du Michel Korinman

III La « théorie » des deux États

Le 18 juillet 2024 la Knesset vote par 68 membres sur 120 (parti de Benny Gantz ex-ministre sans portefeuille et membre du cabinet de guerre inclus)contre l’émergence d’un État palestinien lequel « constituerait un danger existentiel pour l’État d’Israël et ses citoyens »[1]. Voilà qui ne plaira pas à l’éminent éditorialiste du Figaro Renaud Girard qui recommande aux « stratèges israéliens » davantage de sang-froid que cela fut le cas chez les Américains après le 11-Septembre : « Comment réagir sans surréagir, comment ne pas se laisser entraîner dans une spirale de violence sans fin »[2] ; ce dernier tout en reconnaissant que si Israël n’avait pas gagné toutes les guerres provoquées par ses voisins arabes et musulmans, il n’y aurait probablement plus un seul juif en Terre sainte (sauf à y vivre en tant que dhimmis, citoyens de seconde zone) s’impose (et s’espose) : le choix pour Israël c’est ou bien « conserver le contrôle militaire de 100% de la Palestine mandataire – et continuer à vivre dans le chaos intermittent – ou en lâcher 22% pour la création d’un État palestinien démilitarisé et la paix à ses frontières »[3]. On consultera à ce propos l’affrontement Israël-États-Unis en janvier 2024, bien que Washington, comme Berlin (avec des réserves discrètes), insiste sur la nécessité d’un processus de paix préalable[4]. À partir de fin mai 2024, l’Espagne, l’Irlande et la Norvège, bientôt suivis par la Slovénie début juin, reconnaissent l’État de Palestine et organiseront le vendredi 13 septembre 2024 un sommet « Pour l’application des deux États avec des partenaires arabes[5].

Or, le raisonnement de Gilad Sharon, fils du défunt Premier ministre, qui ne cesse de répéter s’être opposé à son père sur l’évacuation des implantations juives à Gaza en 2005, frappe en revanche parce qu’implacable : Les deux États ? C’est à présent impossible ; à Gaza les Palestiniens avaient une nation, ils en ont fait un repaire de terreur[6]. La question fondamentale du point de vue israélien (mais apparemment beaucoup moins les analystes occidentaux), c’est celle de la nature de l’État palestinien en question. Il faut justement lire à cet égard les enquêtes régulièrement menées par le Center for Policy and Survey Research (PCPSR) palestinien dirigé par Khalil Shikaki lequel qualifie lui-même ses résultats de parfois « stupéfiants » et « troublants »[7]. Alors que vers le milieu des années 1990 près de 72% des sondés étaient favorables aux accords d’Oslo, à l’été 2023 68% considéraient que ces derniers avaient nui aux intérêts des Palestiniens. De même que l’approbation des « deux États » a énormément baissé entre-temps dans la mesure où la plupart des Palestiniens ne la jugent pas réaliste après tant d’années de stagnation. Dans le dernier sondage Shikaki relève pourtant mais uniquement à Gaza un « rehaussement dramatique » en faveur de l’option à deux États à 62% (+27), deux fois plus qu’en Cisjordanie ; demeure la volonté de résistance armée, mais elle chute considérablement. Explication plausible de Shikaki : peut-être les Gazaouis pensent-ils avoir le choix entre un génocide et les deux États. Le démoscope avait réussi pendant la trêve hebdomadaire de novembre à renouveler son enquête. Résultat intéressant, la guerre et la catastrophe humanitaire plaident en général en faveur du Hamas. 71% en mars (et 72% en décembre) jugent d’ailleurs positivement l’invasion terroriste du 7 octobre (82% en Cisjordanie et par contre seulement 57% à Gaza). C’est l’analyse de Shikaki, indépendamment des sondés, qui se fait alors effectivement époustouflante : contrairement à ce que l’on pourrait penser en Occident, les Palestiniens ne sont pas pour autant favorables au massacre de civils – même si les Gazaouis animés par le deuil et le désir de vengeance se distinguent ; pour 91% d’entre eux, le Hamas ne se serait pas rendu coupable du pogrom de civils : la preuve, ceux qui ne partagent pas la disculpation du Hamas condamnent la plupart du temps l’attaque à cette date ![8]. Plus précisément, une majorité absolue (59%) souhaiterait que la bande de Gaza reste gouvernée après guerre par l’organisation terroriste : avec une hausse surprenante parmi les habitants du territoire lui-même qui ne veulent ni d’une occupation israélienne, ni d’une administration par les États arabes ou les Nations unies. Comte tenu du discrédit de l’Autorité palestinienne, reste le Hamas. Ce qui n’exclut pas une baisse d’approbation : 43% en décembre 2023 et 34% en mars 2024[9]. En quelque sorte, il n’y aurait rien d’étonnant à ce que l’État palestinien à venir soit un État Hamas avec lequel un quelconque dialogue serait impossible[10]. Voilà pourquoi les Israéliens ne se sentent pas concernés dans leur majorité par la proposition maladroitement formulée de Josep Borrell, Haut représentant de l’Union pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité : ouvrir internationalement la voie aux « deux États » (tous les États de l’Union favorables) même si le plan en douze points de celui-ci ne parle pas de contrainte[11]. Tout le problème reste de savoir si le soutien à une théorie qui convient aux Palestiniens est vraiment dans l’intérêt des Israéliens.

IV De la dépendance à la radicalisation

De toute évidence, Jérusalem ne suit pas les conseils avisés de l’obstiné Renaud Girard : au contraire de l’après-guerre mondiale, les transferts forcés de population sont interdits par la Charte de l’ONU et réprouvés par les opinions publiques ; jamais le monde arabo-musulman n’acceptera une seconde Nakba, soit la réimplantation des Palestiniens dans les États arabes du voisinage, que Netanyahou avance du bout des lèvres[12]. Les Israéliens ne se conforment pas aux reproches planétaires bien qu’ils soient parfaitement conscients de l’isolement relatif dont ils font l’objet.

