du Michel Korinman

Au moment où des manifestations monstres – restitution des otages (vivants et/ou morts) contre arrêt de la guerre entre Israël et le Hamas et libération d’une masse surmultipliée de terroristes – inondent les rues de Tel-Aviv, le pays étant politiquement lacéré jusqu’au sein du cabinet de guerre (formé le 11 octobre 2023 et dissous le 17 juin 2024), il n’y a rien d’étonnant à ce que de multiples auteurs « postsionistes » proclament une extrême segmentation historique et contemporaine du sionisme, d’Israël et du judaïsme en général. Ils peuvent se fonder sur une relecture d’ailleurs intéssante de personnages comme Léon Pinsker, Theodor Herzl, Ahad Ha’am, Vladimir Jabotinsky, David Ben Gourion : le sionisme fut plus compliqué que l’aspiration à une pleine souveraineté et se caractérisait comme sub-impérial et multinational[1].

Ne manque naturellement jamais dans ce tableau l’opposition entre « territorialistes » – ubiquité du Sion à venir – et sionistes « bibliques » – Sion nulle part ailleurs qu’en Palestine – qui s’incarne parfaitement dans le « Projet Ouganda » à  l’intérieur du British East Africa soit plus ou moins l’actuel Kenya. Celui-ci est proposé par les Britanniques et présenté par Theodor Herzl en 1903 lors du sixième Congrès sioniste comme solution temporaire, vu le refus d’installation en Palestine par le pouvoir ottoman ; cette affaire provoque une scission au sein du mouvement sioniste, le projet étant rejeté par le septième Congrès sioniste à une forte majorité en 1905 et les « territorialistes » quittant l’Organisation sioniste mondiale[2].

Tant qu’à faire, autant mentionner le plan Madagascar (les Malgaches hors cadre) inventé par l’orientaliste antisémite allemand Paul de Lagarde en 1885, soutenu dans les années 1920 par les Britanniques Henry Hamilton Beamish et Arnold Leese ; ce projet d’immense île-ghetto sous contrôle nazi fut évoqué en Allemagne depuis 1938 et réellement envisagé sous l’impulsion d’Himmler en 1940, mais abandonné compte tenu de l’échec à obtenir la capitulation des Britanniques[3].

Mais ce faisant, les postsionistes essentialisent l’histoire[4] : comme si l’État hébreu était par nature hostile à l’État-nation[5] et se caractérisait de toute façon, de toute éternité en tant qu’« Israël contre Israël » : opposition entre laïcs et (ultra)religieux, entre Ashkénazes et Séfarades, entre gauche et droite, entre communautés ethniques[6]. Fossés jamais aussi profonds qu’en pleine guerre depuis l’énorme pogrom du 7 octobre 2023 compte tenu de l’opposition virulente au gouvernement de Benyamin Netanyahou sur la question des otages et des dissensions entre les décideurs mais qui font surtout de toute façon obstacle à la présence d’un État « normal ». En somme, si le Hamas parvenait à ses fins – embrasement du Moyen-Orient et perversion de l’Occident, soit à terme la destruction d’Israël, il y aurait (même si les auteurs postsionistes plus ou moins sophistiqués le nieront à coup sûr) consécration d’un fait géopolitique. De fait, nombre de nos contemporains, aux États-Unis et en Europe de l’Ouest souffrent d’un désir à peine rentré d’apocalypse par procuration. Conjurer la fin de l’Histoire par la fin d’une histoire, celle d’Israël. Accomplissement de la décolonisation ! Finie la nation anti-hégélienne qui s’obstine à l’heure où les Européens vont se fondre en un bloc. Et jusqu’à la Shoah s’en trouvera normalisée, puisque viendra s’annuler le miracle de la réparation du génocide par la fondation de l’État hébreu. D’où d’une part la minimisation du 7 octobre, et l’invention d’un génocide à Gaza de l’autre. Or, au-delà des crimes de guerre commis sur les Israéliens et les pertes très considérables subies par les Palestiniens (les chiffres cités dans la presse internationale s’alignant en règle générale sur ceux du Hamas[7]), ce sont les paradoxes du conflit qui méritent dans l’intérêt des deux parties d’être analysés.

I Révision historique

L’ex chef de file du postsionisme, Benny Morris[8], auteur de The Birth of the Palestinian Refugee Problem, 1947-1949 Cambridge University Press, l’ouvrage ayant mis le feu aux poudres en 1988, opère début janvier 2004 une révolution copernicienne dans le cadre d’une interview avec Ha’aretz[9]. Voilà les points essentiels de cette « reconversion » :

  • les sionistes étaient naturellement partisans du transfert des populations palestiniennes, mais avec raison car l’État d’Israël allait résulter de ce déracinement. Pas d’autre choix du moment où Israël, en voie de constitution puis à peine constitué, avait été attaqué d’abord par les Palestiniens eux-mêmes, puis par les voisins arabes, que de « nettoyer » (mitzvah nikajon) l’hinterland, les zones frontalières et les artères principales d’une cinquième colonne potentielle. Mieux : il est regrettable que David Ben Gourion, premier chef de l’exécutif, n’ait pas été jusqu’au bout et se soit contenté d’expulser seulement en partie ces populations, commettant par là une erreur de taille, car il aurait sinon consolidé l’État d’Israël pour des générations jusqu’au Jourdain;

