livello di allerta L’Iran e il dilemma su quanto allargare l’”anello di fuoco” », Corriere della Sera, 28 septembre 2024 : trop d’Israéliens ont en mémoire l’expérience traumatisante des 18 années d’occupation du Sud-Liban (1982/1985-2000). Pour les pertes humaines et les déplacements forcés de population ou encore l’émigration externe, cf. l’ouvrage très précis de Boutros Labaki, Khalil Abou Rjeily, Bilan des guerres du Liban 1975-1990, Paris, L’Harmattan, 1993.
[14] Ce qui va dans le sens du cadeau que souhaiterait faire Netanyahou à son ami Trump Président élu, cf. Davide Frattini, « Il regalo di Netanyahu all’amico Donald : tregua con Hezbollah », Corriere della Sera, 15 novembre 2024 : une trêve temporaire au Liban avec supervision américaine et britannique de la zone où se sera déployée l’armée libanaise pendant 60 jours.
[15] Voir le communiqué commun de Nabih Berri, de Najib Mikati Premier ministre par intérim et du leader druze Walid Joumblatt qui réitère l’adhésion du Liban au projet de cessez-le-feu parrainé par la France et les États-Unis.
[16] Cf. Sybille Rizk, « Le Liban redoute d’être amputé du sud du pays », Le Figaro, 21 octobre 2024.
[17] Cf. Muriel Rozelier, « Minée par la peur et les réflexes communautaires », Beyrouth se barricade », Le Figaro, 21 octobre 2024.
[18] Cf. Mayeul Aldebert, « La double peine des chiites opposés au Hezbollah », Le Figaro, 24 octobre 2024 ; MaryClare Roche, Michael Robbins, « What the Lebanese People Really Think of Hezbollah And How Their Views Might Shape the Next Phase of Conflict in the Middle East », Foreign Affairs, 12 juillet 2024.
[19] Cf. Louis Chahuneau, « Pourquoi Israël s’attaque à Al-Qard al-Hassan, l’institution financière affiliée au Hezbollah », France 24, À LaUne / Moyen-Orient, 21 octobre 2024, https://www.france24.com/fr/moyen-orient/20241021-guerre-au-liban-pourquoi-israël-s-attaque-aux-banques-du-hezbollah [13 novembre 2024].
[20] Cf. Georges Malbrunot, « L’Iran imprime sa marque sur la recomposition du Hezbollah », Le Figaro, 21 octobre 2024.
[21] Cf. Sybille Rizk, « Les Libanais inquiets et scandalisés après les menaces de Benyamin Netanyahou », Le Figaro, 10 octobre 2024. Andrea Nicastro, « Nel bunker con i “liberatori” ; “Saremo noi a sciogliere il Libano dalla morsa di Hezbollah” », Corriere della Sera, 13 octobre 2024 pour la naissance le 12 octobre dans un bunker de l’opposition libanaise au Hezbollah ayant fait du Liban un pays en flammes (laquelle ne veut néanmoins isoler personne « pas même le Hezbollah » (branche politique ?) avec Samir Geagea héritier chrétien maronite des phalangistes jadis alliés d’Israël et président des Forces libanaises, Camil Chamoun jr., lui aussi chrétien (maronite) et neveu du second président de l’histoire du Liban, président du Parti national-libéral, de même que l’ancien directeur général des forces intérieures de sécurité/ministre de la Justice Ashraf Rifi en tant qu’unique homme politique musulman (sunnite) : la solution requise consiste à élire un président, à désarmer les milices et à constituer une véritable armée ; les opposants savent que manquent les autres chrétiens, les druzes et ceux des chiites qui ne se reconnaissent pas dans le Hezbollah mais sont convaincus que ces derniers se rallieront tous ; phénomène crucial, ils ne veulent surtout pas passer pour des collaborateurs d’Israël (l’ « ennemi » selon Sethrida, la femme de Geagea).