L’émotion causée par le 7 octobre et ses 1 200 morts n’a pas tenu longtemps. Au contraire, la communauté internationale se montre de plus en plus sévère à l’égard d’Israël. Alors que dans l’État hébreu on affirme, en combattant les assassins, prévenir un nouveau 11-Septembre. Netanyahou semble de ce fait être sur la même longueur d’onde que 68% des Israéliens qui s’opposent en février 2024 à ce que leur pays permette l’envoi d’aide humanitaire aux Gazaouis[13]. Certes, Jérusalem redoute une marginalisation en Occident, mais ils ne comprennent pas  « toutes tendances confondues », l’ignorance de la situation dans laquelle leur pays se trouve ; conscients qu’ils ne peuvent compter pleinement que sur eux-mêmes : « Dans le fond, nous avons le sentiment que la Shoah n’a pas vraiment changé la donne. Nous, les Juifs, avons toujours été seuls et ça continue. Alors nous nous replions sur notre douleur, sans être capables de voir celle des autres »[14]. D’où une critique chez certains intellectuels des images illustrant les avancées victorieuses de Tsahal : à l’instar des vidéos triomphantes du Hamas dont les terroristes ont compris qu’elles pouvaient se retourner contre eux, elles visent certes à exorciser les massacres, à rétablir une forme de dissuasion et à satisfaire un désir de vengeance, mais suscitent à l’étranger des réactions de colère contre-productives (Vincent Lemire)[15].

Jérusalem peut ici distinguer trois modèles :

  • la restriction des armements. On ne peut contester l’appui à Jérusalem des forces armées US, britanniques[16], françaises et jordaniennes lors de l’attaque iranienne dès le 13 avril au soir. Vu les menaces de Téhéran les navires et les avions américains, en particulier, sont prêts à intervenir pour défendre Israël[17]. Pourtant, dès février 2024 un tribunal néerlandais suspend la livraison de pièces de F-35 à Israël appartenant aux États-Unis et stockées aux Pays-Bas, estimant qu’il existait des risques qu’elles soient utilisées dans des actions violant le droit humanitaire international. De même, le gouvernement canadien ne livrera plus d’armes à Israël à partir de mars[18]. Dans le même sens en septembre 2024, le ministre des Affaires étrangères britannique David Lammy avec des implications significatives pour l’industrie de la défense du Royaume-Uni et les relations bilatérales avec Israël[19].

 

  • Ensuite, l’équilibrisme des vrais-faux-vrais amis.Joe Biden (et Kamala Harris) qui doivent à la fois appuyer Israël sans réserve en subissant les foudres des électeurs propalestiniens ; couper le flot des livraisons d’armes leur attirerait l’opprobre de l’opinion pro-israélienne (aubaine pour Trump) ; d’où le double avertissement de Biden lors d’un entretien avec le média conservateur Israel Hayom : en finir le plus vite possible avec la guerre à Gaza, ce qui ne sera possible qu’avec l’éradication du Hamas et l’annulation de toute menace pour l’État hébreu[20]. La Maison-Blanche craint de devenir partie au conflit et redoute la critique de l’aile gauche du Parti démocrate[21]. Même si elle a livré plus de 1 000 bombes de 900 kg à Israël depuis le 7 octobre, l’Administration Biden suspend cette expédition parce qu’inquiétée par une utilisation dans des secteurs densément peuplées de Gaza[22]. Elle a tenté de bloquer une intervention de grande ampleur israélienne à Rafah début mai au sud à la frontière égyptienne en soulignant que la fin de la guerre signifierait une normalisation des rapports entre l’Arabie saoudite et Israël[23]. Les Américains reprochent clairement à Jérusalem de ne pas en faire assez sur le plan humanitaire, ce qui entraîne un affrontement entre Biden et Netanyahou qui répond au Président avec une leçon de géopolitique cartographiée à la télévision[24].

 

  • Enfin : l’engloutissement sur la planète. Le président brésilien Lula da Silva ordonne le retrait définitif de son ambassadeur Frederico Meyer en Israël après avoir comparé l’offensive à Gaza à la Shoah[25]. De même pour la rupture des relations diplomatiques annoncée par le président colombien Gustavo Petro en raison de la politique « génocidaire » de l’État hébreu, lui-même dénoncé par le ministre des Affaires étrangères israélien Israël Katz pour s’être rangé aux côtés du Hamas[26]. C’est encore l’assaut le 23 juin 2024 à Derbent sur la mer Caspienne au Daghestan à majorité sunnite écrasante : contre la synagogue et une église orthodoxe ; mis en cause l’État islamique au Khorassan (EI-K) : lutte anti-impérialiste contre Moscou et expression de solidarité avec les Palestiniens de Gaza[27]. Dans le Sud-Est asiatique, la Malaysia fait partie des soutiens les plus véhéments du Hamas[28]. Au Japon, Nagasaki exclut Israël de la cérémonie de commémoration des bombardements nucléaires le 9 août 2024.

Au fur et à mesure que les divergences sur le conflit au Moyen-Orient s’accentuent, Israël ne cessera de mettre en cause l’avenir de l’ONU[29]. Il accuse son Secrétaire général, António Guterres de l’entraîner vers l’antisémitisme[30]. Le Chili du président radical Gabriel Boric s’associe à la procédure engagée par l’Afrique du Sud devant la Cour internationale de justice (CIJ, organe judiciaire de l’ONU, La Haye) pour violations israéliennes des obligations au titre de la Convention contre le génocide dans la bande de Gaza[31]. L’instance ordonne le 26 janvier 2024 à Israël d’adopter des mesures conservatoires au vu du risque de génocide à Gaza[32]. Plus généralement, la CIJ (président Nawaf Salam) exige que les Israéliens abandonnent toutes les implantations en Cisjordanie qualifiées d’« illégales » et devant cesser « le plus rapidement possible » : rien de contraignant mais la demande est susceptible d’accentuer la pression juridique internationale croissante sur l’État hébreu[33]. Jérusalem se fonde largement sur la collaboration active de membres de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA, United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East) à Gaza[34].

Dans le même sens, Karim Khan, procureur général de la Cour pénale internationale (CPI, La Haye)[35], chargée de juger les personnes accusées de génocide, de crime contre l’humanité, de crime d’agression et de crime de guerre, fondée par le Statut de Rome en 1998 ratifié par 123 États sur les 193 États de l’ONU membres et entrée en vigueur en 2002, demande le 20 mai l’émission de mandats d’arrêt internationaux contre Benyamin Netanyahou et de son ministre de la Défense Yoav Gallant – crimes de guerre – et pour faire bonne mesure trois des principaux dirigeants du Hamas : Yahya Sinwar, Mohamed Deïf instigateur du 7 octobre (éliminé lors d’une frappe du 13 juillet dans la région de Khan Younès) et Ismaël Haniyeh[36].