 

  • Il y a les Palestiniens des « Territoires occupés » et ceux d’Israël, en voie de palestinisation, donc une bombe à retardement démographique et sécuritaire. L’expulsion est cependant actuellement impensable : le monde et les États arabes/musulmans ne l’admettraient pas. Mais on peut envisager d’ici cinq à dix ans un scénario apocalyptique : les islamistes accéderaient le pouvoir au Caire et les Syriens s’en prendraient à Israël avec des armements chimiques et biologiques de destruction massive ; les Palestiniens d’Israël, eux, attaquant de l’intérieur. À menace existentielle, réaction extrême ;

 

  • Les Palestiniens sont malades et Israël doit les soigner. Peut-être un État sera-t-il, à terme, le palliatif approprié[10]. Mais il faut entre-temps contenir cette population derrière des barreaux. Les attentats-suicide ne sont pas des actes isolés ; ils traduisent la volonté profonde et générale de prendre une revanche (culture tribale) non seulement sur la situation actuelle, mais quant à la Nakba (catastrophe) originelle de 1948 (1950).

Pour résumer : les barbares musulmans ont déjà pénétré en Occident, nouvelle Rome du XXIe siècle et les Israéliens tiennent la ligne du front européen. Les Juifs, antiques victimes de l’Histoire, pourraient bien succomber une fois de plus.

Le « nouvel historien » serait-il passé dans le camp de l’extrême droite israélienne. Non, il explique son « tournant » par les événements du Sommet pour la Paix au Proche-Orient de Camp David (II) en juillet 2000 : Bill Clinton, Président des États-Unis ; Ehoud Barak, Premier ministre de l’État d’Israël ; Yasser Arafat, président de l’Autorité nationale palestinienne. Les Palestiniens ont définitivement ouvert les yeux à l’historien en refusant les propositions équitablement cartographiées par les Israéliens. Arafat pour qui ces derniers restent des croisés veut les renvoyer en Europe. Césure historique, donc, y compris pour la gauche israélienne, et dont on ne saurait sous-estimer l’importance[11].

II L’antisémitisme, idiot utile du sionisme

On compte aujourd’hui 15,7 millions de Juifs, contre 16,6 millions en 1939 et 11,5 millions en 1948. Après Israël et les États-Unis (6,3 millions soit 40%) viennent la France avec 440 000 (3%), suivie par le Canada avec 398 000 (2,5%), la Grande-Bretagne avec 312 000 (2%), l’Argentine avec 171 000 (1,3%), la Russie avec 132 000 (1,1%), l’Allemagne avec 125 000 (0,8%) et l’Australie avec 117 000 (0,7%)[12]. Les chiffres exacts restant très difficiles voire impossibles à calculer. Or, compte tenu de la vague d’antisémitisme en Occident, un déplacement de la diaspora occidentale en direction de l’État hébreu devient de plus en plus concevable. Comme en témoigne le rapport annuel sur l’antisémitisme dans le monde publié par l’université de Tel-Aviv et l’Anti-Defamation League (ADL) : « Si les tendances actuelles se poursuivent, il deviendra impossible de mener une vie juive en Occident »[13].

Dans de nombreux pays occidentaux on relève un déni de la Shoah en particulier chez les jeunes adultes. Par exemple chez les Néerlandais : quelque 23% des répondants nés entre le début des années 1980 et vers 2010 nient l’extermination de plus de six millions de Juifs par les nazis ou estiment que les chiffres ont été exagérés ; des chiffres plus élevés que pour les autres pays étudiés, soit le Royaume-Uni et le Canada (9%) de même que l’Autriche et la France (10%)[14].

Examinons quelques cas.

  • Aux États-Unis, une enquête menée par l’université Brandeis (Centre Maurice et Marilyn Cohen) montre qu’un tiers des étudiants non-juifs ont adopté en 2023-2024 des idées hostiles envers les Juifs ou Israël[15]. Cependant qu’une extension du concept d’antisémitisme dans le sens de l’Alliance internationale pour la mémoire de l’Holocauste (International Holocaust Remembrance Alliance), soit la négation du droit à l’autodétermination du peuple juif (Israël), a été ratifiée à une large majorité bipartisane (320 contre 91) à la Chambre des représentants[16]. Et alors qu’une très large majorité d’Américains (61%) soutiennent Jérusalem contre 13% de propalestiniens, une crise morale et politique submerge le monde universitaire américain (largement wokiste) : les actes de vandalisme et de violence envers des personnes juives augmentent, même dans les quartiers huppés de New York – 8,6 millions d’habitants dont 1,6 de confession juive = 18% du total[17]. Les présidentes des plus prestigieuses universités de Pennsylvanie, de Harvard et du MIT, auditionnées par le Congrès américain, ont échoué à défendre les « khmers » décolonialistes, les deux premières démissionnant finalement[18]. De même les « dérives antisémites » sur le campus de Columbia où Joe Biden tente d’adopter une position médiane : « Je condamne les manifestations antisémites », mais « également ceux qui ne comprennent pas ce qui se passe avec les Palestiniens » ; les républicains appellent pour leur part à la démission de Minouche Shafik, incapable comme le déclarent les organisations juives de garantir la sécurité des étudiants juifs, qui abandonnera son poste[19].