[22] Cf. Guido Olimpio, « Chi ha tradito Nasrallah Una talpa, gli iraniani, i libanesi o i sauditi (tutte le ipotesi e le motivazioni) », Corriere della Sera, 1er octobre 2024 ; id. « Cimici e talpe tra i pasdaran Così il vertice dell’Asse sciita è stato infiltrato dal Mossad », Corriere della Sera, 4 octobre 2024 ; Marie Lombard, « Un agent double du Mossad à la tête de l’agence anti-Mossad iranienne : le gros coup imputé à Israël », GEO, 2 octobre 2024 : comme le révèle l’ancien président iranien Mahmoud Ahmadinejad le 30 septembre, y compris le chef de l’unité ; tous ont pu fournir à Israël, leur pays de résidence actuel, des informations fondamentales sur le programme nucléaire iranien. Sur le personnage, Anoushiravan Ehteshami, Mahjoob Zweiri, IRAN and the Rise of its Neoconservatives The Politics of Tehran’s Silent Revolution, Londres-New York, I. B. Tauris, 2007, chapitres II, III et IV.
[23] Cf. Marta Serafini, « La conferma : Nasrallah è morto Terremoto in Medio Oriente », Corriere della Sera, 29 septembre 2024.
[24] Cf. Francesco Battistini, « Dall’Egitto ai Paesi del Golfo il sollievo dei “cugini” sunniti (e il Marocco vieta il lutto », Corriere della Sera, 30 septembre 2024 : la moitié du Moyen-Orient se réjouit de la mort du leader chiite.
[25] Cf. Muriel Rozelier, « Le Liban redoute une implantation définitive des réfugiés palestiniens », Le Figaro, 6 février 2024.
[26] Cf. Georges Malbrunot, « La prudence de l’Iran après l’attaque israélienne », Le Figaro, 30 octobre 2024.
[27] « Khamenei droht Feinden Irans », FAZ, 4 novembre 2024. i24NEWS, 5 novembre 2024 : « Israël se prépare à une riposte iranienne tout en restant incertain sur son ampleur ; F. Bat., « L’Iran minaccia l’attaco in Israele Rottura dei negoziati per il Libano », Corriere della Sera, 2 novembre 2024. À souligner impérativement i24NEWS, 13 novembre 2024, « Iran : la population pourrait être réduite de moitié d’ici la fin du siècle » : une des baisses de fécondité les plus rapides au monde. En une seule décennie, le nombre moyen d’enfants par famille est passé de six à moins de trois.
[28] Cf. F. Bat., « Tregua, per il Libano “manca poco” », Corriere della Sera, 31 octobre 2024.
[29] Cf. Greta Privitera, « Risposta o de-escalation A Teheran è scontro tra le anime del regime », Corriere della Sera, 30 septembre 2024. Pour le dilemme iranien, cf. Friederike Böge, « Teheran gibt sich nach aussen unbeteiligt », FAZ, 25 septembre 2024.
[30] Cf. « Les trois scénarios d’une attaque militaire de l’Iran contre l’État hébreu », Le Figaro, 12 avril 2024.
[31] Cf. Francesco Battistini, « Colpiti i siti di missili e radar L’Iran “Ci difenderemo” », Corriere della Sera, 27 octobre 2024 ; id. « Israele s’interroga : avvertimento o prima “tappa” ? Per l’ultradestra “è solo l’inizio” », ibid.
[32] Cf. Guido Olimpio, « Antiaerea, “mixer” e missili : il triplo cerchio di bersagli » che preoccupa gli ayatollah », Corriere della Sera, 28 octobre 2024 : Téhéran pourrait se retrouver avec un trou dans son arsenal et des retards de ravitaillement » ; Guillaume de Dieuleveult, « Les représailles calculées d’Israël contre l’Iran », Le Figaro, 28 octobre 2024 : la balle se trouve désormais dans le camp de Téhéran avec un conflit au grand jour ; « la difficulté pour Israël est alors de répondre à l’Iran sans faire sombrer toute la région dans une guerre dévastatrice » ; mais c’est aux mollahs de savoir comment ils entendent maintenant agir.