Dans ce contexte de désaveu international plus ou moins marqué et estimé totalement injuste (qui a agressé qui ?), il n’y a rien d’étonnant à ce que nombre d’Israéliens se radicalisent. La colonisation de la Cisjordanie avance encore grâce à la guerre : 470 000 résidents israéliens + 230 000 à Jérusalem = 700 000 ; 144 implantations approuvées par le gouvernement + environ 156 non reconnues officiellement ; 13 000 nouvelles habitations après le pogrom de 2023 soit +300% par rapport à l’année précédente ; la zone C des accords d’Oslo = 61% de la Cisjordanie orientale, sous contrôle administratif et militaire total des Israéliens, ce qui consent plus facilement l’accaparement (renouvelé) des terres (et vaut également pour une réorganisation des axes de circulation en faveur des colons sur le territoire) ; pas même un colon sur trois est laïc, ce sont les ultraorthodoxes et les sionistes religieux qui s’imposent. Début mars, le gouvernement a donné le feu vert pour la construction de 3 476 unités d’habitations (première fois qu’une telle mesure est prise depuis le 7 octobre) ; Maale Adumim et Kedar sont désormais connectées. Plusieurs implantations jusque-là illégales sont légalisées et destinées à se développer[37]. Selon les activistes de gauche, l’objectif avoué est l’annexion de la zone C appuyée massivement par le gouvernement de Netanyahou depuis son retour au pouvoir, avec deux ministres colons au sein de l’exécutif : le ministre de la Sécurité nationale Itamar Ben-Gvir[38] et celui des Finances Bezalel Smotrich, certaines responsabilités en Cisjordanie ayant été retirées à l’armée avec l’installation d’un directeur (civil) qui est subordonné à ce dernier à la tête de l’« administration civile » par les militaires[39]. Les plus radicaux rêvent avec signes inversés par rapport aux manifestants islamo-gauchistes d’un Israël miraculé de la Méditerranée au Jourdain[40]. Au Goush Etzion, groupe de colonies israéliennes dans les monts de Judée au sud de Jérusalem et de Bethléem (37% d’ultraorthodoxes, 35% de sionistes religieux et 28% de laïcs), les gens parlent de seconde Nakba et de déportation des Arabes[41]. De même en ce qui concerne Gaza, les radicaux mais aussi des proches du Premier ministre envisagent l’émigration « volontaire » de centaines de milliers de Palestiniens et leur implantation dans d’autres pays avec l’aide de la communauté internationale et des pays arabes voisins, ainsi que le retour des colonies israéliennes (Gush Katif) où vivaient 8 000 Israéliens en 2005 auxquels sont promis des villas sur la plage[42]. Certains d’entre eux vont jusqu’à s’opposer à l’aide humanitaire vers le territoire[43]. Netanyahou qui maintient un certain flou sur la question de Gaza parce qu’il redoute une levée de boucliers internationale n’a cependant pas totalement exclu l’option et expliqué en réunion interne que le problème était de trouver des pays susceptibles d’accueillir des centaines de milliers de Gazaouis[44]. La presse internationale varie sur ce point. S’agit-il de la République démocratique du Congo (RDC) ? Son président Félix Tshisekedi qui a annoncé en mars 2020 son intention de nommer un ambassadeur à Tel-Aviv avec une section économique à Jérusalem (relations rétablies en 1982) et condamné dès le lendemain avec virulence le pogrom du 7 octobre lequel aurait accepté d’en accueillir ? De l’Arabie saoudite ?[45]. Du Tchad (60% de la population musulmane sunnite qui a établi des relations diplomatiques avec l’État hébreu en 2019 – fournitures d’armes israéliennes contre les rebelles du Nord) – ou du Rwanda (qui connaît une pénurie de main-d’œuvre) ?[46] De même, selon le Patriarcat latin de Jérusalem nombre de chrétiens de la capitale, pris en étau entre le marasme économique, la colonisation juive et l’islamisation croissante de la société palestinienne, ont choisi le départ[47]. D’ailleurs les colons de la vieille ville de Jérusalem revendiquent toute la cité[48]. En sens inverse, les Indiens rêvent massivement de venir travailler en Israël[49]. Du coup, Athènes redoute un regain de flux migratoire[50].

Bombe médiatique : David Friedman, ancien ambassadeur des États-Unis en Israël sous Donald Trump, propose dans son ouvrage One Jewish State (septembre 2024) un plan de financement de l’annexion de la Judée-Samarie par Israël en détournant un milliard de dollars de l’aide destinée aux Palestiniens ; dans ce cadre, les Palestiniens auraient un statut analogue à celui des Portoricains puisqu’ils ne voteraient pas aux élections nationales (les seconds pouvant cependant voter s’ils déménagent dans un autre État américain) ; un aperçu des orientations potentielles d’un second mandat Trump sur le Moyen-Orient ?[51]

L’emprise croissante d’Israël a aggravé la crise économique en Cisjordanie puisque depuis le 7 octobre, les permis de travail des habitants ont été supprimés, 120 000 personnes étant sans revenus et le taux de chômage passé de 15 à 30% ; de même que l’accès du territoire aux Palestiniens d’Israël a été restreint ; Smotrich à qui « la Judée et la Samarie » reviennent de droit divin à l’État d’Israël et qui souhaite passer de 500 000 colons à un million de personnes ne fait pas mystère de sa volonté d’étouffer le pouvoir de l’Autorité nationale palestinienne, totalement décrédibilisée vu que ses 140 000 fonctionnaires ne reçoivent dans le meilleur des cas que la moitié de leur salaire ; ce faisant la violence explose[52]. Avec une envie analogue d’en découdre chez les Palestiniens (une centaine de morts), l’armée et les colons assoiffés de vengeance du 7 octobre à la fin du mois dramatique ; ces derniers  considérant les « territoires » non pas comme  occupés mais comme conquis en 1967[53]. En somme, chez les radicaux il s’agit de « Transformer la Cisjordanie en Gaza, et Gaza en Cisjordanie » (Noa Landau, rédactrice en chef du journal progressiste Haaretz), soit exporter en Cisjordanie les techniques de combat urbain à Gaza dans les villes de Jénine, Tulkarem ou Tubas. Et appliquer dans la bande les méthodes de prise de contrôle progressive du territoire de la Cisjordanie depuis la guerre de 1967[54].