 

  • Le Canada où la haine portée par le Hamas contre les Juifs a des relais à peine masqués dans les rassemblements anti-Israël et sur internet avec un ciblage évident des institutions communautaires juives (y compris un hôpital). Cette hausse est d’ailleurs quantifiable : 27% des incidents haineux signalés à Ottawa où les Juifs ne représentent que 1,4% de la population ; +62% à Vancouver ; doublement plus ou moins à Halifax, Edmonton et Calgary ; 132 incidents et crimes à Montréal ; + 211% (56 incidents du 7 octobre au 17 décembre et plus du double du total de l’année précédente) à Toronto[20].

 

  • En Grande-Bretagne, la police métropolitaine a enregistré 2 065 incidents entre octobre et juillet : 390 dans les quartiers de Barnet, 277 à Westminster, 250 à Hackney et 190 à Camden rapporte la BBC (elle-même passablement orientée dans ses présentations du conflit Israël-Hamas). Le maire Sadiq Khan a donc mis en place une nouvelle ligne de bus « expérimentale », la 310 entre les quartiers de Stamford Hill à Hackney et Golders Green à Barnet de façon à ce que les Londoniens de confession juive puissent se sentir en sécurité lors de leurs déplacements (promesse électorale). Le contexte est si tendu que les représentants du London Jewish Forum et du Board of Deputies of British Jews se sont dits « ravis ». Ce qui veut dire que si elles subissent à l’avenir des actes antisémites, ce sera la faute des victimes juives puisqu’elles se seront abstraites de leurs safe space (retour au Moyen Âge)[21]. Jeremy Corbyn, ex-chef du Parti travailliste (2015-2020 ), régulièrement critiqué pour des liens avec « l’extrême gauche antisémite, voire négationniste » et suspendu au mois d’octobre 2020, est élu (pour la 11e fois) comme candidat indépendant dans la circonscription d’Islington North[22].

 

  • En Allemagne, le Bundeskriminalamt compte 1927 actes criminels sur fond antisémite pour 2023. 994, soit 29 quotidiennement, durant le mois suivant le 7 octobre donc une hausse de 320% par rapport à l’année précédente[23]. Le Verfassungsschutz (Office fédéral de protection de la constitution) souligne le rôle de l’islamo-gauchisme comme de l’extrême droite et met en garde contre une montée de la haine antijuive, en particulier sur internet, les réseaux sociaux, et par le biais de l’intelligence artificielle. L’antisémitisme devient en quelque sorte viral et se transmet par le biais de la haine d’Israël et la minimisation de la Shoah[24]. 8% des étudiants et 18% de la population sont concernés[25]. Un tiers des communautés juives font l’objet d’attaques[26]. En 2019, seulement un cinquième des Allemands considérait l’antisémitisme comme un problème, ce sont aujourdhui 45% avec une différence marquée entre l’Ouest (un gros problème pour environ la moitié de la population) et l’Est (un tiers)[27]. D’où la protestation de plus de 70 professeurs d’université quant à l’antisémitisme dans le monde universitaire[28]. Nombre de Juifs, conscients du fait que « la vie juive disparaît publiquement », perdent toute confiance dans les institutions[29]. Sans compter les « populistes de droite » de l’Alternative für Deutschland (AfD), originellement ancrés dans l’idéologie völkisch, qui ont réalisé un exploit aux élections régionales de Thuringe (première place) et une performance en Saxe (second rang) le 1er septembre, de même qu’ils ont progressé de 6,5% par rapport à 2019 (score en nette hausse) dans le Brandebourg en obtenant 29,2% (toutefois au deuxième rang derrière le SPD) le 22 septembre ; ils restent extrêmement divisés sur l’antisionisme (l’antisémitisme) comme d’ailleurs sur tous les sujets de politique extérieure[30].

 

  • Le cas français est majeur puisque l’explosion des actes antisémites y a bondi de plus de 1 000 % depuis le 7 octobre. D’après une étude réalisée par l’Ifop pour l’American Jewish Committee (AJC) en partenariat avec Fondapol, publiée le 5 mai 2024 dans LeParisien, un quart des Français juifs ont été victimes d’un acte antisémite depuis le 7 octobre, 12% à plusieurs reprises ; d’où le retrait des signes religieux chez 44% ; un tiers réduisent leurs trajets en VTC par crainte d’être agressés par un chauffeur ; leçon particulièrement préoccupante : le « rajeunissement de l’antisémitisme » puisque 35% des moins de 25% (contre 21% de la population totale) estiment justifié de s’en prendre aux Juifs en raison de leur soutien supposé à Israël[31]. Le mardi 18 juin c’est le viol antijuif d’une adolescente. Incendies à l’intérieur ou devant les synagogues de Rouen (17 mai) puis de la Grande-Motte (24 août). Recrudescence d’actes antisémites et exclusion des étudiants juifs avec une sorte de fichage ethnique à Sciences Po[32]. Ici prime l’antisémitisme de gauche, occulté et refoulé (Pierre-Joseph Proudhon, Jules Guesde, Jean Jaurès (!)[33], qui constitue maintenant en binôme avec l’islamisme militant le vecteur essentiel d’un nouvel antisémitisme, emmené par La France insoumise sous couleur d’antisionisme selon 92% des Français juifs (et ce totalement dans 82% des cas), La France insoumise (LFI) recrutant dans les quartiers populaires (immigrés) et dans une partie de la population universitaire[34]. D’où le bouleversement des Juifs de gauche, historiquement hostiles à l’extrême droite, mais qui sont 57% à envisager de quitter leur pays en cas de victoire d’un candidat de LFI ; contre 30% qui répondent de la sorte si le RN de droite nationale l’emportait[35]. Au contraire, Serge Klarsfeld, président des Fils et filles de déportés juifs de France, se réjouit que le Rassemblement National ait rompu avec l’antisémitisme des origines, de même que le philosophe Alain Finkielkraut préférerait la droite du Rassemblement à l’antisémitisme du Nouveau Front populaire ; en Israël même, Amichai Chikli, ministre de la Diaspora, en charge de la lutte contre l’antisémitisme a rencontré Marine Le Pen et exprimé son soutien au RN. Le parti participe (contrairement à LFI) à la marche contre l’antisémitisme le dimanche 12 novembre 2023[36]. Ceci alors que 72% Français voient en juin 2024 dans l’antisémitisme une menace sérieuse pour les Français de confession juive et pour la société dans son ensemble, 75% étant contre la poursuite des manifestations propalestiniennes[37].