[33] Pour une présentation très précise des moyens militaires de l’Iran, cf. l’indispensable rapport de Walter Posch, « Irans Rolle im Nahen Osten Konzepte und Instrumente der Machtprojektion », Kontext Krise | Kriege | Konflikte, Institut für Friedenssicherung und Konfliktmanagement (IFK), n°02/2024, Einsatzbereit für Österreich Bundesheer.AT
[34] i24NEWS, 9 novembre 2024, « Qatar : les dirigeants du Hamas contraints au départ sous pression américaine (médias) », les États-Unis disposant dans le pays de la base militaire d’Al-Udeid, leur plus grande installation au Moyen-Orient ; « Il Qatar si ritira dai negoziati ed espelle Hamas », Corriere della Sera, 10 novembre 2024.
[35] Cf. Guido Olimpio, « Cosa resta di Hamas », Corriere della Sera, 11 novembre 2024. Pour une histoire évidemment datée du Hamas, cf. Khaled Hroub, Hamas Un movimento tra lotta armata e governo della Palestina raccontato da un giornalista di Al Jazeera, Paravia Bruno Mondadori, 2006.
[36] Cf. Entretien avec Jacques Neriah, « Die Hizbullah kämpft um ihr Überleben », op. cit.
[37] Cf. Amir Bohbot, « IDF reveals Hezbollah missile arsenal severely depleted since beginning of operations », op. cit.
[38] i24NEWS, « Le Hezbollah affirme ne pas vouloir redéployer son arsenal militaire au Sud-Liban », 17 novembre 2024 : une telle manœuvre serait « illogique du point de vue militaire », car ses moyens dans la zone sont très largement exposés au renseignement israélien ; mais il déclare à l’inverse que ses combattants retourneraient dans la région pour « empêcher les activités des gangs criminels qui cambriolent les maisons de Dahieh évacuées à la suite des avertissements de Tsahal » ?
[39] Cf. Mayeul Aldebert, « Au Liban, la Bekaa frappée par la guerre », Le Figaro, 9 novembre 2024.
[40] Cf. Georges Malbrunot, « Le Hezbollah, affaibli, dispose encore de missiles pour un long conflit », Le Figaro, 25 septembre 2024.
[41] Cf. Guido Olimpio, « E ora Israele si allarga sul fronte siriano per bloccare le armi », Corriere della Sera, 17 octobre 2024. Plusieurs frappes sur la ville de Palmyre dans le centre du pays contre des groupes proiraniens l’après-midi du mercredi 20 novembre.
[42] Cf. Davide Frattini, « Israele colpisce in Siria : 18 morti I generali preparano la guerra al nord », Corriere della Sera, 10 septembre 2024 ; « Irans Produktionsstätte zerstört », FAZ, 14 septembre 2024 pour la destruction d’une usine de missiles de précision iranienne dans la province de Hama faisant partie du notoire Scientific Studies and Research Center (SSRC) près de Masyaf ; i24NEWS, 31 octobre 2024, « Tsahal a frappé des dépôts d’armement et des quartiers généraux du Hezbollah en Syrie » ; F. Bat., « Blitz di un commando israeliano in Siria », Corriere della Sera, 4 novembre 2024 : premier raid au-delà des hauteurs du Golan et capture du « clairon de l’Iran » lequel guidait les attaques terroristes » ; i24NEWS, 4 novembre 2024, « Syrie : frappe de Tsahal contre des infrastructures du Hezbollah près de Damas » et « Israël révèle la capture d’un espion iranien en Syrie lors d’une opération nocturne » ; i24NEWS, 10 novembre 2024, « Syrie : Israël aurait éliminé un haut responsable du Hezbollah à l’origine de l’assassinat de Rafik Hariri ».
[43] i24NEWS, 28 octobre 2024, « Israël lance un ultimatum à Bachar al-Assad concernant ses liens avec l’Iran ».
[44] i24NEWS, 3 novembre 2024, « Israël menace l’Irak d’attaques s’il ouvre son territoire à la riposte iranienne ».