Compte tenu d’un possible embrasement de toute la région et vu en particulier le bellicisme du Hezbollah libanais (voire de l’Iran apparemment mécontent de son « proxy »), les opérations des milices chiites en Irak, la fiabilité toute relative de l’Égypte (sans oublier naturellement le Qatar financier du Hamas et qui en abrite la branche politique), la rue jordanienne (à 60% palestinienne selon des chiffres aléatoires) laquelle s’oppose à la monarchie en paix avec Israël, le conditionnement saoudien d’une quelconque normalisation des relations avec Israël à l’acceptation des « deux États », l’encerclement maritime par les Houthis yéménites, il est impossible de prévoir un succès ou une défaite de l’État hébreu. Affaire à suivre.

Une rumeur de mort de Sinwar court dans les médias[55]. Certains espèrent (espéraient ?) en revanche qu’en cas de capture du chef du Hamas, celui-ci ne serait pas liquidé ; meilleure solution : un procès semblable à celui d’Adolf Eichmann (peine de mort) en 1961, ou bien à celui de Nuremberg ; l’unité 433 mène une enquête (difficile) sur les viols du 7 octobre[56]. L’image d’Israël se trouverait certainement améliorée par des aveux explicites.

[1] « Israels Parlament stimmt gegen Palästinenserstaat », FAZ, 19 juillet 2024.

[2] « La guerre révolutionnaire du Hamas », Le Figaro, 17 octobre 2023.

[3] Cf. Renaud Girard, « Israël-Palestine : bientôt l’heure de vérité », Le Figaro, 5 décembre 2023 ; « Le nécessaire aggiornamento israélien », Le Figaro, 21 novembre 2023.

[4] Cf. Davide Frattini, « Scontro Israele-Usa sul destino della Striscia “No ai due Stati” », Corriere della Sera, 21 janvier 2024.

[5] Cf. Mathieu de Taillac, « La Palestine reconnue par Madrid, Oslo et Dublin », Le Figaro, 23 mai 2024 : seule une solution  à deux États permettra la paix, déclare le président du Gouvernement espagnol Sánchez. Cf. Rappel de l’ambassadrice israélienne à propos des doutes télévisés de Pedro Sánchez quant à d’éventuels crimes de guerre ou contre l’humanité à Gaza, « Israel ruft Botschafterin zurück », FAZ, 2 décembre 2023 ; « Ministro degli Esteri Katz, video su X (e flamenco) contro Madrid per la Palestina », Corriere della Sera, 27 mai 2024 ; “Gracias España” = pas de danse scandés par des images du 7 octobre ; la ministre de la Défense Margarita Robles parlant d’authentique génocide. Vox va jusqu’à accuser Pedro Sánchez de « complicité » avec le « terrorisme satanique » du Hamas, cf. Sara Gandolfi, « Per Sánchez un impegno mantenuto Ma Vox insorge », Corriere della Sera, 23 mai 2024. Voir aussi l’entretien avec le ministre irlandais des Affaires étrangères et de la Défense Micheál Martin pour la sympathie de ses concitoyens pour les peuples aspirant à l’autodétermination et qui souffrent de même que sa prise de position en faveur des « deux États », « “Ich sehe das nicht als Selbstverteidigung an », FAZ, 22 janvier 2024. Et pour la critique acerbe de l’ambassadeur d’Israël près l’Union européenne, Haim Regev, « Israel beklagt schwindenden Rückhalt », FAZ, 1er décembre 2023.

[6] Entretien avec Davide Frattini, « I due Stati ? Ora è impossibile A Gaza avevano una nazione, l’hanno resa un covo del terrore », Corriere della Sera, 12 décembre 2023.

[7] Palestinian Center for Policy  and Survey Research, Public Opinion Poll No (91), 5-10 mars 2024, https://pcpsr.org/en/node/973 [18 septembre 2024]. Cf. Christian Meier, « Die meisten glauben nicht an ein Massaker am 7. Oktober », FAZ, 22 mars 2024. Et Majd El-Safadi, « Wie stehen Palästinenser zur Hamas ? », FAZ, 10 février 2024, sondage de la fondation Konrad-Adenauer et du PCPSR en novembre-décembre 2023 : 44% des Palestiniens de Cisjordanie optent pour le Hamas = trois fois le chiffre de septembre, seulement 42% contre 38% à Gaza. Le soutien au Hamas s’élève en période de guerre ou immédiatement après les affrontements : seulement 38% des Gazaouis souhaitent le maintien du Hamas au pouvoir dans la bande, 75% en Cisjordanie. Cf. Guillaume de Dieuleveult, « Le Hamas face à la gronde sociale », Le Figaro, 18 juillet 2023. Amaney A. Jamal, Michael Robbinsj, « What Palestinians Really Think of Hamas », Foreign Affairs / Arab Barometer, 25 octobre 2023 = 44% des habitants de la bande de Gaza n’ont aucune confiance dans la direction politique totalitaire et incapable du Hamas ; 24% voteraient Haniyeh en cas d’élection (les seules et uniques ayant eu lieu en 2006).

[8] Cf. Lorenzo Cremonesi, « Festa nei Territori, bandiere di Hamas per gli scarcerati », Corriere della Sera, 25 novembre 2023 pour la fête en Cisjordanie après la libération de prisonniers palestiniens lors de la première trêve fin novembre avec les drapeaux du Hamas qui se présente comme la seule organisation en état de combattre l’occupation et l’« ennemi sioniste ».

[9] Cf. Guillaume de Dieuleveult, « Le Hamas face à la gronde sociale », Le Figaro, 18 juillet 2023 : les islamistes critiqués pour leur mauvaise gestion de Gaza.