 

  • L’Espagne (13 000 juifs en 2021-2022) où les réflexes antisémites sont largement répandus et peu questionnés : massacres de 1391, expulsion des Juifs, Inquisition, judéophobie du franquisme rarement étudiés (Alejandro Baer)[38]. On rencontre plus largement des stéréotypes : psychologie du Juif vindicatif dans La Vanguardia; caricature dans El País avec les ruines de Gaza intitulée « Ancien Testament : nouvelle édition ».La gauche espagnole se caractérise par un anti-impérialisme et un antisionisme (dont elle peine à effacer les accents antisémites). Autrefois, le Partido Popular et les populistes de droite de Vox partageaient semblables positions, ce n’est plus cas aujourd’hui puisque, majoritaires au conseil municipal de Madrid, ils ont attribué au peuple israélien la médaille d’honneur de la capitale. À côté de l’antisémitisme de gauche s’exprime celui des néonazis et des islamistes (mais contrairement à la France et à l’Allemagne sans grande participation des immigrés musulmans).

Du coup, l’alya (la « montée » des Juifs de la diaspora en Israël) prend une ampleur considérable pour ce qui est de l’Occident. Selon un rapport du Centre mondial de l’alya de l’Agence juive, plus de 30 000 personnes auraient ouvert des dossiers depuis le 7 octobre ; principalement à partir des pays occidentaux, ce qui compense une baisse planétaire concernant surtout les Juifs de l’ex-Union soviétique : – 42% de nouveaux immigrants globalement en août 2024 par rapport à août 2023[39]. Et selon le ministre à l’Immigration et à l’Intégration, Ofir Sofer, il pourrait s’agir de dizaines de milliers d’olim dans les années à venir. Nombre de civils, souvent dotés d’une double nationalité, rejoignent l’immense cohorte des réservistes de l’armée[40].

Plus de 6 000 Américains ont ouvert des dossiers d’alya depuis le début de la guerre, soit une augmentation de 62% par rapport à la même période en 2022.

De même pour le Canada avec une hausse de 87% du nombre de gens ouvrant des dossiers d’immigration avec plus de 800 Juifs exprimant leur désir d’immigrer en Israël[41]. Au Royaume-Uni on enregistre un nombre similaire de dossiers avec une augmentation de 63%. Le ministère israélien annonce des programmes et avantages spéciaux : réduction de la taxe d’achat pour l’achat d’un appartement, aide importante au loyer dans le Néguev et en Galilée, soutien aux universitaires, subventions aux médecins.

Mais c’est sans doute l’alya française qui est la plus saisissante. La dernière hausse particulièrement importante avait eu lieu en 2014 et en 2015 après les attentats de l’école Ozar Hatorah et de l’Hypercacher, 7 300 juifs de l’Hexagone s’installant en Israël en 2014 et 7 900 l’année suivante. Depuis le 7 octobre, deux facteurs expliquent une tendance très significative : selon l’Agence juive l’antisémitisme et les attaques antijuives d’une part, un fort sentiment d’identification à l’État hébreu et à son destin de l’autre[42]. Même si cet organisme ne confirme pas le chiffre de 2 000 ouvertures de dossiers d’alya à l’issue des législatives, il souligne l’intérêt en particulier des jeunes après l’arrivée en tête du Nouveau Front Populaire pour le départ en Israël[43]. 510% d’augmentation d’octobre 2023 à juillet 2024 selon le ministère israélien de l’Immigration et de l’Intégration et l’Agence juive[44]. Comme le note Caroline Yadan, députée de la 8e circonscription des Français établis hors de France, « les Juifs ne se demandent pas s’ils vont partir, mais quand ils vont partir ». Selon une enquête du Fonds social juif unifié (FSJU) menée après le 7 octobre et publiée en juillet 2024, 46% des jeunes Français juifs seraient prêts à faire leur alya : 42% affirmant avoir été victime d’antisémitisme et dans 22% des cas la première fois après le 7 octobre. Ils n’ignorent pas les difficultés économiques et sécuritaires (sans compter la barrière linguistique) en Israël, mais ne veulent plus se cacher. En somme, mieux vaut l’État hébreu en guerre multi-fronts que la France en paix. Après l’alya interne hors des territoires largement peuplés d’immigrés musulmans[45], la « montée » en Israël. Tout se passe comme si la judéophobie française allait paradoxalement consolider la démographie et du même coup la puissance israélienne. Le rêve d’Ariel Sharon qui appelait explicitement à semblable élan. Mais il y a plus : si les nouveaux immigrés français se dirigent vers Jérusalem, Netanya et Tel-Aviv, on peut s’attendre à une implantation des personnes moins bien loties dans les « territoires occupés ». Au fond, l’antisémitisme (évidemment bien à son insu) aurait partie liée avec le sionisme.