[45] i24NEWS, 5 novembre 2024, « L’Irak demande à Israël de ne pas l’attaquer et assure vouloir refuser à l’Iran d’utiliser son territoire » ; 16 novembre 2024, « L’Irak s’efforce d’éviter des frappes israéliennes sur son territoire » : les États-Unis exerceraient des pressions sur Israël pour éviter toute frappe sur le territoire irakien.
[46] Cf. Guido Olimpio, « Har Qeren, la base (quasi) segreta costruita con gli Stati Uniti », Corriere della Sera, 16 octobre 2024 pour le Site 512 édifié depuis les années 2000 par les États-Unis et Israël dans le Néguev, à une trentaine de kilomètres de la bande de Gaza, pour surveiller les mouvements de missiles iraniens.
[47] Cf. Guido Olimpio, « Battaglia nelle strade fra tank e mujaheddin Fronte del Mar Rosso : dallo Yemen piovono missili e droni su Eilat », Corriere della Sera, 1er novembre 2024.
[48] « Frappes israéliennes au Yémen : six morts et 83 blessés, le port d’Hodeida toujours en flamme », Le Figaro/AFP, 20/21 juillet 2024 : les États-Unis et l’Arabie saoudite niant tout rôle dans l’attaque israélienne ; M. Ser., « Israele, raid contro gli Houthi Ritrovato il corpo di Nasrallah », Corriere della Sera, 30 septembre 2024 : attaques contre des centrales électriques ainsi que les ports de Ras Issa et d’Hodeida après une menace de frapper Tel-Aviv.
[49] Cf. Friederike Böge, Friedrich Schmidt, « Teherans doppeltes Spiel », FAZ, 26 septembre 2024 : il s’agirait de missiles russes antinavire Yakhont/P-800-Oniks ; ceci alors que le président iranien Massoud Pezeskhian tente de persuader l’Occident à l’Assemblée générale de l’ONU que l’Iran est prêt à décélérer son programme en échange d’une annulation des sanctions.
[50] Cf. Guido Olimpio, « Le lance di fuoco di Teheran », Corriere della Sera, 2 octobre 2024 : missiles hypersoniques comme le système d’armes Fattah 1 ou le missile balistique Kheibar Shekan avec des ogives de 550 kg.
[51] Cf. Marta Serafini, « Khamenei col fucile “Legittimi il 7 octobre e i raid su Israele” », Corriere della Sera, 5 octobre 2024.
[52] Cf. Greta Privitera, « Quel sermone anche in arabo per conquistare i miliziani delusi », Corriere della Sera, ibid.
[53] i24NEWS, 9 novembre 2024, « Iran :”La guerre peut s’étendre au-delà du Moyen-Orient”, menace Téhéran ».
[54] Cf. Greta Previtara, « L’Iran : “Musulmani, reagite” », Corriere della Sera, 29 septembre 2024, dixit Khamenei transféré dans un lieu sécurisé.
[55] Cf. Guido Olimpio, « Il piano dei pasdaran iraniani : uccidere il tycoon prima del voto », Corriere della Sera, 9 novembre 2024 ; G.O. , « Teheran : non vogliamo uccidere Trump », Corriere della Sera, 16 novembre 2024 : inouï : Téhéran communique le 14 octobre à la Maison-Blanche n’avoir aucune intention d’attenter à la vie de Trump (!) lequel a déjà fait l’objet d’une tentative d’assassinat le 13 juillet durant un meeting électoral ( !).
[56] Cf. Guillaume de Dieuleveult, « “Ils ne cherchaient pas les supporteurs, mais bien les Juifs” : des Israéliens victimes de lynchages dans les rues d’Amsterdam », Le Figaro, 8 novembre 2024 : Avigdor Lieberman, président du parti Israel Beytenou, appelle les Juifs d’Europe à fuir : « n’attendez pas, comme beaucoup l’ont fait avant l’Holocauste. Laissez tout et venez en Israël ».