[10] Cf. Alexander Haneke, « Anerkennung – und was dann ? », FAZ, 28 mai 2014 : sans parler des problèmes ardus posés par le tracé des frontières et la capacité des dirigeants ; Lorenzo Cremonesi, « Gli elogi ad Hamas e le “spie” trucidate Così in Cisgiordania cresce la rabbia », Corriere della Sera, 26 novembre 2023 : comment le Hamas s’emploie à imposer sa propagande. Autre paradoxe dans le paradoxe : malgré sa reconversion, l’ex chef du courant postsioniste reste à gauche et attend de pied ferme la chute de Benyamin Netanyahou qualifié d’incompétent, d’obscurantiste, de fanatique et d’illibéral et qui ne pourra, même en se targuant d’avoir éradiqué le Hamas, échapper à son sort, cf. « Benny Morris : “La sconfitta dei fanatici ridarà forza alla soluzione dei due Stati” », Corriere della Sera, 23 octobre 2023 : l’option des deux États se rouvrira dans la mesure où l’Autorité nationale palestinienne, aujourd’hui abhorrée, peut profiter de la chute de Benyamin Netanyahou lequel avait donné priorité au Hamas dont il voulait ignorer la nature dangereuse afin de bloquer la naissance d’un quelconque État palestinien parallèlement à Israël. L’historien pense d’ailleurs que la guerre de Gaza durera plus que prévu, « “Hamas più forte del previsto Ci vorranno mesi per sconfiggerla” », Corriere della Sera, entretien avec Lorenzo Cremonesi, 17 décembre 2023. Dans le même sens l’éloquent entretien de Yossi Beilin, artisan des accords d’Oslo en 1993, avec Lorenzo Cremonesi, « “Ho cercato un dialogo di pace con Hamas : hanno detto no” », Corriere della Sera, 29 novembre 2023 : ce « pacifiste » semblant en définitive plus dur au journaliste que le gouvernement d’ « extrême droite ».

[11] Cf. « Borrell schlägt Weg zu Zweistaatenlösung vor » », FAZ, 23 janvier 2024 et Thomas Gutschker, « Israel Frieden aufzwingen », ibid. : on note les réserves de l’Autriche (en premier lieu libérer les otages), de l’Allemagne (d’abord de petites avancées) bien que la ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock (Verts) reproche à Netanyahou son intransigeance, et même de la Jordanie dans la retenue (laquelle avait pourtant accusé Israël sur Gaza). Entretien avec Luigi Ippolito, « “Ma ora un cessate il fuoco sarebbe controproducente : se Hamas resta al suo posto i due Stati sono impossibili », Corriere della Sera, 20 décembre 2023, les « deux États » inconcevables avec le Hamas en place selon l’ancien ministre des Affaires étrangères britanniques David Cameron.

[12] Cf. Renaud Girard, « Israël doit choisir : un État pour les Palestiniens ou la guerre perpétuelle », Le Figaro, 5 mars 2024.  Entretien de l’historien Tom Segev avec Lorenzo Cremonesi, « “Politicamente finito Netanyahou può fare qualcosa di estremo” », Corriere della Sera, 16 octobre 2023 sur l’éventualité d’un transfert massif des Palestiniens de Gaza.

[13] Cf. Guillaume de Dieuleveult, « Alors que la situation à Gaza s’aggrave de jour en jour, Israël craint d’être mis au ban des nations », Le Figaro, 9 mars 2024 : sondage de l’Institut israélien pour la démocratie (IID).

[14] Cf. l’ouvrage majeur de Tom Segev, The Seventh Million The Israelis and the Holocaust, New York, Henry Holt and Company, 2000 = ha-Milyon ha-shevii, Jérusalem, Domino Books, 1991, parmi ceux qui ont ébranlé le récit fondateur de l’État d’Israël : la réaction dénuée de compassion de la communauté juive de Palestine face à l’extermination des Juifs européens, les premières rencontres douloureuses et dépourvues de compréhension  entre ceux qui se voulaient de nouveaux hébreux héroïques (l’agriculture) et les survivants représentant des victimes juives impuissantes à résister (chapitre 9 de l’édition anglaise « A Barrier of Blood and Silence »), la césure du procès Eichmann (fonction thérapeutique) et un processus complexe d’identification, la Shoah façonnant l’identité de tous les Israéliens.

[15] Cf. Cyrille Louis, « Ces “images de victoire” qui réconfortent le public israélien mais indisposent à l’étranger », Le Figaro, 19 décembre 2023.

[16] Éléments de la Royal Air Force depuis la base d’Akrotiri à Chypre. Quant à l’hostilité du Hezbollah à l’île (partie sud grecque), accusée de servir de base arrière à l’État hébreu, cf. Georges Malbrunot, « Chypre : les dessous de la guerre de l’ombre entre Israël et le Hezbollah », Le Figaro, 3 juillet 2024. Et Alexia Kefalas, « Chypre, havre de paix pour les Israéliens fuyant la guerre et ses horreurs », Le Figaro, 20 décembre 2023.

[17] Cf. Marc Henry, « Menaces de l’Iran : les États-Unis aux côtés d’Israël », Le Figaro, 3 août 2024 : Biden s’est engagé à assurer la défense d’Israël en cas de représailles de l’Iran à l’élimination d’Ismaël Haniyeh le 31 juillet à Téhéran.

[18] « Kanada stoppt Waffenlieferungen an Israel », FAZ, 21 mars 2024.

[19] « Nous suspendons une partie des ventes d’armes à Israël (ministre britannique des Affaires étrangères) », i24NEWS, 2 septembre 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/international/artc-nous-suspendons-u…ntes-d-armes-a-israel-ministre-britannique-des-affaires-etrangeres  [2 septembre 2024].