[1] Cf. Dmitri Shumsky, Beyond The Nation-State The Zionist Political Imagination From Pinsker to Ben-Gurion, Yale University Press, 2018.

[2] Cf. David Kalfa, « Une implantation juive en Afrique : il y a 120 ans, quand le mouvement sioniste négociait le “Projet Ouganda” », Rfi, 23 août 2023, https://www.rfi.fr/afrique.20230823-une-implantation-juive-en-_a-120-ans-quand-le-mouvement-sioniste-négociait-le-projet-ouganda [28 août 2024].

[3] Cf. l’ouvrage de Magnus Brechtken, “Madagaskar für die Juden” Antisemitische Idee und politische Praxis 1885-1945, Studien zur Zeitgeschichte, Oldenbourg, Munich, 1998 : en particulier sur le rôle de la Pologne, de la Roumanie, de la France (sceptique) et des organisations d’entraide juives (!) au chapitre IV.

[4] L’immense ouvrage d’Adolf Böhm, Die Zionistische Bewegung, Die Zionistische Bewegung  bis zum Ende des Weltkrieges, Berlin, 1921, deuxième édition Berlin Jüdischer Verlag/Tel-Aviv/Hozaah Ivrith, 1935/1937 ;  Die zionistische Bewegung 1918 bis 1925, Tel-Aviv, Hozaah Ivrith, 1935 reste très utile.

[5] Cf. Arie M. Dubnov, « Not the Zionism you grew up on », Haaretz , 31 mai 2019 : le fait que les leaders sionistes s’opposent à une quelconque indépendance des Palestiniens se fondent sur une aversion contre l’État-nation en général. Au contraire, Yaacov Yadgar, Sovereign Jews Israel, Zionism, and Judaism, State University of New York Press, Albany, 2017 : en particulier le chapitre 9 Who needs the Status quo ? Statist Jews and « Religion Coercion ». Sur l’incapacité d’Israël à se doter d’une Constitution, la « procrastination constitutionnelle avec adoption progressive de Lois fondamentales destinéees à former à terme une Constitution, cf. Danny Trom, L’État de l’exil Israel, les Juifs, l’Europe, Paris, Presses Universitaires de France, 2023

[6] Cf. en sens inverse Cyrille Louis, « Sous pression, les Arabes israéliens font profil bas », Le Figaro, 6 avril 2024 : l’intégration de la minorité arabe soit 1,6 sur 8,7 millions d’habitants progresse malgré les inégalités persistantes (criminalité peu maîtrisée par les autorités) et une défiance tenace au sein d’une partie de la majorité juive ; même si un État voyait le jour en Cisjordanie et à Gaza , il ne s’étendrait pas aux localités arabes d’Israël, ce qui exige une gestion fine des relations avec la population juive d’Israël. Bien que la guerre soit dans tous les esprits, cf. Wladimir Garcin-Berson, « En Israël, des campus entre peur et culpabilité », Le Figaro, 27 janvier 2024.  Par ailleurs, des Druzes et des Bédouins comptent parmi les victimes des attaques terroristes, cf. Hugues Maillot, « Victimes du Hamas, les Bédouins du Neguev font profil bas », Le Figaro, 6 décembre 2023 : plusieurs membres de cette minorité arabe ayant la citoyenneté israélienne ont été tués, enlevés ou ont sauvé des Juifs le 7 octobre.

[7] Les truquages vont évidemment dans les deux sens,  cf. Emanuel Fabian, « IDF probing leaks of Hamas papers seemingly aimed at stoking opposition to hostage deal », The Times of Israel, 8 septembre 2024 à propos de prétendus documents du Hamas dans le Bild et The Jewish Chronical, https:www.timesofisrael.com/idf-probing-gaza-files-leak-that-sought-to-shift-public-view-of-hostages-talks  [9 septembre 2024) ; D. Fr., « Il giornale di Londra Bufera al “JC”, ora lasciano anche le firme », Corriere della Sera, 16 septembre 2024.

[8] Cet enfant du Kibboutz Ein Horesh, autrefois membre d’HaShomer HaTzair (la jeune garde), qui avait toujours voté travailliste ou, plus à gauche Meretz, voire Sheli (le parti des colombes de la fin des années 1970), refuse justement en 1988 de servir dans les « Territoires occupés » ; cette tradition historiographique se retrouvait dramatiquement chez les habitants des localités massacrées à proximité de la frontière avec Gaza le 7 octobre.

[9] Cf. Ari Shavit, « Survival of the Fittest ? An Interview with Benny Morris », Haaretz, Magazine Section, 9 janvier 2004.