[57] i24NEWS, 11 novembre 2024, « Les Pays-Bas face à l’antisémitisme : le Premier ministre pointe du doigt la surreprésentation de “jeunes issus de l’immigration”».
[58] « Grote afschuw om “antisemitisch geweld” : “Weerspiegelt donkerste geschiedenis van Europa” », Algemeen Dagblad, 8 novembre 2024, https://www.ad.nl/binnenland/grote-afschuw-om-antisemitisch-ge…van-europa-a865b351/?referrer=https%3A%2Fwww.google.com%2F [9 novembre 2024].
[59] Cf. Marco Imarisio, « Caccia ai tifosi israeliani in piazza Choc ad Amsterdam, 62 fermati » ; « Da mesi il clima con gli immigrati è incandescente I rischi sono stati sottovalutati » (entretien avec Maarten van Aalderen) ; « “I voli speciali” di Netanyahu “Come la Notte dei cristalli” » ; « Ajax, la squadra del ghetto che ha combattuto i nazisti Cruijff un mito con la kippah I tifosi “super ebrei”. Il giocatore morto ad Auschwitz » ; entretien de Paolo Conti avec Noemi Di Segni, présidente de l’Union des communautés juives italiennes, « “Questo è un nuovo pogrom Ma anche in Italia è pericoloso mostrare i nostri simboli”» Di Segni : gli ebrei possono contare solo su sé stessi », Corriere della Sera, 9 novembre 2024. i24NEWS, 18 novembre 2024 : « “Évitez certains quartiers” : la cheffe de la police de Berlin met en garde les Juifs et la communauté LGBTQ+ » : intervention de Barbara Slowik dans le Berliner Zeitung ; ibid., « “Nous n’accepterons plus jamais la persécution des Juifs en Europe” : Le chef de la diplomatie israélienne fustige la maire d’Amsterdam » : Vive controverse au Pays-Bas alors que Femke Halsema est revenue sur l’utilisation du terme de “pogrom” ; elle accuse Israël d’instrumentaliser le mot « à fins de propagande ».
[60] Cf. Marco Imarisio, « Agguato preparato da giorni Le chat : picchiamo i sionisti Amsterdam dichiarata “a rischio per la sicurezza”. Inchiesta per appurare se è stato sottovalutato l’allarme », Corriere della Sera, 10 novembre 2024. Et pour une réitération des violences, cf. Marco Imarisio, « Amsterdam, ancora violenze Venti arresti al raduno “pro Pal” Cori antisemiti e cariche della polizia. La sindaca della città prolunga lo stato d’emergenza », Corriere della Sera, 11 novembre 2024.
[61] Cf. Guido Olimpio, « Razzi, sciami di droni e milizie alleate Perché Teheran non va sottovalutata », Corriere della Sera, 3 octobre 2024, les pasdarans s’étant rangés à une action « flexible ».
[62] Plénitude divine dont les êtres spirituels sont l’émanation.
[63] Cf. Mahnaz Shirali, « La malédiction du religieux La défaite de la pensée démocratique en Iran », Paris, François Bourin Éditeur, 2012, à lire absolument, p.375-379 : plus d’un million de morts côté iranien et au-delà des 200 000 chez l’ennemi irakien. Les « Quatorze immaculés » sont Mahomet, sa fille Fatima et les douze imams. Voir aussi Marie Ladier-Fouladi, « iran un monde de paradoxes », Nantes, L’Atalante, 2009, p. 129-133 : « L’islam est une religion politique ».