[20] Cf. Maurin Picard, « Guerre à Gaza : Netanyahou piège Biden dans les ambiguïtés de sa politique », Le Figaro, 27 mars 2024 ; Guillaume de Dieuleveult, « Isolé sur la scène internationale, Tel-Aviv s’estime lâché par l’allié américain », Le Figaro, 22 mars 2024 ; Adrien Jaulmes, « Joe Biden craint de payer au prix fort son soutien à Israël », Le Figaro, 19 janvier 2024.  Quant aux relations étroites (parfois heurtées) entre les Israéliens et la Maison-Blanche, Tom Segev, 1967 Israel, the War,and the Year that Transformed the Middle East, Little, Brown Book Group, 2008. Quand à l’implication militaire des États-Unis en 1973 et le rôle de Kissinger, cf. Pierre Razoux, La guerre du Kippour d’octobre 1973, Paris, Economica, 1999/2011, p. 274-278. Guido Olimpio, « La rete (bucata) dell’intelligence », Corriere della Sera, 8 octobre 2023, établit un rapport entre la guerre du Kippour en 1973 dès lors qu’Israël se retrouve encore plus vulnérable au lendemain du 7 octobre vu les trous dans les réseaux des services secrets ; concernant  les regrets mitigés du secrétaire d’État d’avoir conseillé à Golda Meir de ne pas attaquer, « Consigliai a Golda di non attacare Forse fu un errore Il ricordo di Kissinger dell’ottobre ‘73 », ibid.

[21] Cf. Majid Sattar, « Bidens Heimatfront », FAZ, 1er novembre 2023.

[22]  Reuters/The Times of Israel, « Des milliers de bombes de 900 kg livrées à Israel depuis le 7 octobre – États-Unis », 29 juin 2024 : plus de 14 000 bombes MK-84 et des milliers de missiles Hellfire.

[23] Cf. Viviana Mazza, « Normalizzazione con Riad : la tela di Washington per fermare Israele su Rafah », Corriere della Sera, 30 avril 2024 ; Davide Frattini, « Netanyahu : c’è una data per Rafah Usa, spinta per 9 settimane di stop », Corriere della Sera, 9 avril 2024.

[24] Cf. Davide Frattini, « Israele si blocca per lo sciopero Scontro tra Biden e Netanyahu », Corriere della Sera, 3 septembre 2024 ; et D. F., « Gaza, l’ultimo tentativo di Biden », Corriere della Sera, 4 septembre 2024 :la responsabilité de l’échec des tractations incomberait aussi aux proclamations de Netanyahou sur le corridor de Philadelphie.

[25] « Brasilien : Präsident Lula da Silva zieht Botschafter aus Israel ab », amerika21, 31 mail 2024.https://amerika21.de/2024/05/269824/brasilien-botschafter-israel-abgezogen [9 septembre 2024]. Et « Un contrat d’armement avec Israël divise le gouvernement brésilien », i24NEWS, 7 septembre 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/international/artc-un-contrat-d-armemennt-avec-israel-divise-le-gouvernement-bresilien [9 septembre 2024] : il s’agit de la finalisation d’un achat de 36 canons automoteurs auprès de la société israélienne Elbit Systems.

[26] « Israel empört über Petro », FAZ, 3 mai 2024.

[27] Cf. Andrea Nicastro, « Assalto alla chiesa e alla sinagoga Terrore nelle strade del Daghestan », Corriere della Sera, 24 juin 2024 et ibid. Guido Olimpio, « Dall’eredità di Osama ai giovani militanti che si ispirano all’Isis ». Sans oublier la chasse aux Israéliens par une foule hostile sur le tarmac et le terminal de l’aéroport de la capitale Makhatchkala le 29 octobre 2023.

[28] cf. Till Fähnders, « Ferne Freunde der Hamas », FAZ, 20 novembre 2023 : Mahathir Mohamad, longtemps chef du gouvernement, a lui aussi qualifié l’offensive à Gaza de génocide ; il aurait téléphoné au chef du bureau politique du Hamas, Ismaël Haniyeh.

[29] Cf. Sofia Dreisbach, « Israel stellt die Zukunft der Vereinten Nationen infrage », FAZ, 28 octobre 2023.

[30] Cf. Andrea Nicastro, « Guterres va a Rafah Israele dura : “Con lui l’Onu è antisemita” », Corriere della Sera, 24 mars 2024. Le Secrétaire général décide début juin d’inclure Israël dans la black list des pays et groupes armés ayant commis de graves violations sur des enfants en zone de guerre, « M. Ser., « Israele nella lista nera dell’Onu E Gantz prepara l’addio al governo », Corriere della Sera, 8 juin 2024 : l’État hébreu rejoint de la sorte la Russie, l’État islamique, al-Qaïda, Boko Haram, l’Afghanistan, l’Irak, le Myanmar, la Somalie, le Yémen et la Syrie.

[31] « Chile schliesst sich Klage gegen Israel an », FAZ, Wichtiges in Kürze, 3 juin 2024. Rappelons que la diaspora palestinienne du Chili (quelque 500 000 personnes), parfaitement intégrée et profondément enracinée, est la plus importante d’Occident et qu’on retrouve des Palestiniens dans tous les milieux dirigeants, y compris la politique, cf. FAZ, 8 novembre 2023. Cf. Sandy Fortis, « Des banques sud-africaines impliquées dans le financement du Hamas », i24NEWS, 25 janvier 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/international/afrique/1706186179-des-reseaux-de-financement-du-hamas-mis-au-jour-en-afrique-du-sud [1er avril 2024] : selon le Jerusalem Post les flux d’argent passeraient notamment par la fondation Al-Quds, groupe international sanctionné par les États-Unis et interdit par Israël, qui utilise des comptes enregistrés sur les principales banques sud-africaines. Notons en sens inverse : « La flotille pour Gaza bloquée en Turquie après que la Guinée-Bissau a retiré son pavillon », iNEWS, 27 avril 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/international/artc-la-flotille-pour-g…-bloquee-en-turquie-apres-que-la-guinee-bissau-a-retire-son-pavillon [27 avril 2024] et se rend de la sorte « complice » d’Israël selon la coalition d’ONG et d’associations impliquées.

[32] L’État hébreu parlant de discrimination, cf. « Israel spricht von Diskriminierung », FAZ, 27 janvier 2024.

[33] « Avis de la CIJ sur la “colonisation israélienne” : “historique” pour les Palestiniens, “absurde” pour Israël », Le Figaro/AFP, 19 juillet 2024 ; Alexander Haneke, « Haager Gerichtshof fordert Israel zur Räumung aller Siedlungen auf », FAZ, 20 juillet 2024 ; Alexander Haneke, Christian Meier, « Wann wird Besatzung zur Annexion ? »,  FAZ, 19 juillet 2024.