[10] Paradoxe dans le paradoxe : malgré sa reconversion, l’ex chef du courant postsioniste reste à gauche et attend de pied ferme la chute de Benyamin Netanyahou qualifié d’incompétent, d’obscurantiste, de fanatique et d’illibéral et qui ne pourra, même en se targuant d’avoir éradiqué le Hamas, échapper à son sort, cf.« Benny Morris : “La sconfitta dei fanatici ridarà forza alla soluzione dei due Stati” », Corriere della Sera, 23 octobre 2023 : l’option des deux États se rouvrira dans la mesure où l’Autorité nationale palestinienne, aujourd’hui abhorrée, peut profiter de la chute de Benyamin Netanyahou ayant donné priorité au Hamas dont il voulait ignorer la nature dangereuse afin de bloquer la naissance d’un quelconque État palestinien parallèlement à Israël.

[11] Pour une relation très pédagogique du « Sommet », cf. Shlomo Ben-Ami, « Quand les Palestiniens refusaient la paix », Outre-Terre n°9, Israël en Israël, Érès, Ramonville Saint Agne, 2004. Jenny Hestermann, « Der Wendepunkt », Frankfurter Allgemeine Zeitung (FAZ), 7 mai 2024 : développement analogue chez Morris dans 1948 – A History of the First Arab-Israeli War, Yale University Press, 2008 (en allemand 1948 : Der erste arabisch-israelische Krieg, Hentrich & Hentrich Verlag, Berlin & Leipzig, 2023). La première guerre résulte inévitablement d’un demi-siècle de conflits générés par l’implantation juive (terres vendues sous les Ottomans puis les Britanniques), une nation palestinienne et un nationalisme arabo-palestinien n’émergeant que par réaction à l’idée d’une autonomie juive de même que l’élite arabe se refusait à tout compromis ; le lobby sioniste, très efficace, allait réussir à financer l’armement des forces juives alors que le monde arabe, déjà divisé en deux blocs (Égypte, Syrie et Arabie saoudite vs. Jordanie et Irak), allait non seulement encourager les Palestiniens (processus cumulatif village par village) à fuir (et rentrer à la suite d’une victoire assurée) mais rester dépourvu d’armées opérationnelles face à une armée juive hautement motivée

[12] « Le nombre de Juifs dans le monde toujours inférieur à celui d’avant la Shoah », i24NEWS, 2 mai 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/societe/artc-le-nombre-de-juifs-dans-le-monde-toujours-inferieur-a-celui-d-avant-la-shoah [9 septembre 2024). « La population juive mondiale s’élève à 15,7 M de personnes, dont 46% en Israël », The Times of Israel, 15 septembre 2023. Les statistiques sont fondées sur l’auto-identification en tant que juif ; selon l’Agence juive il y aurait 25,5 millions de juifs dans le monde si l’on s’en tient à l’éligibilité en vertu de la loi israélienne du retour qui exige au moins un grand-parent juif.

[13] Cf. « Rapport annuel sur l’antisémitisme : explosion du nombre d’actes antijuifs dans le monde », i24NEWS, 5 mai 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/international/artc-rapport-annuel-s…tisemitism-explosion-du-nombre-d-actes-antisemites-dans-le-monde [5 mai 2024].

[14] « Pays-Bas : pour un quart des jeunes, l’Holocauste est exagéré, selon une étude », Le Figaro/AFP, 25 janvier 2023. Les Néerlandais qui se percevaient comme une nation héroïque entrée globalement en résistance après l’invasion allemande ont voulu oublier que la part de leur communauté exterminée a été la plus nombreuses après celle de Pologne : 38 000 des 140 000 Juifs des Pays-Bas ; ceci grâce à une administration minutieuse et efficace, ainsi qu’aux 7,5 florins par dénonciation, cf. « Sieben Gulden fünfzig für jeden aufgespürten Juden », FAZ, 11 mars 2024. Il leur faut également découvrir que l’ex-Prince consort Bernhard de Lippe-Biesterfeld fut inscrit au parti nazi, Corriere della Sera, 6 octobre 2023. Constat : le grand vainqueur des élections législatives du 22 novembre 2023, le Partij voor de Vrijheid (PVV, Parti pour la liberté) de Geert Wilders avec 25% des voix et 37 sièges sur 150 à la Chambre de Gert Wilders est historiquement pro-israélien (au point de demander le transfert de l’ambassade à Jérusalem, alors que les médias, le monde culturel et ma gauche même classique affichent (encore plus qu’en France) un choix clairement propalestinien avec des manifestations pro-Hamas et clairement antisémites qui heurtent la majorité silencieuse, laquelle a toujours eu une sympathie pour Israël (sentiment de culpabilité lié à la période d’occupation), cf. Alexandre Devecchio, « Christophe de Voogd : “Geert Wilders doit son succès au rejet de la politique migratoire à l’œuvre aux Pays-Bas” », FigaroVox, 23 novembre 2023.

[15] « Un tiers des étudiants non-juifs aux États-Unis hostiles aux Juifs ou à Israël, selon une étude », i24NEWS, 23 août 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/international/ameriques/artc-un-tiers-_-juifs-aux-etats-unis-hostiles-aux-juifs-ou-a-israel-selon-une-etude [23 août 2024].

[16] « Antisemitismus-Begriff erweitert », FAZ, 3 mai 2024.