[64] Voir le texte très éclairant de Friederike Böge, « Iran in der Sackgasse », Frankfurter Allgemeine Meinung, 29 octobre 2024 ; « Grossi appelliert an Teheran », FAZ, 15 novembre 2024 : Rafael Mariano Grossi, Directeur général de l’AIEA, croit-il vraiment à des « résultats tangibles » afin d’éviter un conflit et en définitive une guerre ? (déclaration à Téhéran le jeudi 14 ). Apparemment pas vu que l’organisation devait adopter le 21 novembre une résolution présentée par le groupe E3 (Allemagne, France, Grande-Bretagne) et par les États-Unis laquelle reprochait à l’Iran de ne pas respecter ses engagements en matière nuclaire, cf. « Resolution gegen Iran in der IAEA », FAZ, 21 novembre 2024. EU Statement at IAEA Board of Governors on Verification and monitoring in the Islamic Republic of Iran in light of United Nations Security Council Resolution 2231 (2015), as delivered on 21 November 2024, Delegation of the European Union to the International Organisations in Vienna, 21.11.2024, Press and information team of the Delegation to UN and OSCE in Vienna https://www.eeas.europa.eu/delegations/vienna-international-organisa…-verification-and-monitoring-islamic-republic-iran-light-united-4_en [21 novembre 2024] ; U.S. Mission Unvie, U.S. Statement – Agenda Item 4 – IAEA Board of Governors Meeting As Delivered by Ambassador Laura S. H. Holgate, Vienna, Austria, November 21,2024, U.S. Mission To International Organizations in Vienna, https://vienna.usmission.gov/u-s-statement-agenda-item-4-iaea-board-of-governors-meeting-november-2024/ [21 novembre 2024].
[65] Cf. Franklin Foer, « The War That Would Not End », The Atlantic, 25 septembre 2024 , https://www.theatlantic.com/international/archive/2024/09/israel-gaza-biden-netanyahu-peace-negociations/679581 [14 novembre 2024] ; MEE staff, « Saudi crown prince said he personnaly “doesn’t care” about Palestinian issue », Middle East Eye, 27 septembre 2024, https://www.middleeasteye.net/news/saudi-crown-prince-personnally-doesnt-care-palestine-issue [6 novembre 2024].
[66] Cf. Georges Malbrunot, « Liban : les pays du Golfe tardent à s’engager », Le Figaro, 24 octobre 2024 : Riyad et Abu Dhabi se concentrant sur l’aide humanitaire aux réfugiés.
[67] Cf. Christoph Hein, « Was droht, wenn Irans Ölfelder brennen ? », FAZ, 11 octobre 2024 : la National Iranian Tanker Company (NITC) redoute à tel point une attaque imminente de Jérusalem qu’elle a retiré les pétroliers non destinés au chargement de l’île de Kharg où sont embarqués à peu près 90% du pétrole iranien d’exportation.
[68] Cf. Friederike Böge, « Teherans Signale an Riad », FAZ, 15 octobre 2024.
[69] Cf. Guido Olimpio, « Chi ha tradito Nasrallah ? », op. cit. avec référence à l’interview d’un imam chiite d’origine libanaise et de nationalité saoudienne, Mohammed Ali Al Husseini, à la chaîne Al-Arabiya qui aurait mis en garde Nasrallah. Très important l’article de Christoph Ehrhardt, « Entzauberte Freundschaft », FAZ, 12 novembre 2024 : le prince héritier d’Arabie saoudite entretient de bons rapports avec Donald Trump, mais le royaume n’a pas oublié qu’en septembre 2019 les États-Unis lui avaient apporté un soutien minimal au moment décisif de l’attaque d’une nuée de drones et de missiles sur des installations centrales par des alliés arabes de Téhéran alors que précisément la politique de « pression maximale » de Washington avait entraîné l’escalade et il envisage le second mandat du président élu avec un certain malaise. Il y a d’abord les tentatives de détente, certes de nature tactique car l’Iran peut aisément changer d’orientation avec ses proxys, le danger subsistant ; d’autre part, Riyad ne préconise pas une volonté radicale de regime change qui pousserait Téhéran aux extrêmes. Enfin il y a peu de chances que Trump exerce une forte pression sur Netanyahou et les ultras dans le sens d’une solution à deux États, condition sine qua non imposée par les Saoudiens pour une normalisation avec l’État hébreu.