[34] Cf. Davide Frattini, « Accuse all’agenzia Onu a Gaza, nove Stati sospendono i fondi », Corriere della Sera, 28 janvier 2024.

[35] Pour la biographie « compliquée » de ce procureur qui se veut en apparence indépendant, « Dall’ex Jugoslavia ai dittatori Le scommesse di Karim Khan », Corriere della Sera, 22 mai 2024. Un des plus grands antisémites de la modernité selon Netanyahou, cf. Nikolas Busse, « Haftbefehl gegen Netanjahu : Israel ist nicht die Hamas », FAZ, 22 mai 2024. Israël n’a pas, non plus que les États-Unis, ratifié le Statut de Rome ; la CPI n’entre en jeu que si les autorités judiciaires du pays concerné ne peuvent ou ne veulent agir ; pourquoi reprocher implicitement à la justice israélienne de fermer les yeux sur les événements de Gaza , cf. Alexander Haneke, « Ist der Haftbefehl gegen Netanjahu unausweichlich », FAZibid. Id., « Besatzung kann nicht unendlich sein », FAZ, 26 février 2024.

[36] Cf. Davide Frattini, « “Mandato di arresto per Netanyahu , Gallant e i leader di Hamas” », Corriere della Sera, 21 mai 2024. Isabelle Lasserre, « Le difficile chemin d’une justice internationale suspectée d’arrière-pensées », Le Figaro, 22 mai 2024 : les enquêteurs ont travaillé sur les données du ministère de la Santé du Hamas et d’ONG ; l’accusation serait politique car elle applique un « double standard » à la justice internationale ; comment ne pas discerner une intention politique dans le fait d’attribuer au peuple victime de la Shoah une volonté génocidaire ; précédent au demeurant dangereux car si la CPI avait existé à l’époque les aviations américaine et britannique auraient-elles été accusées de la même manière ? (problème pour les démocraties devant partir en guerre).  L’État hébreu méprise le parallèle établi entre Israël et le Hamas et appelle les pays à ignorer les mandats d’arrêt, Christian Meier, « Israel ruft Länder dazu auf, Haftbefehle zu ignorieren », FAZ, 22 mai 2024.

[37] Cf. Francesco Battistini, « Nel Risiko della Westbank i coloni sono avanzati (ancora) coperti dal rumore della guerra », Corriere della Sera, 7 janvier 2024. Quitte à s’attirer des critiques virulentes comme celles de Josep Borrell, le gouvernement israélien répond en pleine trêve qu’il compte débloquer de nouveaux crédits afin de construire d’autres colonies, cf. Georges Malbrunot, « À la faveur de la trêve, Israël et le Hamas font de la politique », Le Figaro, 29 novembre 2023. Cf. Guillaume de Dieuleveult, « “Bibi” Netanyahou accélère la colonisation des Territoires palestiniens », Le Figaro, 29 juin 2023. Christian Meier, « Israel treibt Siedlungsbau voran », FAZ, 28 juin 2023 : 4 600 unités planifiées en juin, mais le chiffre est rehaussé de 1 000 après l’assassinat de quatre Israéliens près d’Eli.

[38] Lequel s’en prend également avec virulence aux Bédouins nombreux à vivre dans des implantations illégales, cf. Christian Meier, « Ein Dorf reisst sich ab », 16 juillet 2024.

[39] Cf. Stanislas Poyet, « En Cisjordanie, la guerre accélère les expulsions de Palestiniens », Le Figaro, 6 décembre 2023 : en zone C on assisterait tout simplement à une « opération de nettoyage ethnique ».

[40] Cf. Christian Meier, « Die Zeit der Wunder », FAZ, 12 juillet 2024, Orit Strock, ministre des Implantations et Projets nationaux, membre du parti Force juive (Otzma Yehudit), parle d’un « temps du miracle ».

[41] Cf. Lorenzo Cremonesi, « COLONI », Corriere della Sera, 10 novembre 2023 ; D.F., « “Usare l’atomica ? Possibile” Il ministro estremista e la frase choc che rilancia il mistero nucleare israeliano », Corriere della Sera, 6 novembre 2023 : Amihai Eliyahu, ministre du Patrimoine, lui aussi de Force juive, n’hésite pas à envisager de larguer une bombe atomique sur Gaza ; le chef de l’exécutif le suspend.

[42] Cf. Marc Henry, « La recolonisation de Gaza préconisée par des ministres israéliens », Le Figaro, 4 janvier 2024 ; Guillaume de Dieuleveult, « La coalition de Netanyahou écartelée sur la question de l’après-guerre à Gaza », Le Figaro, 6 janvier 2024 : contre l’avis du ministre de la Défense Yoav Gallant lequels propose que l’administration soit confiée aux Palestiniens et un article du journal Maariv – « comités locaux » avec l’aval d’Israël et coordination israélo-égyptienne pour la sécurisation de la frontière, le « suprémaciste » Ben-Gvir a en tête une nouvelle carte du territoire avec des bases militaires, les colonies et des points de contrôle. En attendant, ce sont les gangs armés qui prospèrent, cf. Guillaume de Dieuleveult, « Dans le chaos et l’anarchie de l’enclave palestinienne, les gangs armés prolifèrent », Le Figaro, 4 mars 2024. Et Davide Frattini, « “Avrete casa sulla spiaggia” Tra gli ultrà che già disegnano nuove colonie nella Striscia », Corriere della Sera, 29 janvier 2024 ; Cyrille Louis, « Évacués par Ariel Sharon en 2005, les anciens colons de Goush Katif rêvent de retourner à Gaza », Le Figaro, 24 octobre 2023 : le traumatisme du 7 octobre a changé la donne. Désir de vengeance, Tanguy Berthemet, « En Cisjordanie, ces colons qui veulent “raser” Gaza », Le Figaro, 14 octobre 2023. Même dans les localités modérées, c’est le jusqu’au-boutisme, Lorenzo Cremonesi, « Tra le ville dei coloni israeliani nei Territori : “È il momento di espellere tutti i palestinesi” », Corriere della Sera, 5 septembre 2024.