[17] Cf. Maurin Picard, « Le conflit israélo-palestinien enflamme les campus et les médias américains », Le Figaro, 24 octobre 2024 ; Laure Mandeville, « La fureur décolonialiste et antisémite des campus américains », Le Figaro, 9 décembre 2023. Cf. également « Antisémitisme à Columbia : un rapport révèle des failles inquiétantes », i24NEWS, 31 août 2024, https://www.inews.tv/fr/actu/international/artc-l-antisemitisme-a-columbia-un-rapport-revele-des-failles-inquietantes [31 août 2024].

[18] Cf. Viviana Mazza, « Evocare il genocidio degli ebrei e l’alibi del “contesto” Il caso delle rettrici americane », Corriere della Sera, 8 décembre 2023 : question de contexte ! Liberté d’expression !

[19] Cf. Adrien Jaulmes, « À New York, la fièvre pro-palestinienne envahit le campus de Columbia », Le Figaro, 25 avril 2024.

[20] Cf. Richard Marceau, « La hausse de l’antisémitisme est terrifiante, au Canada et dans le monde », 4 mars 2024 ; Stephanie Taylor, « Des étudiants juifs dénoncent l’antisémitisme sur les campus universitaires canadiens », Le Devoir, 8 mai 2024, https://ledevoir.com/societe/812559/etudiants-juifs-denoncent-antisemitisme-camps-universitaires-canadiens? [15 septembre 2024].

[21] Cf. Vikram Dodd, « Antisemitic hate crimes in London up 1,350%, Met police say », The Guardian, 20 octobre 2023 ;  J. D., « Londres met en place une ligne de bus destinée aux Juifs, afin qu’ils se sentent “en sécurité” », Le Figaro, 5 septembre 2024 ; Emmanuelle Ducros, « Des bus dédiés aux Juifs à Londres : une reddition face à l’antisémitisme », l’Opinion, 5 septembre 2024, https://lopinion.fr/international/des-bus-dedies-aux-juifs-a…Oqui%20a,des%communautés%juives%orthodoxes%2importantes [11 septembre 2024].

[22] « Jeremy Corbyn secoue l’échiquier politique britannique avec une nouvelle alliance pro-palestinienne », i24NEWS, 2 septembre 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/international/europe/artc-jeremy-corb…r-politique-britannique-avec-une-nouvelle-alliance-pro-palestinienne [15 septembre 2024] ;

[23] Cf. « Fast 1000 antisemitische Vorfälle in Deutschland », FAZ, 29 novembre 2023. « Deutlich mehr antisemitische Straftaten », FAZ, 22 mai 2024 : 4 369 actes associés au conflit oriental en 2023 contre 61 l’année précédente globalement depuis le 7 octobre dont en gros la moitié sont qualifiées d’antisémites par les autorités ; « écœurante haine des Juifs » selon la ministre des Affaires étrangères Nancy Faeser (SPD).

[24] « Judenhass geht viral », FAZ, 9 novembre 2023.

[25] « Acht Prozent antisemitisch », FAZ, 15 mars 2024 : il s’agit ici plus des musulmans que des chrétiens ou des agnostiques.

[26] « Antisemitische Angriffe auf ein Drittel der jüdischen Gemeinden », FAZ, 7 décembre 2023.

[27] Cf. Renate Köcher (Institut für Demoskopie Allensbach), FAZ, 23 novembre 2023.

[28] « Professoren protestieren gegen Antisemitismus », FAZ, Wichtiges in Kürze, 3 juillet 2024.

[29] « Viele Juden verlieren Vertrauen in Institutionen », « Nicht an Israels Seite », FAZ, 16 juillet 2024 : analyse menée à Hambourg dans le champ des délits non déclarés : la pratique de la religion juive reste dissimulée selon 89% des sondés. Rappelons la revendication d’un califat dans la ville hanséatique par un millier de manifestants le samedi 27 avril.

[30] Cf. Pierre Avril, « Allemagne : dans le Brandebourg, le SPD d’Olaf Scholz sauve son fauteuil face à l’AfD », Le Figaro, 23 septembre 2024 ; Justus Bender, « Die AfD und ihr Israel-Problem », FAZ, 19 octobre 2024.

[31] Cf. Stéphane Kovacs, « Des “assises contre l’antisémitisme” pour provoquer un “sursaut collectif », Le Figaro, 6 mai 2024 ; « Élie Korchia : “Les agressions antisémites se maintiennent à un niveau très élevé, Le Figaro, 8 juillet 2023, le président du Consistoire de France rappelant 60% des actes antireligieux portent atteinte à des personnes de confession juive alors que la communauté représente moins de 1% de la population ; Stéphane Kovacs, « Ces Français juifs menacés pour leurs noms », Le Figaro, 28 novembre 2023, certains allant jusqu’à modifier leurs identifiants sur les plateformes.

[32] Cf. Victor Mérat, Jeanne Paturaud, « Sciences Po Paris dans l’engrenage des dérives et des scandales », Le Figaro, 14 mars 2024. Et discrimination supposée au lycée juif Yabné.