[70] Cf. Davide Frattini, « Gaza, appello degli 007 stranieri “È l’ora di un accordo politico” », Corriere della Sera, 8 septembre 2024. La Jordanie a validé le 21 novembre 2024 les mandats d’arrêt contre Netanyahou et Gallant émis par la Cour pénale internationale (CPI).
[71] Cf. Davide Frattini, « Attacco al confine con la Giordania Tre morti ucciso l’attentatore », Corriere della Sera, 9 septembre 2024 : Israël a fermé tous les points de passage avec la Jordanie et les États-Unis sont prêts à se retirer des négociations.
[72] Cf. Davide Frattini, « La notte del terrore 181 missili su Israele », Corriere della Sera, 2 octobre 2024 : comme sept mois plus tôt, la défense a été organisée avec les Américains et en partie les Jordaniens ; Greta Privitera, « Iran L’orgoglio di Khamenei Secondo attacco show per soddisfare i più duri », ibid.
[73] Cf. Marta Serafini, « Ucciso un soldato egiziano Tensione al confine ma Al Sisi smorza i toni », Corriere della Sera, 28 mai 2024.
[74] Cf. Georges Malbrunot, « Téhéran appréhende l’arrivée du président élu à la Maison-Blanche », Le Figaro, 8 novembre 2024.
[75] i24NEWS, 11 novembre 2024, « “L’Iran n’aura pas la bombe atomique” : la mise en garde du nouveau ministre israélien de la Défense » ; Isabelle Lasserre, « Les installations nucléaires iraniennes dans le viseur d’Israël », Le Figaro, 19 octobre 2024. Voir surtout Elie Klutstein, Makor Rishon, « Can Israel strike Iran successfully ? », Israel Hayom, 2 octobre 2024, https://www.israelhayom.com/2024/10/02/can-israel-really-strike-iran/ [11 novembre 2024] : Israël a enfin acquis l’avion ravitailleur KC-46 des États-Unis et sollicité l’accélération de la livraison, mais on ne sait pas clairement si cette dernière a déjà eu lieu ; il faudrait d’autre part que Jérusalem obtienne des Américains la bunker-busting bomb GBU-57A/B, avec plus de 13 000 kg six fois plus lourde que les GBU-72 et GBU-28 –2 000 à 2 500 kg et une plus basse capacité de pénétration dont dispose l’État hébreu ; mais même dans ce cas, il faudrait qu’Israël soit capable de moderniser ses F-15 de façon à ce qu’ils puissent la transporter avec le carburant et les munitions supplémentaires nécessaires ; « c’est un tâche difficile à réaliser, mais il arrive que même l’impossible puisse aboutir » ; Guido Olimpio, Petrolio (e nucleare) nel mirino », Corriere della Sera, 7 octobre 2024 : l’alternative serait d’endommager les entrées ou des structures d’appui. Et Dany Moudallal, « Que sont les “bunker buster bombs” qu’Israël pourrait utiliser ?», L’Orient-Le Jour, 14 août 2024, https://www.lorientlejour.com/article/1423689/que-sont-les-bunker-buster-bombs-quisrael-pourrait-utiliser-html [11 novembre 2024].
[76] Cf. Entretien de Luigi Ippolito avec Karin von Hippel, directrice américaine du Royal United Services Institute (Rusi) britannique, « In tanti contenti se Netanyahu schiaccia la teocrazia », Corriere della Sera, 5 octobre 2024.
[77] Voir le livre magistral de Pierre Briant, Histoire de l’Empire perse De Cyrus à Alexandre, Paris, Fayard, 1996, en particulier p. 191-265.
[78] Cf. Bellissima Ester Capolavori per una Regina, SilvanaEditoriale, catalogue de l’exposition au Museo Ebraico di Roma du 20 mars au 24 juin 2024
[79] Cf. Jean-Pierre Digard, Bernard Hourcade, Yann Richard, L’Iran au XXe siècle, Paris, Fayard, 1996, p. 118-119.