[43] Cf. Cyrille Louis, « Ces Israéliens radicaux qui tentent de bloquer l’aide humanitaire vers Gaza », Le Figaro, 14 mars 2024 et Guillaume de Dieuleveult, « Les colons épinglés par Washington ne comprennent pas ce qui leur arrive », Le Figaro, 9 mars 2024

[44] Il se propose de transférer les détenus au Qatar, cf. Davide Frattini, « Netanyahu : libereremo i detenuti ma dovranno andare in Qatar », Corriere della Sera, 26 février 2024. Le Premier ministre s’en tient actuellement à une zone tampon inhabitée d’un à deux kilomètres de large, au maintien d’un certain nombre de points dans le corridor de Philadelphie à la frontière avec l’Égypte, à la route/corridor de Netzarim (ancienne colonie évacuée en 2005) qui coupe la bande de Gaza en deux, cf. Christian Meier, « Pufferzone in Gaza », FAZ, 18 avril 2024 profite de la crise avec l’Iran pour détourner le regard de Gaza.

[45] Cf. Francesco Battistini, « Il “day after” di Netanyahu :  mandare i palestinesi di Gaza in Congo (e in Arabia) “Esilieremo solo i terroristi” », Corriere della Sera, 4 janvier 2024 : le gouvernement israélien affirmant une volonté d’exiler seulement les terroristes.

[46] « Israël en pourparlers avec le Tchad et le Rwanda pour l’accueil de milliers de Palestiniens de Gaza », i24NEWS = Zman Israel, 5 janvier 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/diplomatie-defense/170445446…ad-et-le-rwanda-pour-l-accueil-de-milliers-de-palestiniens-de-gaza [1er janvier 2024] : avec généreuses compensations financières tant pour les candidats à l’émigration qu’en direction des pays d’accueil.

[47] Cf. Cyrille Louis, « La guerre renforce la tentation de l’exil parmi les chrétiens de Jérusalem », Le Figaro, 30 mars 2024. On note que les chrétiens, désormais 1,5% de la population (1 000 à Gaza destinés eux aussi à disparaître) s’abstiennent (commerçants) de condamner clairement le pogrom du 7 octobre, cf. Lorenzo Cremonesi, « Natale di guerra a Betlemme La Basilica della Natività senza pellegrini e un presepe di macerie, ma nessuna condanna chiara dai cristiani per il 7 ottobre », Corriere della Sera, 22 décembre 2023. Phénomène significatif, cf. Guillaume de Dieuleveult, « À Jérusalem, de plus en plus de Palestiniens face au risque d’expulsion », Le Figaro, 3 septembre 2024.

[48] Cf. Davide Frattini, «” Gerusalemme è solo nostra” I coloni nella Città Vecchia Scontri e cori : morte agli arabi », Corriere della Sera, 6 juin 2024.

[49] Cf. Emmanuel Derville, Wladimir Garcin-Berson, « Des dizaines de milliers d’Indiens espèrent un emploi en Israël », Le Figaro, 5 février 2024 ; ce qui explique peut-être aussi la prudence de l’Inde quant au conflit, Emmanuel Derville , « Israël-Hamas : l’Inde, “gourou du monde”, brille par sa prudence, Le Figaro, 20 octobre 2023. Au contraire et logiquement, Stanislas Poyet, « Des milliers de travailleurs palestiniens renvoyés à Gaza », Le Figaro, 4 novembre 2023.

[50] Cf. Alexia Kefalas, « Guerre au Proche-Orient : la Grèce craint une vague migratoire », Le Figaro, 27 octobre 2023.

[51] Cf. « Un proche conseiller de Trump propose un plan pour l’annexion de la Judée-Samarie », i24NEWS, 3 septembre 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/international/artc-un-proche-conseiller-de-trump-propose-un-plan-pour-l-annexion-de-la-judee-samarie [3 septembre 2024].

[52] Cf. Guillaume de Dieuleveult, « Avec la guerre à Gaza, la Cisjordanie est une bombe à retardement », Le Figaro, 13 juillet 2024.

[53] Cf. Cyrille Louis, « La guerre à Gaza attise le feu qui couve en Cisjordanie », Le Figaro, 28 octobre 2023 ; Guillaume de Dieuleveult, « La Cisjordanie dans l’engrenage des affrontements entre l’armée israélienne et les Palestiniens », Le Figaro, 3 février 2024 : la ville de Jénine, « foyer » de la résistance, a été la cible de nombreux raids de Tsahal  alors que les combattants palestiniens multiplient les escarmouches contre les colons et l’armée israélienne ; Lorenzo Cremonesi, « In Cisgiordania tra sangue e ulivi ” I coloni sparano, Hamas cresce », Corriere della Sera, 29 octobre 2023 ; Christian Meier, « Smotrichs Krieg gegen di Palästinensische Autonomiebehörde », FAZ, 28 juin 2024 : le ministre israélien des Finances pousse l’Autorité nationale palestinienne à la banqueroute en bloquant les 60-75 millions d’euros destinés mensuellement à des « nazi-terroristes » (Gaza) après le 7 octobre, et même l’ensemble des fonds destinés à l’ANP dès lors que trois États européens ont reconnu la Palestine en tant qu’État soit 60-70% de son budget ; même Netanyahou  est critique, l’ANP présentant selon lui des avantages (sécuritaires). Cf. Guillaume de Dieuleveult, « Les colons épinglés par Washington ne comprennent pas ce qui leur arrive », Le Figaro, 9 mars 2024 : ils sont interdits devant les sanctions adoptées par les États-Unis, la Grande-Bretagne et la France.

[54] Cf. Guillaume de Dieuleveult, « Israël se dirige vers une occupation durable de la bande de Gaza », Le Figaro, 11 septembre 2024.

[55] Cf. Marta Serafini, « Hezbollah apre “la resa dei conti” Israele, dubbi sulla sorte di Sinwar », Corriere della Sera, 23 septembre 2024 ; Christian Meier, « Spekulationen um möglichen Tod von Hamas-Chef », FAZ, 24 septembre 2024 quant aux divergences entre les services et à la nouvelle (?) proposition (très critiquée) du porte-parole du gouvernement sur la question des otages, Gal Hirsch : le départ de Sinwar et des dirigeants restants à l’étranger contre la libération de tous les otages et l’arrêt des combats.

[56] Cf. D. F. « Un tribunale come per Eichmann Il processo difficile ai terroristi di Hamas », Corriere della Sera, 25 février 2024.