[33] Cf. Guillaume Perrault, « L’antisémitisme de gauche, une vieille histoire », Le Figaro, 22 novembre 2023 et « Antisémitisme de gauche : cette histoire oubliée, ibid., 23 novembre 2023

[34] Intéressante thèse que celle de Danny Trom, La France sans les juifs Émancipation, extermination, expulsion, Presses Universitaires de France, 2019 : les immigrés constitueraient un « terreau » habité par le « ressentiment à l’égard des Juifs » estimés assimilés, protégés (conscience trop vive de la Shoah), impliqués socialement et politiquement, alors qu’eux se sentent victimes d’un néocolonialisme et d’un traitement racialiste. Voir l’analyse (en définitive critique) de Valérie Irtanucci-Douillard dans Archives de sciences sociales des religions, 192 / octobre-décembre 2020 Bulletin bibliographique, Recensions

[35] Avant le vote, le désarroi des Juifs de gauche », Le Figaro, 4 juillet 2024.

[36] Cf. Stefano Montefiori, « Marcia contro l’antisemitismo, la presenza dei lepenisti mette in imbarazzo Macron », Corriere della Sera, 9 novembre 2023 ; Eugénie Bastié, « Il faut se réjouir que le RN participe à la marche contre l’antisémitisme », Le Figaro, 10 novembre 2023 ; « Troppi estremismi Ma preferirei la destra del Rassemblement all’antisemitismo del Fronte popolare », Corriere della Sera, 28 juin 2024 ; Guillaume de Dieuleveult, « En Israël, le RN fait sauter les verrous dans l’électorat français », Le Figaro, 4 juillet 2024.

[37] Cf. Victor Mérat, « Pour six Français sur dix, un cessez-le-feu entre Israël et le Hamas ” doit  être conditionné à la libération des otages” », Le Figaro, 20 juin 2024. Ce qui conforte la thèse de l’historien Pierre Birnbaum, « La France vit-elle un nouveau moment antisémite » ?, Le Figaro, 10 novembre 2023 pour lequel les Juifs français sont absolument acceptés par la population française et perçus comme très intégrés.

[38] Cf. Hans-Christian Rössler, « Israelfeindlich aus alter Tradition », FAZ, 14 novembre 2023 ; id., « Wut auf Juden », FAZ, 11 décembre 2023, pour un appel au boycott des magasins juifs qui divise l’exclave de Melilla.

[39] Cf. Gabriel Attal, « Près de 30 000 personnes ont fait leur alyah depuis le début de la guerre, l’intérêt pour l’alyah augmente à l’étranger », RadioJ, 3 septembre 2024, https://www.radioj.fr/actualite-24184-pres-de-30 000-personnes-ont…le-debut-de-la-guerre-l-interet-pour-l-alyah-augmente-a-l’etranger [15 septembre 2024]. Et Hanna Papiachvili,  « Israel : Forte baisse de l’alyah globale en 2024, compensée par une hausse spectaculaire de l’alyah française », i24NEWS, 16 septembre 2024.

[40] Cf. Guillaume de Dieuleveult, « En Israël, une armée de volontaires s’est levée pour rejoindre les rangs de Tsahal », Le Figaro, 26 octobre 2023 : il s’agit souvent de binationaux.

[41] Cf. Nathalie Hamou, « Israël : l’envol des alyas », La Tribune, 17 mars 2024, https://www.latribune.fr/economie/international/israel-l-envol-des-alyas-993140.html [ 15 septembre 2024 cite l’annonce au mois de février d’une augmentation de 100% des ouvertures de dossier d’émigration en provenance des États-Unis et de 150% pour le Canada au dernier trimestre 2023.

[42]  « France : bond de 430% dans l’ouverture des dossiers d’alya depuis le 7 octobre », i24NEWS, 17 décembre 2023, https://www.i24news.tv/fr/actu/israel-en-guerre/1702829672–france…d-de-430-dans-l-ouverture-de-dossiers-d-alyah-depuis-le-7-octobre [2 juin 2024]. Au contraire, l’émigration permanente a connu une hausse spectaculaire de 285% en octobre 2023 pour s’inverser il est vrai dès le mois suivant : environ 30 000 Israéliens ont définitivement quitté le pays de novembre 2023 à mars 2024, soit une baisse de 14% par rapport à l’année précédente, « Israel : les tendances d’émigration fluctuent après le 7 octobre »,124NEWS, 18 juillet 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/artc-israel-les-tendances-d-emigration-fluctuent-après-le-7-octobre [18 juillet 2024]. Et « Augmentation spectaculaire du nombre d’Israéliens qui quittent le pays » », i24NEWS, 22 septembre 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/artc-55-300-israeliens-ont–…e-le-pays-en-2023-une-vague-de-depart-qui-s-est-confirmee-en-2024 [22 septembre 2024] : 40 600 personnes (données provisoires) en 2024 contre 25 000 l’année précédente.

[43] Cf. Shaya Baldassari, « “Nous n’avons plus notre place ici” : ces Français juifs qui choisissent Israël », Le Figaro, 18 juillet 2024. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), tout en reconnaissant un niveau d’inquiétude et de solitude dans la communauté, invite – ce qui est dans son rôle – à la précaution.

[44] « Israël accueille une nouvelle vague d’immigrants français », i24NEWS, 15 juillet 2024, https://www.i24news.tv/fr/actu/israel/artc-israel-accueille-une-nouvelle-vague-de-nouveaux-immigrants-francais [15 juillet 2024].

[45] Curieux phénomène : Antoine Giannini « Ces Juifs du continent qui envisagent de s’installer en Corse pour se protéger », Le Figaro, 6 novembre 2023, l’île ne recensant aucun acte antisémite.