[80] Cf. Maurizio Scaini, « L’évolution des rapports entre Israël et l’Iran, déclin de l’hégémonie occidentale au Moyen-Orient », Outre-Terre n°28, Iran, le compte à rebours, Académie européenne de géopolitique, 2011 ; Mayeul Aldebert/AFP, « Iran contre Israël, comment les deux pays sont passés d’alliés à ennemis jurés », Le Figaro, 14/15 avril 2024 ; Alexander Greenberg, « À relire, en lien avec l’actualité : les relations entre l’Iran et Israël avant la révolution de 1979 : bref exposé historique », Les clés du Moyen-Orient, 15 avril/ 9 août 2024, https://www.lesclesdumoyenorient.com/A-relire-en-lien-avec-l-actualite-Les-relations-entre-l-iran-et-israel-avant-la.html [17 novembre 2024].
[81] i24NEWS, 7 novembre 2024, « Un conseiller de Trump préconise une frappe israélienne sur les installations pétrolières iraniennes » : il s’agit de Mike Evans, l’un des principaux leaders du mouvement évangélique américain, selon lequel Jérusalem disposerait d’une « fenêtre d’opportunité » jusqu’au 20 janvier, Trump souhaitant pour sa part une action « avant le 12 janvier » ; une stratégie qui a pour objectif d’affaiblir significativement l’économie iranienne, i24NEWS, 16 novembre 2024 =Felicia Schwartz, Andrew England, « Trump team aims to bankrupt Iran with new “maximum pressure” plan, Financial Times, « Trump prépare le retour d’une politique de “pression maximale” contre l’Iran “Il est déterminé à réactiver une stratégie de pression maximale pour provoquer la faillite de l’Iran le plus vite possible”, confie un expert en sécurité nationale » ; nouvelle orientation qui marquerait un retour à la ligne dure du premier mandat en contraste avec l’approche diplomatique de Biden. Mais quant aux incertitudes, cf. Friederike Böge, « Iran rüstet sich für Trump », FAZ, 20 novembre 2024.
[82] Rappelons cependant que les Russes exigent la libération de tous les otages de Gaza, à commencer par les leurs.
[83] Lequel voudrait jouer sur l’orgueil du Président élu, contrarié par l’accueil mitigé de Moscou, cf. Lorenzo Cremonesi, « L’idea di Zelensky : l’ego del tycoon è l’arma anti-Putin », Corriere della Sera, 15 novembre 2024.
[84] Voir la magnifique analyse de Giuseppe Sarcina, « Guerra e pace secondo The Donald », Corriere della Sera, 7 novembre 2024 ; Francesco Battistini, « La gioia di Netanyahu che si sente più forte : “Ora un nuovo inizio per la grande alleanza di America e Israele » : le Premier ministre pense désormais avoir les coudées franches face à l’Iran ; mais en est-il totalement certain ? The Donald se caractérise comme imprévisible et capricieux. Sans compter que Netanyahou avait beaucoup irrité Trump, en 2020, en félicitant Biden au lendemain de sa victoire aux présidentielles.
[85] Cf. « Gilles Kepel : « Le “Sud global” est une grande imposture idéologique et une aberration géopolitique », Le Figaro, 6 avril 2024 : l’auteur est très critique à l’endroit de la politique à « relents messianiques » de Netanyahou laquelle aurait largement favorisé le renversement des valeurs du 11-Septembre au 7 octobre.
[86] L’élargissement à l’Iran a été source d’un malaise, car il rendait le groupe encore plus frontalement antioccidental.
[87] Cf. Eléonore Hughes, « Le jeu d’équilibriste du Brésil, hôte du G20 », Le Figaro, 18 novembre 2024 : Brasília n’hésite pas au contraire à qualifier les actions d’Israël à Gaza de « génocide » et propose avec la Chine un plan de paix pour l’Ukraine qui n’appelle pas au retrait de la Russie du territoire occupé ; id., « Coup de froid entre le Brésil et le Venezuela », Le Figaro, 21 novembre 2024.
[88] Cf. Entretien avec Henri Malosse, « Les Brics élargissent leur influence et leur attractivité », Conflits Revue de Géopolitique, 14 mai 2024.